Hamdallaye: la douleur d’une mère qui perd tous ses (3) enfants suite à l’utilisation d’un insecticide…
C’est un fait qui s’est produit à Hamdallaye-Concasseur, dans la nuit du mardi 30 au mercredi 31 août. Il s’agit de Abdoulaye Diallo (8 ans), de Sory Diallo (5 ans) et de Mamadou Saliou Diallo ( 1 an). Ils étaient les enfants de Mamadou Lamarana Diallo et de Fatouma Ly.
Selon les témoignages que nous avons recueillis dans la famille mortuaire, la mort de ces 3 enfants serait causée par un produit (insecticide) que leur maman aurait mis à la maison contre les punaises. Sur les lieux, les deux parents sont inconsolables, partagés entre la tristesse, le regret, les remords et la douleur.
Trouvée assise sur une natte, Fatoumata Ly, la mère des 3 enfants, ne faisait que pleurer. Elle avait même du mal à parler puisqu’elle a été elle aussi exposée au produit. Malgré ses douleurs indicibles, elle a pu dire quelques mots sur ce qui s’est passé. « Tous mes 3 enfants sont décédés. Le 1er s’appelle Abdoulaye Diallo, il a 8 ans, le second s’appelle Ibrahima Diallo, il avait 5 ans, le tout petit avait 1an, Mamadou Saliou Diallo. Ils sont décédés. C’étaient mes seuls enfants et ils sont tous décédés. J’étais avec mes enfants à la maison avant hier. J’ai mis des comprimés contre les punaises à la maison. Que quand on met le produit à la maison, de sortir. Quand j’ai mis le produit, j’ai essayé de fermer la porte de la chambre mais je n’ai pas pu. Donc j’ai dit que je ne pouvais pas laisser la porte ouverte et partir. Et j’avais oublié que j’avais déjà mis le produit. Ils étaient partis à l’école coranique, quand ils sont revenus, ils m’ont demandé si je n’allais pas sortir. Je leur ai dit que je ne vais pas sortir. On est restés à la maison à regarder la télé. Jusqu’au soir, j’ai dit comme le bébé est turbulent, je me suis dit de fermer la porte. Ils sont tous décédés. Ce que je demande à l’Etat, tous les produits contre les punaises, de les interdire en Guinée. Je ne connais pas le nom des produits mais c’était dans une boîte », a-t-elle expliqué.
Quant à Mamadou Lamarana Diallo, le père des 3 enfants, dans ses explications, a raconté le calvaire qu’ont vécu ses enfants avant qu’ils décèdent l’un après l’autre.
« Franchement, je suis profondément touché . Mais je remercie le Tout-Puissant de m’avoir donné les 3 enfants et il les a repris. Mes enfants et moi, on était très heureux . Je suis revenu du travail, j’ai trouvé mes enfants. C’était avant-hier, je les ai trouvés avec leurs camarades sur la route. Je leur ai partagé ce que j’ai envoyé, les arachides, les biscuits. Ils m’ont accompagné jusqu’à la maison. Quand je suis rentré à la maison, j’ai salué leur maman, elle m’a donné à manger. Jusqu’à l’heure de la prière, je suis parti à la mosquée. J’ai fait toutes les prières là-bas. Je suis revenu à la maison. Je lui ai dit de faire sortir les enfants pour qu’ils mangent. Elle a fait sortir les enfants, ils ont mangé. Moi je les ai laissés là, je suis allé au café pour boire du thé. Je suis rentré, j’ai joué avec eux jusqu’aux environs de 00 heure. Je suis sorti dehors pour 5 à 10 minutes. Je suis rentré mais ils ne dormaient toujours pas. Donc j’ai éteint la lumière, la télévision. Après, ils se sont couchés.Tout d’un coup, leur maman me dit actuellement rien ne me fait mal, mais je ne sais pas où je suis . J’ai dit qu’est-ce que ça veut dire? En même temps, le bébé a crié. Je l’ai attrapé, j’ai cherché les produits, je lui ai donné. Au même moment, celui qui avait 5 ans là, lui aussi il a dit qu’il a mal au ventre. Il a commencé à vomir. Il vomissait tout. J’étais paniqué, puisque j’étais seul à la maison. J’ai dit comme l’autre c’est un bébé d’un an, je vais l’envoyer à la clinique qui est tout près. Mais toutes les deux cliniques étaient fermées, c’était aux environs de 2 heures du matin. En partant, sur la route, le bébé a rendu l’âme. J’étais avec sa maman mais elle ne pouvait pas marcher je l’ai laissée sur la route là-bas. J’ai montré le bébé aux voisins, ils m’ont dit qu’il est mort. J’ai confié le bébé aux voisins, je suis parti chercher la maman. Je l’ai mise au dos jusqu’ici. Les voisins m’ont dit que les autres enfants aussi sont en train de pleurer. J’ai pris tous les enfants, je les ai emmenés à l’hôpital. En cours de route, le petit de 5 ans aussi a rendu l’âme. Lui, il s’appelle Ibrahima Diallo. Arrivés à l’hôpital, la maman et le grand frère ont été hospitalisés . Mais quand tu vois le petit, tu allais penser qu’il n’avait rien. Il m’a dit qu’il va boire le café, je suis allé chercher le café. Je reviens à la maison puisque les gens venaient. Après on m’appelle pour me dire que mon petit est mort. Lui il est décédé hier à 14 heures. Les deux sont morts avant-hier nuit. Les médecins hier à Donka me disent qu’ils n’ont constaté aucune maladie. Mais nous, nous savons qu’on avait mis les produits à la maison », a-t-il raconté.
Il a aussi indiqué qu’effectivement c’est un produit acheté par lui-même que sa femme a mis à la maison. Selon lui, c’est ce qui serait à la base de cette mort tragique. Aujourd’hui, entre regret et douleur, ce père de famille lance un appel à la population et aux autorités. Il souhaite que la vente de ces produits soit interdite en Guinée.
« C’est un produit insecticide, elle m’a dit de payer ça, puisqu’il y avait des punaises à la maison. Je suis venu, je lui ai dit quand tu mets dans la maison, tu sors après 5 heures, tu ouvres la porte. Après 30 à 40 minutes, vous rentrez. Elle a fait deux sans problème. Mais pour avant-hier, comme Dieu a voulu que ça se passe comme ça. elle n’est pas sortie de la maison. Actuellement, elle souffre, elle se plaint des maux de cœur. C’est l’hôpital même qui nous a dit de revenir à la maison avec elle. Le plus grand à l’ouverture, il allait faire la 2ème année. Le deuxième a 5 ans, il faisait la maternelle. Le plus petit, c’est au mois d’août là qu’il a eu un an. Les corps sont à Ignace Deen. Ils seront enterrés aujourd’hui après la prière. Je lance un appel à toute la population guinéenne, à toutes les autorités de ne pas utiliser ces produits. C’est un poison qui tue. Les autorités doivent interdire cela ici. Et moi si je savais que ça allait se passer comme ça, je n’allais pas les acheter », a-t-il regretté.
Avant que nous ne quittions les lieux, la maman avait été ramenée à l’hôpital puisqu’elle se tordait encore de douleur. Quant aux enfants décédés, ils seront inhumés ce jeudi 1er septembre après la prière de 16 heures.
Christine Finda Kamano
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