Lucien Guilao : « notre priorité immédiate, c’est de voir comment lancer le championnat en octobre et faire en sorte que… »
Président du comité de gestion provisoire de la Ligue guinéenne de football professionnel, Lucien Biniou Guilao et son équipe veulent tout faire pour mériter la confiance du comité de normalisation de la Fédération guinéenne du football.
Dans cet entretien qu’il (Lucien Guilao) a bien voulu accordé à Mosaiqueguinee et à Mediaguinee, il aborde plusieurs questions dont les priorités immédiates de son équipe. Lisez !
Quel est le sentiment qui vous anime au lendemain de votre installation à la tête du nouveau bureau exécutif du comité provisoire de la LGFP ?
C’est un sentiment de fierté qui m’anime. C’est exaltant, enthousiasmant et je suis plein de joie en ce sens que, comme vous le savez, j’ai toujours manifesté l’envie d’apporter ma brique à la construction de notre football dont l’ambition est d’être plus compétitif que maintenant. C’est pour cela je ne remercierai jamais assez le CONOR pour la cofinance placée en moi et en mes collègues du comité. Nous leur assurons de notre loyauté, motivation et de la mobilisation de tout un chacun pour l’atteinte des objectifs fixés qui concernent essentiellement le très court terme. Mais, cela ne va pas nous empêcher de mettre un peu les bases sur tout ce qui moyen et long terme. Aujourd’hui, nous évitons de parler de long terme parce qu’en Guinée, quand tu fais une programmation à long terme, on te dit immédiatement que tu veux rester tout ce temps alors que nous n’avons pas l’ambition d’être au début et à la fin des projets.
Qu’est-ce qu’entend faire Lucien Beindou Guilao à la tête du comité provisoire de la LGFP ?
Il y a du travail qui a été fait. La Guinée a un championnat qui a été placé cette année 7ème. Ce que nous devons faire, c’est d’améliorer les relations qui existent entre la ligue et sa tutelle. La ligue est partie prenante de la Fédération, la ligue est un démembrement de la fédération, elle a été créée par la fédération. Notre priorité immédiate, c’est de voir comment lancer le championnat en octobre et faire en sorte que la coupe nationale se joue parce que, comme vous le savez, ça fait 2 ou 3 ans qu’on n’a pas joué cette compétition. Aussi, on essayera de voir comment mettre en route la coupe de la ligue. Notre mission sera du côté opérationnel comment lancer le championnat et du côté structurel, aider les clubs à se professionnaliser. Ceci est un défi parce que ce qui va se passer dans un an ou deux, c’est que les clubs qui ne répondront pas au cahier de charge qui feront d’eux des clubs professionnels, vont disparaître parce qu’ils n’auront plus le droit de jouer les compétitions de la CAF. Dans le même cadre que la CAF veut élever le niveau en terme de compétence des entraineurs, sera pareil pour les clubs. On va donc accompagner les clubs à mieux se structurer et former les encadreurs des clubs à mieux gérer leurs clubs. Ensuite, il y a l’aspect mobilisation des ressources. Ce qui est déjà fait aujourd’hui est très bien. L’équipe sortante a mis déjà quelque chose en place qu’on va améliorer. On n’est pas là pour détruire, on est là pour améliorer ce qui a été fait. On ne peut faire tout cela qu’en faisant le diagnostic parce qu’il faut faire cela sachant que le bureau qui sort, a fait du travail dont certains bien fait et d’autres moins bien fait.
Avez-vous fait un diagnostic ? Quel est l’état des lieux ?
Ce diagnostic sera fait à travers un séminaire qu’on organisera. Sinon, moi j’ai déjà mon diagnostic comme tout le monde. Ce séminaire nous permettra de se mettre d’accord sur la forces et faiblesses de la ligue. A partir de ce moment, on élaborera des objectifs à travers un petit document stratégique. Ma touche personnelle va être au niveau de la manière de travailler. Il va falloir mettre un accent particulier sur la formation de tous ceux qui interviennent dans l’écosystème footballistique. Il ne sera pas question que de jouer au foot, il sera aussi question d’aider les clubs à améliorer leur gestion.
Certains clubs ne cachent pas leur opposition au comité provisoire mis en place par le CONOR. D’autres menacent de se désister et quitter le championnat ? Que compte-faire Lucien Beindou Guilao et son équipe pour rassurer les uns et les autres ?
C’est tout à fait normal que certains clubs soient réticents, l’opposition au changement est humaine. Il y a eu des déclarations qui ont été faites, mais je mets tout ça au compte du fun. Mais pour être un peu plus sérieux, la ligue n’a pas intérêt à ce que les clubs n’adhèrent pas à son projet tout comme les clubs aussi, n’ont pas intérêt à ne pas participer au championnat. Nous avons les mêmes intérêts. Ce que j’ai dit la dernière fois a été mal interprété. Ce que j’ai voulu dire, c’est que comme dans toutes les compétitions, quand il y a des désistements, il y a d’autres clubs qui viennent remplacer. Mais ce que nous souhaitons, c’est que tous ceux qui sont en Ligue 1 et 2, participent aux championnats. Ce qu’il faut aussi dire qui est à mon avis très important, c’est qu’il sera inadmissible pour un pays candidat à l’organisation de la CAN, de ne pas pouvoir organiser le championnat ligue 1 et 2 dans son pays. Comment un pays qui n’est pas en mesure d’organiser ses championnats peut prétendre organiser la CAN ? Tout le monde doit être focus sur ça. Un décret a placé l’organisation de la CAN comme projet prioritaire. Ça veut dire que c’est encore plus prioritaire que la construction du barrage Garafiri. Tout le monde doit être focus sur ça, les sportifs, les gouvernants, tout le monde. Si le monde du football ne s’entend pas, comment on peut organiser la CAN ? Je pense qu’il faut laisser de côté tout ce qui est égo. Le fait de dissoudre un club ou une ligue, ne plaît pas à certains. C’est tout à fait normal que le bureau exécutif sortant se batte pour revenir, mais à un moment donné, je pense qu’il faut mettre la balle à terre et voir l’intérêt du football guinéen et l’organisation de la CAN.
Faut-il s’attendre à la fixation d’un salaire minimum pour les joueurs du championnat en Guinée ?
Absolument que nous irons dans ce sens. Mais ça sera du travail. On est là pour le bien des joueurs mais aussi des clubs. Il est inadmissible aujourd’hui que des joueurs soient malheureux alors que les présidents sont heureux. Il faut essayer d’inverser cette tendance. Les revenus du foot doivent être répartis de façon équitable. On va essayer de mettre tout ça en place avec, bien entendu, la fédération. Nous allons voir dans quelle mesure les joueurs peuvent être mieux traités que maintenant même s’il est évident qu’il y a 4 ou 5 clubs qui traitent mieux les joueurs aujourd’hui. Ce que nous allons faire, à l’instar de ce qui se passe déjà dans certains pays, c’est de mettre en place une sorte de SMIG au sein de notre sport. Bien entendu, nous le ferons en intelligence avec le CONOR.
Interview réalisée par Mosaiqueguinee et Mediaguinee