Floraison de coups d’Etat en Afrique de l’Ouest : « si la CEDEAO reste inactive…on s’achemine vers sa dislocation » (Aliou Barry)
Depuis le dernier coup d’Etat au Niger qui totalise à 4 la prise du pouvoir des militaires dans la zone ouest-africaine, la Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) passe à la vitesse supérieure pour tenter de ramener le président du Niger Mohamed Bazoum au pouvoir afin de rétablir l’ordre constitutionnel et menace même de faire intervenir des militaires si les putschistes ne cèdent pas.
Ce jeudi 03 août, le président du Parti des sociaux démocrates de Guinée a commenté cette actualité sur les ondes de la Radio FIM FM dans l’émission « Mirador ». À en croire cet homme politique guinéen, la CEDEAO a récolté ce qu’elle a semé, puisqu’elle n’a pas employé les manières fortes lors du premier putsch au Mali chose qui a fait déborder le vase pour donner une suite à la floraison de coups d’Etat en Afrique de l’Ouest.
Parlant des communautés des putschistes, le politologue pense que c’est une stratégie de rassurer la population. « C’est une force de solidarité entre juntes mais ce qui est étonnant, ça risque même d’être un communiqué pour rassurer la population de la sous-région ou de ses pays. Mais si vous regardez bien ce qui se passe dans la sous-région, le Mali ne contrôle plus la partie située du côté du Niger et le Burkina ne contrôle plus cette zone. Je ne sais pas comment ils peuvent être en solidarité avec le Niger alors qu’ils ne contrôlent pas une bonne partie de leur territoire. C’est une forme de solidarité qui s’exprime naturellement »
La question que les juntes posent et qui est réelle c’est le risque de la dislocation de la CEDEAO annoncée par la junte guinéenne. « À mon avis si la CEDEAO reste inactive, les 3 transitions, les 4 aujourd’hui je pense qu’on s’achemine vers une dislocation de la CEDEAO, parce que tout citoyen de la CEDEAO se pose la question de savoir à quoi sert cette organisation si elle ne peut même pas régler les problèmes de la transition militaire. À mon avis, le coup d’Etat du Mali a été la première goutte d’eau là où la CEDEAO devait réagir de façon ferme pour exiger une transition qui ne prenne pas du temps. Si vous prenez une transition qui dure 2 ou 3 ans à mon avis ce n’est plus une transition », croit savoir Aliou Barry.
Pour cet acteur politique, l’intervention militaire au Niger pour rétablir l’ordre constitutionnel n’est pas la solution idoine et en pareille circonstance elle reste la dernière carte. « Je pense que la CEDEAO même se pose la question sur cette intervention militaire, quel sera le sort de M. Bazum et sa famille…Moi je pense que si on accorde une porte de sortie à la junte, une garantie de leur sécurité avec des pays d’accueil et je pense que c’est ce qui risque de passer et je pense que ça a été même l’objet de la visite de Mahamat Idriss Deby… » a-t-il martelé avant de conseiller à la CEDEAO de réfléchir à 1000 fois avant de déclencher cette intervention militaire qui risque d’avoir des répercussions graves sur l’intégrité physique du président du président actuel qui est retenu en otage.
Mamadou Yaya Barry