Un adolescent de 18 ans a ouvert le feu mardi dans une école primaire au Texas, tuant 18 jeunes élèves et au moins un enseignant, un drame replongeant l’Amérique dans le cauchemar récurrent des fusillades en milieu scolaire.
Le président Joe Biden devait s’adresser aux Américains dans la soirée depuis la Maison Blanche au sujet de cette tragédie ayant fauché la vie d’enfants âgés d’une dizaine d’années tout au plus.
Le suspect a tué ses victimes « d’une façon atroce et insensée » dans la ville d’Uvalde, a déclaré le gouverneur républicain du Texas, Greg Abbott, lors d’une conférence de presse.
Le tireur présumé, identifié comme Salvador Ramos, est lui aussi décédé dans cette tuerie qui a touché la commune située à environ 130 kilomètres à l’ouest de San Antonio.
Le bilan des 18 enfants morts a été annoncé par un sénateur de l’Etat, Roland Gutierrez, informé par le corps des rangers du Texas. L’élu a également parlé de trois adultes décédés, sans préciser si le tireur était inclus dans ce comptage.
Salvador Ramos aurait d’abord visé sa grand-mère, dont l’état de santé restait à préciser, avant de se rendre à l’école et « d’abandonner sa voiture » pour entrer dans le bâtiment avec « une arme de poing » et peut-être « un fusil », selon le gouverneur.
Les mobiles de cette attaque, l’une des pires dans une école depuis des années, étaient pour l’instant inconnus.
– Enfants de moins de 10 ans –
La fusillade s’est produite à l’école primaire Robb, qui accueille des enfants âgés de moins de 10 ans à Uvalde.
Plus de 500 enfants, dont près de 90% d’origine hispanique, étudiaient dans l’établissement pendant l’année scolaire 2020-2021, selon des données de l’Etat.
Des vidéos partagées sur les réseaux sociaux montraient des enfants évacués en urgence, courant par petits groupes vers des bus scolaires jaunes, devant cet établissement aux bâtiments bas et plats, typiques du sud des Etats-Unis.
Deux personnes, une petite fille de 10 ans et une femme de 66 ans, sont encore dans un « état critique », a annoncé l’hôpital University Health, situé à San Antonio.
Le président Joe Biden est « tenu informé » de la situation, a indiqué sa porte-parole Karine Jean-Pierre.
« Trop, c’est trop », s’est emportée la vice-présidente Kamala Harris, appelant à « agir » sur le sujet des violences par armes à feu, un fléau national.
« Nos cœurs continuent d’être brisés », a-t-elle déclaré. « Nous devons trouver le courage d’agir », a-t-elle ajouté à l’adresse du Congrès, impuissant à légiférer malgré les tragédies.
La Maison Blanche a par ailleurs ordonné la mise en berne des drapeaux dans tous les bâtiments publics pour « honorer les victimes » d’Uvalde.
Cette attaque a replongé le pays dans les affres des fusillades en milieu scolaire, qui se répètent fréquemment avec des images choquantes d’élèves traumatisés, obligés de se confiner dans leur classe avant d’être évacués par les forces de l’ordre et de parents paniqués cherchant désespérément à avoir des nouvelles de leurs enfants.
– Débat stérile –
Le drame rappelle celui de l’école primaire de Sandy Hook, dans le Connecticut, où un déséquilibré âgé de 20 ans avait tué 26 personnes, dont vingt enfants âgés de 6 et 7 ans, avant de se suicider.
Chris Murphy, sénateur démocrate de cet Etat du nord-est des Etats-Unis, a « supplié » mardi ses collègues élus d’agir, assurant que ces tragédies n’étaient pas « inévitables ».
« Cela n’arrive que dans ce pays, et nulle part ailleurs. Dans aucun autre pays, les enfants vont à l’école en pensant qu’ils pourraient se faire tirer dessus ».
L’Amérique avait aussi été particulièrement marquée par une fusillade dans un lycée de Parkland, en Floride, qui avait fait 17 morts, dont une majorité d’adolescents, en 2018.
Cette nouvelle tuerie, d’autant plus choquante que les victimes sont des enfants, ne manquera pas de relancer les critiques sur la prolifération des armes à feu aux Etats-Unis, un débat qui tourne pratiquement à vide étant donné l’absence d’espoir d’une adoption par le Congrès d’une loi nationale ambitieuse sur la question.
La cheffe des démocrates au Congrès, Nancy Pelosi, a parlé d’un acte « monstrueux qui a volé l’avenir de chers enfants ». « Il n’existe pas de mots pouvant décrire la douleur et l’indignation face au massacre de sang froid de petits écoliers et d’enseignants », a-t-elle écrit dans un communiqué.
AFP