TPI de Mafanco : comparution de 4 personnes dont un agent de sécurité pour un jugement supplétif anti-daté
Il s’agit de Moussa Camara, étudiant en Télécommunications, l’adjudant-chef Aboubacar Sidibé en service au ministère de la Sécurité, Youssouf Diallo, marchand, Moamy Ce Wigon, diplômé en Génie civil et prestataire dans un centre informatique. Dans cette affaire, ces quatre personnes sont poursuivies par le tribunal de première instance de Mafanco pour faux et usage de faux et complicité, conformément à l’article 585,619 et 19.
De quoi s’agit-il réellement dans cette affaire ? Ils seraient tous impliqués dans la confection d’un jugement supplétif anti-daté, qui serait saisi et signé dans un centre de prestation. C’est quand l’un d’eux a envoyé le dossier pour la légalisation au tribunal de Mafanco, que le procureur a mis main sur le dossier et les a tous interpellés. Tous présents ce lundi 24 avril devant le tribunal, ils ont à tour de rôle, donné leur part de vérité. À la barre, Youssouf Diallo, demandeur du jugement supplétif explique : « Je suis allé vers Aboubacar Sidibé, agent au ministère de la Sécurité, pour un jugement supplétif. C’était la première fois. Je voulais le jugement supplétif pour mon neveu. Il s’appelle Ibrahima Diallo mais on voulait changer son nom pour l’envoyer à l’étranger précisément au Portugal. Pour faire le jugement supplétif et pour changer le nom du bébé, je lui ai remis 300 mille et il a accepté. Dès que je le lui ai remis, je suis parti là où je revends. Le père du bébé vit au Portugal. Donc on fait ce dossier pour aider l’enfant à rejoindre son père », a-t-il expliqué.
Pour sa part, l’adjudant Aboubacar Sidibé, agent de police en service au ministère de la Sécurité, a reconnu que c’est bien lui qui a fait faire le jugement. Mais il dit qu’il aurait envoyé Moussa Camara, vers le tribunal de Mafanco pour le faire. « Je suis adjudant de police. Je ne suis pas le tribunal. Quand il m’a posé le cas, j’avais dit à Youssouf que j’allais solutionner son problème. Ce jour j’étais occupé, j’ai appelé Moussa. Dès qu’il est venu, je lui ai dit d’engager le dossier au tribunal de première instance de Mafanco. Et il m’a dit qu’ils ont demandé 300 mille et que le dossier allait faire deux semaines. Je ne connais pas Maomy. C’est ma première fois de le voir . Moi j’ai remis l’acte à Moussa de venir faire un jugement supplétif au tribunal de Mafanco. Et j’étais même étonné de voir les gendarmes devant ma porte. Je ne lui ai pas dit de venir voir Maomy mais plutôt d’engager un jugement supplétif légal au tribunal de Mafanco », dira-t-il.
À son tour, Moussa Camara, étudiant en Télécommunications, dit que c’est Maomy Ce Wigon qui a saisi et signé le jugement supplétif. Et que c’est un habitué des faits. « Je connais monsieur Maomy il y a 2ans. Il a l’habitude de faire la saisie des jugements supplétifs pour les gens. Je lui ai remis l’acte dans son lieu de prestation. Parce qu’il a l’habitude de faire des jugements supplétifs. Quand je suis venu vers lui, je lui ai donné 50mille fg. Et je suis venu vers lui parce qu’il a l’habitude de le faire. J’ai su cela parce que quand sa machine tombe en panne c’est dans nos machines qu’il vient faire saisir des jugements supplétifs. C’est Mr Sidibé (agent) qui m’a envoyé faire, je l’ai connu parce qu’il est l’ami de mon frère. C’était la première fois qu’il m’a appelé directement du département du ministère de Sécurité. Quand il m’a envoyé, il m’a dit de faire un jugement supplétif anti-daté. Et moi je me suis dirigé vers Maomy. J’ai expliqué à Maomy et il l’a fait », relate-t-il.
Pour se défendre, Maomy Ce Wigon, diplômé en Génie civil et présumé concepteur dudit jugement supplétif a nié que ce n’est pas lui qui a confectionné le dossier. Mais il reconnaît tout de même avoir déjà fait ces genres de travail et par le biais de certains stagiaires qui seraient au tribunal de Mafanco. « Je travaille depuis fin 2018. Ce n’est pas moi qui ai saisi cet acte.Je n’ai rien reçu de Moussa, je n’ai jamais travaillé pour Moussa. Mon lieu de prestation n’est pas loin de celui de son frère. On se connaît mais il ne connaît pas ce que je fais comme travail. Je travaillais pour les autres. J’ai des copies avec signature des tribunaux de Dixinn et de Mafanco dans mon ordinateur. Quand les clients viennent avec les dossiers, ce sont eux qui me demandent de scanner les signatures. J’ai l’habitude de faire ce travail mais c’est souvent les stagiaires qui viennent pour me proposer de le faire.. Mais pour ce cas-ci, je n’en suis pour rien et vous pouvez vérifier dans mon ordinateur », s’est-il défendu.
À la fin de l’audience de cette journée, le dossier a été renvoyé au 8 mai pour un transfert judiciaire dans les locaux de Maomy Ce Wigon afin d’effectuer une vérification sur les scellés et la comparution des stagiaires dont les noms ont été cités par devant le tribunal.
Christine Finda Kamano