A deux mois des élections législatives du 16 février prochain, la déserte en électricité est redevenue un véritable casse-tête chinois en Guinée. A Conakry, la capitale, ‘’le courant saute de poteau en poteau’’, pour reprendre un célèbre écrivain guinéen. Depuis des jours, Conakry est dans le noir. Chaleur et moustiques coalisent contre les Conakrykas, les petits commerces s’essoufflent. Conakry est dans l’obscurité. Des citoyens ont exprimé leur ras-le-bol et invité les gouvernants à se bouger. Réactions…
Moustapha Kaba, Coléah : ‘’pour qu’un président dure au pouvoir, il doit donner le courant et gérer nos ventres’’
« Nous avons vraiment souffert sans cette affaire de courant. Avant, le courant passait la journée mais actuellement quand ça vient à 7 heures, des fois c’est à 18 heures qu’ils le ramènent. Et le lendemain encore à 7 heures, ils (les agents d’EDG) le ramènent. La nuit dernière, depuis 0 heure le courant est parti jusqu’à maintenant il n’est pas revenu. Il fait chaud et il y a beaucoup de moustiques. Vraiment cette affaire de courant ça ne va pas. Nos femmes ne regardent pas Zee Magic et Novelas parce qu’il n’y a pas de courant. Alpha n’a qu’à faire son possible pour nous aider parce qu’à l’heure-là ça ne va pas. En plus, quand le mois finit on nous envoie des factures à payer. Et ce problème de courant concerne tous les coins de Conakry. Alpha doit se bouger pour régler ce problème. A Conakry ici, si tu veux évoluer, même s’il s’agit d’un président pour que ton mandat se prolonge, il y a deux choses, si tu les satisfais, c’est fini, le courant et notre estomac. Si tu le fais, tu nous auras eu.
Tiguidanké Condé : ‘’il n’y a pas de courant, pas d’eau et on a faim’’
« Aujourd’hui, je regrette et je suis découragée. Désormais, je veux qu’on m’appelle Tiguidanké Camara parce qu’on souffre trop. Il n’y a pas de courant, il n’y a pas d’eau et on a faim. Nos maris ne travaillent pas et nos enfants sont accrochés à nous. Je gratte le savon pour nourrir ma famille. Le stress nous tue mais au moins qu’on cherche à manger. Il y a des moustiques et même nos enfants n’arrivent pas à dormir. Hier, le courant est parti à minuit et toute la nourriture est gâtée dans le réfrigérateur. Le gouvernement doit régler ce problème.
Habibatou Bangoura, Boussoura : ‘’l’homme ne peut pas vivre sans le courant’’
Cette affaire de courant nous fatigue vraiment. Lorsqu’on prépare la sauce, on ne peut même pas la conserver au congélateur. Nous sommes des vendeuses et il y en a qui travaillent, donc nous ne pouvons pas cuisiner à tout moment car nous n’avons pas le temps c’est pourquoi nous cuisinons pour garder. Parfois même, tu reviens du boulot et tes appareils sont déchargés et tu restes injoignable. Nous souffrons vraiment car rien ne va en Guinée. Nous demandons au gouvernement de nous aider et faciliter certaines choses à savoir l’eau et le courant car l’homme ne peut pas vivre sans les deux-là.
M’Balia Kéita, Hafia : ‘’on ne regarde pas nos séries télévisées, on manque d’air, on s’étouffe’’
« Nous voulons que le courant vienne parce que s’il n’y a pas de courant ce n’est pas bon pour nous. On ne regarde pas nos séries télévisées, on manque d’air et on s’étouffe même. Il y a de ces maladies c’est dans l’obscurité qu’on les attrape. La lumière c’est le paradis. S’il te plaît Alpha Condé, nous sommes pour toi mais envoie-nous le courant. »
Aïssata Cissé, Hafia : ‘’la nuit, on dort avec la chaleur et beaucoup de moustiques’’
« Je veux dire à notre président de nous aider à solutionner ce problème de courant. Ça nous fatigue et la nuit quand on dort c’est avec la chaleur et beaucoup de moustiques. Notre nourriture aussi ne peut être mise au frigo, nos sauces et nos jus, bissap et gingembre se gâtent, et lorsqu’ils se gâtent c’est ton fonds de commerce qui s’envole. Il (le président) nous a aidé jusqu’à ce niveau alors il doit continuer car nous sommes pour lui. Ne faut pas qu’il nous prive du courant c’est avec ça que nous réchauffons la nourriture le matin. Il nous a aidé jusqu’ici, il doit continuer jusqu’au jour où Dieu va l’enlever.
Djénabou Kéita, Kénien : ‘’avec ce manque de courant, ça me fait double dépense’’
« Vraiment on ne sait plus quoi dire avec cette affaire de courant. Depuis plusieurs jours, on souffre. Il fait non seulement chaud mais en plus il y a beaucoup de moustiques. On peut rester toute une journée voire plusieurs jours sans le courant et lorsque ça vient encore ce n’est pas stable. La tension varie et on craint même pour nos appareils. Moi par exemple vu que je vais au service du lundi au vendredi c’est le weekend que je fais la cuisine, mais à cause de cette affaire de courant toutes les sauces que j’avais conservées sont gâtées. Là, maintenant ça me fait double dépense, vu que je dois refaire la cuisine, alors qu’actuellement les temps sont durs et nos salaires ne nous suffisent même pas. Donc vraiment on demande au gouvernement de nous aider car on a déjà trop de problème comme ça ».
Propos recueillis par Maciré Camara