Le Ministère de la Culture et des Sports arrive à organiser un festival national des arts et de la culture en cette période où les Guinéens sont dubitatifs non pas à la fourche, mais à la croisée des chemins. On le dit ainsi, parce que les « compromissaires » internationaux, les anciens présidents Goodluck Jonathan et Nicéphore Soglo, dont l’arrivée à l’incognito avait surpris Alpha Condé, posait problème, eux-mêmes ont déclaré qu’ils ont été « piégés » par leurs mandants, le NDI et la Fondation Kofi Annan. Bizarre ! Si tel était le cas, on se demanderait sur le sérieux de ces institutions. Mais si ce n’est pas le cas, à qui profiterait la confusion. La RTG a-t-elle le toupet et le culot d’une telle machination ?
Lansana Conté ne les aurait pas reçus. On se souvient du ballet diplomatique entre 1998-2000, quand Lansana avait mis le grappin sur Alpha, les Abdou Diouf, Alpha Oumar Konaté, le ministre français de la coopération, ou qui-là, Madeleine Albright, Olesegun Obasanjo, auquel Lansana a fait faire anti-chambre sur une chaise plastique pendant des heures. Tout ce beau monde n’avait pas pu faire fléchir le général, qui a horreur des pressions. Têtu comme une mule, têtu comme Alpha. On dirait qu’il faut l’être pour prétendre diriger la Guinée. Ce n’est qu’a son heure, quand toutes les pressions avaient fait relâche, qu’il a élargi le prisonnier, qui l’a finalement succédé.
Cette histoire ressemble beaucoup à celle des Trois mousquetaires, jugez-en : Porthos est mort le premier, Athos, le plus âgé, l’a suivi puis Aramis. D’Artagnan était presque roi de France. Dans notre cas, Siradiou Diallo est parti avant Bâ Mamadou. Jean-Marie Doré, le dernier partant fut Premier ministre de la transition et Alpha Condé, d’Artagnan, est actuellement au sommet du pouvoir…La devise était « Un pour tous, tous pour un ! » Quand Aramis s’est rencontré avec d’Artagnan, ils se sont dit : Aimons-nous pour quatre, nous ne sommes plus que deux ! » Aramis parti, d’Artagnan n’a pas su quitter le palais royal au moment opportun car chaque chose en son temps… A partir de là, les destins se séparent. Jusqu’à cette étape, l’histoire est belle, va-t-on l’oblitérer ?
Sur la confusion au sujet de la mission des anciens présidents du Bénin et du Nigeria, émissaires ou compromissaires, la question se pose, en plus des commentaires qui vont bon train, quant à leur arrivée inopportune et au manque de coordination par le NDI et par la fondation Kofi Annan, mais peu importe, c’est le fichier électoral qui est le problème. Chaque camp accuse l’autre de le remplir de mineurs. Il faudrait posséder le don d’ubiquité pour dire qui a enrôlé plus de mineurs.
Pendant que les militants de la Mouvance se faisaient enrôler, ceux de l’Opposition marchaient. La date limite des opérations d’enrôlement est le lundi 16, comme indiqué au préalable. Dans certains fiefs tout le monde n’a pas été enrôlé, les ordinateurs qui se plantent, manque de ceci, de cela, grève, primes impayées.…
Dans les conditions actuelles, le ver est déjà dans le fruit. Mais la CENI, fait fi des protestations et se cramponne à la date du 16 février 2020.
Personne n’aimerait être à la place de Salifou Kébé, qui s’est forgé une attitude sereine pour affronter la presse, ce lundi 16. On le voit tendu, quand même. Organiser les législatives dans ces conditions, c’est organiser des revendications futures, dans lequel cas, le pays risque d’être paralysé par des mouvements de rue avec leurs conséquences. Et en cas de prolongation, un rajout budgétaire sera obligatoire, il y a du « nèm-nèm » en vue, mais aussi des risques d’embrasement, aussi, si tout était biaisé.
Dans la logique et la normale, les choses sont ainsi programmées, mais le ministère de la Culture et des Sports a trouvé le moyen d’organiser le festival des arts et de la culture en ce moment. Alpha Condé était au démarrage de ce festival. Il a fait une belle allocution. Pour la première fois, l’aigle baissa la tête. Cette adresse était libre, sans enthousiasme ni passion. Le passage à l’oral de Toto était sans reproche. 10 sur 10.
Tout ce que les Guinéens attendaient de lui était dans cette allocution. Alpha a enterré ses acrimonies contre la Révolution de Sékou Touré en décorant de la médaille de l’ordre national du mérite et en octroyant une indemnité mensuelle aux acteurs, qui ont servi loyalement et fidèlement la Révolution qui l’a condamné à mort par contumace. C’est une grandeur d’âme qui mérite d’être encensée. Les acteurs démunis ne savaient plus à quel Saint se vouer pour passer les vieux jours, voilà que la manne de Alpha leur tombe du Ciel en guise de reconnaissance de la nation.
Si Alpha condé peut oublier cela, d’autres pourront en faire de même, en ce qui les concerne, pour que la Guinée sorte de cet enlisement indéfini. Sa main ouverte est tendue à l’unité et à la réconciliation. Il faut la saisir.
Cependant, Il ne lui reste qu’à aplanir tous les contentieux électoraux et laisser les successeurs voler de leurs propres ailes. Son RPG a des jeunes loups aux dents longues, qui tiendront la route.
Alpha doit sortir du rôle d’opposant pour rester au-dessus de la mêlée. Les affaires africaines ont besoin de lui.
On a entendu Dr. Ousmane Kaba, Dr. Faya Millimouno et beaucoup d’autres aller dans le même sens. Le vœu de tous ceux qui veulent le bien de ce pays, est de voir le bout du tunnel. L’espoir est permis.
Moise Sidibé