Comme annoncé dans l’un de nos articles d’hier, l’audience publique dans l’affaire du massacre du 28 septembre 2009, a bien repris ce mercredi 15 mars 2028, au tribunal de première instance, délocalisé à la Cour d’Appel de Conakry.
A la barre, c’est dame Fatoumata Barry, déléguée de santé et victime de violences sexuelles qui a été la première à comparaître.
Dans son interrogatoire, elle qui dit avoir perdu son travail à la suite de ces événements, a accusé des agents, policiers et gendarmes dont elle ignore le nombre, d’avoir abusé sexuellement d’elle, le jour de ladite manifestation.
« J’ai été victime de violences sexuelles, le jour de la marche organisée par les forces vives au stade du 28 septembre. Ce jour-là, je suis sortie avec ma cousine. Une fois sur les lieux, j’ai aperçu Colonel Tiégboro Camara, qui demandait à ce que la manifestation soit reportée. Mais, il y avait un autre groupe qui s’opposait et qui disait que c’est ce jour du 28 septembre [1958] qu’on a dit non au Général de Gaulle, et que c’est ce même jour qu’on dira non au régime en place. Un peu plus loin, j’ai vu l’ancien Premier ministre, Jean Marie Doré. Le carnage a aussitôt commencé et les militaires ont commencé à tirer. Pendant une heure du temps, ils (militaires), ont commencé à nous frapper avec les matraques. Et pendant une heure du temps, ils avançaient des propos: » qu’on va vous tuer tous ». Ils ont pris le couteau et déchiré mon pantalon et mon maillot bleu et mon slip blanc, alors que je voyais mes règles. Ils m’ont mise nue et d’autres ont dit de faire par derrière. Ils m’ont traînée par terre et ils ont continué à me frapper jusqu’à ce que je pouvais plus crier. Ils ont donc profité pour introduire leur main dans ma partie génitale. Il y avait aussi un policier qui détenait un truc à la main qu’il a également introduit dans mon sexe. Ces policiers et d’autres, je ne sais ce qu’il n’ont pas fait sur moi. Je n’ai pas inventé, ce sont des réalités. Ils urinaient sur moi après leur sale besogne. C’est un autre militaire qui est venu leur demander d’arrêter. Mais ils disaient que c’est un ordre qu’ils ont reçu. C’est ce dernier qui m’a poussée jusqu’à la porte. Et malheureusement, un d’entre eux m’a suivie jusque-là pour continuer à me frapper avec sa matraque. C’est aujourd’hui je ne peux pas garder les cheveux. Ma tête est tout le temps rasée car j’ai toujours chaud», a-t-elle confié au tribunal.
Conformément à l’article 397 du Code de procédure, relatif à la protection des victimes, dame Fatoumata Barry dit avoir abandonné son stage après la perte de son travail, dans l’espoir d’être rétablie dans ses droits.
Sâa Robert Koundouno