L’ancien Premier ministre guinéen Louncény Fall a regagné le bercail, après une brillante mission pour le compte des Nations Unies en Afrique centrale. Nous l’avons rencontré à son domicile sur les hauteurs de Kobayah, en banlieue de Conakry, pour une interview. Louncény Fall a accepté -en exclusivité- de dire quelques mots.
Mediaguinee : Bonjour M. Fall, le retour définitif en Guinée ?
Louncény Fall: Oui. Mon contrat en tant que Représentant spécial du Secrétaire général de l’ONU en Afrique centrale vient de s’achever. Après six années d’efforts intensifs au service de la recherche de la paix, je me sens très heureux de revenir dans mon pays qui m’a tant manqué, pour me reposer, revoir les miens et les amis.
Avez-vous des commentaires à faire sur la situation actuelle de la Guinée ? Et que comptez-vous faire ?
Je suis conscient que je suis revenu au pays à un moment très particulier de son histoire. J’ai suivi les événements survenus en Guinée depuis mon départ du gouvernement en janvier 2016 ainsi que les changements survenus depuis le 5 septembre dernier.
Je souhaite que cette transition serve à ouvrir la voie à une véritable démocratie afin de créer les bases d’une vie meilleure pour les populations guinéennes.
La Guinée est à la croisée des chemins. J’espère que notre pays prendra cette fois-ci la bonne direction. La Guinée en a grandement besoin pour tourner les pages sombres de son histoire tumultueuse qui ont laissé des traces visibles qu’il faut redresser.
La reconciliation nationale est le passage obligé pour guérir ces plaies, réconcilier les Guinéens et renforcer la cohésion nationale, car, comme le disait Abraham Lincoln « Une Nation divisée court fatalement à sa perte ».
Au cours des 6 dernières années au service de la paix dans plusieurs pays africains, je me suis toujours évertué à convaincre les principaux acteurs politiques à renoncer à la violence et à privilégier le dialogue pour régler leurs différends. C’est le même message que je recommande aujourd’hui à mes compatriotes.
Des projets ?
Je voudrais me consacrer à la rédaction de mes Mémoires et à mes activités agricoles.
J’ai déjà commencé la rédaction de mes Mémoires. Une si longue carrière de diplomate et d’homme politique mérite d’être contée aux nouvelles générations. Dieu, dans son immense bonté, m’a donné l’occasion de réaliser mon rêve de jeunesse, devenir diplomate. Dieu m’a donné bien au-delà de mes espérances. Tenez :
Ambassadeur, Représentant Permanent de mon pays auprès de l’Organisation des Nations Unies à New York ;
Président du Conseil de sécurité des Nations-Unies à un moment historique, celui de la gestion de la crise irakienne ;
Secrétaire général de la Présidence ;
Ministre des Affaires Étrangères de deux Présidents : Le Général Lansana Conté et le Professeur Alpha Condé ;
Premier ministre de la République ;
Représentant Spécial des trois derniers Secrétaires généraux de l’ONU : Kofi Annan, Ban Ki Moon et, dernièrement, Antonio Guterres.
Je dois tout cela à Dieu, à mon pays et aux bénédictions de ma mère. Après un tel parcours, je me dois de restituer les grands événements auxquels j’ai été mêlé au cours de ma carrière.
Pour le moment, ça sera ma principale préoccupation. Il y a un temps pour tout. Une autre page de ma vie s’ouvre.
Une autre vie après après les Nations Unies ?
Sûrement. Avec la foi, je dis, qu il y a toujours une vie après.
Laquelle ?
Dieu seul le sait.
Réalisée par Mamadou Savané