Bien que le journal télévisé se poursuive depuis le début des négociations entre le cabinet du ministère de l’Information et de la Communication et le syndicat de la Radiotélévision Guinéenne (RTG) ce vendredi 06 mai 2023, le constat reste le même : la sérénité n’est toujours pas revenu au sein des travailleurs. Un message reste constant : « Chers téléspectateurs, pour donner une chance aux négociations en cours, le Syndicat de la RTG assure la diffusion du programme normal jusqu’au lundi 8 mai 2023 ». Alors question : la bande passante claque-t-elle une menace ? En tout cas, la suspension du Directeur général de la RTG, Fana Soumah et le rédacteur en chef, Adama Mohamed Keita aurait mis une mesure administrative face à une contestation sociale devant des syndicalistes prêts à en découdre avec le ministère de l’information.
Aussi étrange que cela puisse paraître, l’on se demande bien les raisons fondées de ces agissements quand on sait que la loi guinéenne reconnait à tout ministre, le droit de suspendre un haut cadre pour manquement dans l’exercice de ses fonctions. Pourquoi le cas Fana serait-il une exception ?
Selon nos sources bien fondées et nos enquêtes menées aux côtés des grognons, les raisons que cachent les manifestations sont entre autres :
- La nouvelle manière de meubler les postes – Depuis un moment, un comité composé de la Cheffe de cabinet, de Conseillers, de l’Inspecteur Général par intérim ainsi que les directeurs des services publics concernés a été mis en place au sein du ministère pour examiner les candidatures des travailleurs souhaitant bénéficier d’une promotion. Selon quelques travailleurs que nous avons infiltrés, certains seraient allergiques à cette nouvelle méthode de nomination qui est celle de soumettre sa candidature à travers le dépôt du CV et de la lettre de motivation. Mais pas très surprenant quand on connait les habitudes guinéennes en matière de recrutement qui reposent foncièrement sur le népotisme.
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La dématérialisation du mode de paiement des prestations à la RTG – Il s’agit de l’épineux problème qui agace plus d’un travailleur à la RTG. Cet organe de presse le plus sollicité par les institutions publiques et privées enregistre malheureusement le plus gros taux en matière de déperdition financière à cause du paiement par espèce non déclaré vivement souhaité. Donc la motivation d’un certain nombre de grévistes serait contre cette dématérialisation qui selon eux, n’est pas à leur faveur.
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La démolition de la RTG Boulbinet – Pour la petite histoire, à l’arrivée de Mme Aminata Kaba, actuelle ministre de l’Information et de la Communication, le projet était de faire des bâtisses de la RTG Boulbinet, le nouveau siège de la télé thématique pour la jeunesse, un projet du Président de la Transition, Colonel Mamadi Doumbouya. « Une idée que la ministre Aminata Kaba aurait tout de suite rejetée parce que pour elle, la télévision de la RTG Boulbinet reste un patrimoine national qui a bercé de nombreuses générations », a rapporté le Secrétaire général, Souleymane Thianguel Bah aux syndicalistes. Cela a conduit le cabinet à chercher un autre site pour la nouvelle télévision qui est déjà acquis et à reconstruire le bâtiment de la RTG Boulbinet pour un meilleur cadre de travail.
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La situation des stagiaires – le mot passé aux manifestants qui sont d’ailleurs des stagiaires pour la plupart est que ‘’c’est Madame la ministre Aminata Kaba qui ne veut plus voir les stagiaires dans les rédactions’’, a-t-on entendu dans la masse. Est-ce vrai ? Aminata Kaba a dit aux syndicalistes, avoir hérité de cette situation qui existe depuis plus d’une décennie. « Nous sommes conscients de cette situation et je m’emploie avec l’ensemble du cabinet pour trouver une solution au niveau du ministère de la Fonction publique à cet effet » …
Au vu de tous ces éléments, peut-on dire que ces séries de manifestations sont orchestrées pour régler des comptes bien précis qui n’ont véritablement rien à avoir avec le cas Fana ? Sinon, la suspension d’un cadre n’est qu’une mesure conservatoire dont la procédure demande à se faire entendre par le conseil disciplinaire du département de la Fonction publique. De toutes les mille manières, nous continuons la fouille pour vous Guinéens puisqu’il s’agît d’un sujet qui touche l’éventail de notre pays. Nous y reviendrons !
Ousmane Dramé