Frontière Guinée-Mali : ‘’sans tous les papiers au complet, tu payes 140.000 gnf pour passer les barrages’’, s’insurge une commerçante
Aïcha Kaba, venue acheter des bazins pour aller les revendre à Kankan, nous explique : « Nous payons 3.000 Fcfa à chaque barrage pour traverser au poste de contrôle de police ou de la douane des deux côtés. Imagine, du côté de la Guinée, il y a 3 barrages, donc il faut payer 9.000 F fca pour passer. Ce qui fait à peu près 140 000 gnf, ça c’est seulement à l’aller. Du côté du Mali, il y a aussi deux postes où il faut payer les 3.000 Fcfa, ce qui fait plus 100.000 gnf. Alors le transport Kankan – Bamako fait 6.000 Fcfa, l’équivalent de 95.000 gnf. Si tu paies triple fois plus que le transport, où allons-nous ? Ce qui est difficile à croire dans tout ça, même si tu as les papiers au complet, on te fait payer obligatoirement ou les autres passent, toi tu restes. Je pose la question aux autorités guinéennes, à quoi sert de prendre la carte d’identité nationale et se faire vacciner. En Guinée, la carte d’identité fait 50.000 gnf à la rigueur, la carte de vaccination est 15.000 gnf. Le tout 65.000 gnf plus le transport, en tout, ça ne dépasse pas 15.000 gnf. Mais si on prend tout ça, c’est pour ne pas être dérangé, vraiment si l’autorité peut faire quelque chose sur cette route, sinon nous sommes fatigués de payer l’argent. Tu paies aller comme retour c’est dommage pour mon pays et les usagers sur cette route. »
Même son de cloche chez tous les commerçants et voyageurs qui passent par cette frontière. Ils accusent policiers et douaniers de « troubler et empêcher » la libre circulation.
Sur papier, la libre circulation est donc désormais totale dans la sous-région. Les citoyens des deux pays (Guinée et Mali) sont exemptés de toute obligation de visas d’entrée ou d’autorisation de sortie pour circuler entre eux.
A la frontière guinéo-malienne une chaîne tendue au milieu de la route entre deux postes de contrôle matérialise la frontière. Comme une nuée d’abeilles autour d’un pot de miel, des portefaix se proposent de porter les colis des voyageurs. Presque tous doivent lâcher aux policiers un billet de 1.000 ou 2.000 Fcfa pour passer, nous apprend-on.
Si commerçants et voyageurs de passage continuent de se plaindre sur les conditions de transit aux frontières, les autorités devraient prendre toutes les mesures pour faciliter la circulation entre les deux pays.
Moussa Oulen Traoré, correspondant à Bamako (Mali)
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