Quand la réalisatrice M’Mahawata Camara use du cinéma pour sensibiliser sur les cas récurrents de viol en Guinée

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Projection ce mardi 28 décembre 2021 de deux films dans la salle de cinéma de la bluezone de Kaloum. Réalisés par M’Mahawata Camara, ces deux films intitulés « Kèlè » et « article 352 du code de l’enfant » auront fait couler beaucoup de larmes aux téléspectateurs.

Si le premier traitait de la rébellion, il faut dire le second sur le viol sur mineure aura retenu l’attention particulière du public compte tenu de l’ampleur du fléau en Guinée. Il aura fallu à la réalisatrice une trentaine de minutes pour relater ces scènes inspirées d’histoire réelles.

Selon M’Mahawata Camara, la justice devrait accentuer la peine des violeurs. « Il est très difficile de mener une grossesse jusqu’à terme, il est très difficile d’élever un enfant et voir cet enfant ou cette fillette être violée par un individu c’est choquant. C’est ce qui a fait que j’ai laissé mes enfants à la maison, je me suis mise dans la peau des mamans qui sont victimes pour pouvoir réaliser ce film. Imaginez un enfant de 3 ans, ou une fillette de 9 mois qui a été violée. Tous les jours on entend qu’une fillette, qu’une femme enceinte ou même une vieille a été violée. Mais où est-ce que nous allons ? Moi-même je le demande si réellement certains hommes réfléchissent, ou si c’est la malédiction qui est en train de taper les gens, parce qu’une personne normale ne peut pas s’hasarder à voir une fillette et faire d’elle sa femme. Où est la justice ? J’aimerais que la justice accentue la peine de ces violeurs. S’il doit être châtié qu’on le châtie, s’il doit être castré, qu’on le castre à vie. Je ne sais pas comment expliquer mais ça me révolte », a-t-elle déclaré.

« Article 352 du code de l’enfant » relate l’histoire de trois (3) fillettes violées par trois 3 individus pour la plupart proche de la famille et cela à un moment d’inattention de leurs mères. La plus jeune d’entre elles est âgée de seulement deux ans et les deux autres dont l’une aurait perdu la vie suite aux sévices de son bourreau, entre 6 et 7 ans.

Pour freiner ce fléau qui gangrène de plus en plus nos sociétés, M’Mahawata Camara en appelle à l’aide des autorités pour une projection dans les quartiers populaires en vue de mieux sensibiliser la population.

« Je me dis les violeurs font exprès pour violer les enfants et là c’est choquant. Alors il faudrait que tout le monde se lève, les autorités n’ont qu’à se lever pour mettre fin à ça parce que ça ça n’honore pas un pays. Ça risque d’être comme les pays qui ont connu la guerre. Ça a commencé comme ça. S’il n’y a plus de dignité humaine, un jour tôt ou tard ça va péter. On ne le souhaite pas, il faudrait que tout le monde se lève pour lutter contre ce fléau (…). Tout mon objectif aujourd’hui c’est d’élaborer un projet où l’autorité ou les partenaires m’aident à faire une projection publique dans les quartiers populaires car tout le monde ne peut pas venir dans les salles de cinéma, et ceux qui sont à l’intérieur ne peuvent pas voir ça, donc il faudrait qu’on aille vers eux, faire le cinéma ambulant, aller projetter le film devant eux afin que les dames sachent les techniques que les violeurs utilisent pour les amadouer. Quand quelqu’un te dit donne moi ta fille je vais aller payer bonbon, il faut refuser. Quand un homme  dit à ta fille c’est ma femme il faut refuser, c’est comme ça, ça commence », dira-t-elle.

Venue représente la ministre Aïcha Nanette Conté de la promotion féminine, de l’enfance et des personnes vulnérables, Hadja Aissatou Barry, cheffe de cabinet dudit département considère ce film comme un film de plaidoirie et de sensibilisation. 

« Le film est émouvant, parce que le film n’a fait que rétracer la réalité. Je l’ai dit tantôt, je suis une actrice de la lutte contre les violences faites aux femmes depuis plus de 20 ans mais au niveau de la société civile. Aujourd’hui je suis cheffe de cabinet au département de tutelle de cette lutte. Il y a longtemps que j’ai commencé et j’ai initié et inventé un numéro vert qui aujourd’hui existe dans 152 pays. Ça c’est l’initiative de ma propre personne dans le cadre de cette lutte. Donc je pense que ce film est un film non seulement de plaidoirie, mais aussi de sensibilisation pour que et parents et les auteurs prennent conscience de ce qu’ils font. Ne pas laisser son enfant partir dans les mains de qui que ce soit, quelque soit vos relations. Deuxièmement, à une certaine heure ne pas laisser l’enfant seul si ce n’est pas dans un lieu public là où l’enfant se retrouve avec ses amis. Et partout où cet enfant part, il faut qu’il se fasse accompagner par une personne qui peut assurer sa sécurité », a-t-elle estimé.

Quand au Lt/Col Bah Sékou Oumar, chef de division de la police des mœurs à l’OPROGEM, il en appellera surtout à la responsabilité des parents vis-à-vis de leurs enfants

« Quand nous regardons les présumés dans le film, par exemple le premier auteur, c’est un monsieur qui se droguait, le second n’est pas un monsieur qui se droguait et le troisième pareillement. Donc je lance un appel, les parents n’ont qu’à essayer de suivre vraiment leur enfant. L’éducation ce n’est pas seulement la police, c’est l’affaire de tout un chacun », lance-t-il.

Bien que passible de peines allant de 5 à 20 ans de réclusion criminelle, le phénomène du viol ne cesse de prendre de l’ampleur en Guinée. Cette année les bilans font état de plus de 200 cas de viol au niveau de l’Office de Protection du Genre de l’Enfance et des Mœurs+OPROGEM) et de plus de 140 au niveau de la Brigade Spéciale de Protection des Personnes Vulnérables (BSPPV).

Maciré Camara

+224 628 112 098

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