Conakry : se faisant passer pour un tradipraticien, il appliquait du bicarbonate de potassium dans les yeux de ses patients
Les services spéciaux du Secrétariat Général à la Présidence chargés de la lutte contre le crimes organisés et le trafic de stupéfiants, ont procédé à la présentation ce lundi 6 juin à la presse d’un faux tradipraticien impliqué dans une affaire d’escroquerie, d’administration de substances nuisibles et d’exercice illégale de la médecine.
Selon le Commissaire Soropogui Foromo de l’Office central de lutte contre le crime organisé, son service aurait été saisi par un citoyen, client du présumé qui après avoir appliqué les produits qui lui auraient été donnés par le présumé dont de la Gentamicine et de la poudre de bicarbonate de potassium dans les yeux a eu la vision de plus en plus détériorée.
« Ce monsieur que vous voyez se fait passer pour un tradipraticien. C’est-à-dire quelqu’un qui traite les maladies à travers les feuilles, les tiges et les racines, c’est ça la tradipratique. Mais lui, il fait comprendre aux gens que c’est lui-même qui prépare les décoctions des extraits de plantes. Cependant, ce ne sont pas des produits de pharmacopée. Je vous présente ce flacon de Gentamicine qu’il paie sur le marché et enlève l’emballage pour tromper ses patients en leur faisant croire que c’est lui-même qui prépare alors que c’est de la Gentamicine achetée sur le marché noir en raison de 3 500 Gnf. Quand il vous consulte, vous partez pour Glaucome c’est le même médicament, pour Cataracte, c’est le même médicament, vous partez pour n’importe quelle autre pathologie ophtalmique, c’est le même médicament. Quand il applique la Gentamicine sur l’œil, tu fermes les yeux et il prend son thermo flash, il va osciller ça, il vous fera attendre 30 minutes. Après, il vous dit d’aller vous coucher dans la chambre. Cette poudre blanche, il vous fait comprendre que ces des extraits de plantes alors que c’est du bicarbonate de potassium qu’il applique sur les yeux des gens. Ça fait extrêmement mal. Après quelques 30 minutes, vous allez vous relever. Il vous donne un ensemble de médicaments dont deux flacons de Gentamicine achetés à 7000 Gnf qu’il vous vend à 540.000 GNF plus la consultation, ce qui vous fait 600.000 GNF. Chaque patient a du payer 600.000 GNF à chaque séance de contrôle. Le plaignant qui est là, si vous voyez qu’il n’est pas parmi nous c’est parce qu’il ne peut pas venir seul, mais arrivé au tribunal, peut-être son aide va le conduire là-bas car c’est quelqu’un qui l’aide à marcher », a expliqué le commissaire.
Interrogé, le présumé ne nie pas utiliser du Gentamicine et la poudre de bicarbonate comme traitement de ses patients.
« Faire ce travail est un don particulier pour moi. C’était le travail de mon père et j’ai continué à faire. Je n’ai jamais eu d’accident sur ça. Mais chaque chose, c’est Dieu qui fait tout. Il y a des patients qui viennent avec les nerfs très fatigués, puisque tous les problèmes de l’œil c’est les nerfs le problème. Ça c’est du bicarbonate que j’achète sur le marché et je viens mélanger avec l’autre là », a-t-il admis
À en croire le Secrétaire Général à la présidence chargé des services spéciaux et de la lutte contre le crime organisé, la médecine illégale cause beaucoup plus de soucis à la population que les crimes par armes à feu.
« Depuis ma nomination à ce poste, on arrête pas de travailler de concert avec les spécialistes. Ce qui a abouti au démantèlement d’un grave réseaux de criminels, parce qu’il faut l’appeler ainsi, c’est le crime organisé dans tous ses volets (…). Au niveau de la population, les gens doivent venir se faire consulter au niveau des services spécialisés pour éviter des dommages collatéraux parce que les gens qui exercent illégalement la médecine créé beaucoup plus de soucis à la population que certains criminels par armes à feu. Donc il faut sensibiliser tout le monde et dire aux gens de venir consulter les spécialistes dans les centres spécialisés pour être bien traités. Et cette guerre contre le crime organisé ne fait que commencer », a déclaré Abdoul Malick Koné.
Maciré Camara