Comme tous les derbys, les confrontations entre Guinéens, Sénégalais et Ivoiriens sont aussi enlevées et relevées, mais moins passionnés qu’entre Guinéens et Maliens, et pour cause la proximité et la promiscuité font que chaque victoire est plus sublime et chaque défaite plus cuisante pour les uns et pour les autres.
En faisant les comptes, sans ambages, disons que les Guinéens ont plus des fois trinqués dans les retrouvailles que les Maliens. Mais quel que soit le niveau de la Guinée ou du Mali, le score est toujours étriqué. On ne se souvient pas avoir vu souvent 4 buts marqués lors d’un Guinée-Mali ou d’un Mali-Guinée, hormis les tirs au but.
Ce 2-2 du 14 novembre est d’autant glorieux que le Syli National, en rodage, montre un net progrès depuis sa piètre prestation à la CAN passée. Peut-on déjà dire que Didier Six est en train de mettre sa griffe sur le football guinéen ?
L’optimisme des supporters maliens avant la rencontre a été douché, ce qui fait dire aux supporters guinéens, qui vont fréquemment plus vite que la lumière en besogne, pensent déjà que le renversement du signe indien est sur le point d’être irréversible, d’autant qu’il est très rare de voir les Guinéens rendre la pareille, coup pour coup, aux Maliens, chez eux.
A voir ce match avec un autre regard, on a des inquiétudes : les maliens ont montré un fond de jeu plus consistant, plus cohérent et plus élaboré avec des individualités aux dribbles très chaloupés, capables de se faufiler entre deux, trois ou plusieurs Guinéens statiques ; ils sont capables encore d’entrer dans la surface de réparation guinéenne comme dans du beurre. Hormis la tête rageuse de Sékou Condé pour le but d’égalisation du 2-2, toutes les balles aériennes étaient raflées par les défenseurs maliens, en première période du jeu pas parce qu’ils sont plus grands.
Du côté guinéen, les joueurs pas encore assez ensemble ne semblaient pas trop vouloir aller au contact pour la récupération du ballon, exception faite de Issiaga Sylla, les autres se prévalaient de leur masse corporelle pour commettre des fautes et prendre des cartons inutiles, qui vont être des handicaps pour le futur de la compétition. C’est le défaut à corriger dans ce Syli, à moins que ce soit sa tactique de jeu, à Didier Six.
Dans ce match entre cousins à plaisanteries, lama parité est dans les gags: le gardien Aly Kéita qui pousse la balle dans ses propres filets, son remplaçant qui repousse la balle dans les pieds maliens, de même que son vis-à-vis qui repousse la balle dans les pieds de Aly Kéita, l’autre. Seul le but de Sékou Condé a été imposant.
Au vu de tout ce qui vient d’être relaté ici, on est curieux de voir comment les gens de Didier Six pourront faire tomber le signe indien, lors de la prochaine rencontre de Conakry, qui ne sera pas une formalité. Les Aigles ne vont pas digérer ce camouflet, mais s’ils sont dominés à Conakry, on pourrait mettre une croix sur leur domination.
Le nul de Bamako augure bien d’agréables surprises. On ose l’espérer pour que la pression sur Didier Six s’atténue tant soit peu. Il vient de trouver son sommeil…
On ne saurait terminer sans parler de la pression que Antonio Souaré s’est mis gratuitement sur la tête en graciant Salifou Super V et Blasco Barry.
A-t-il ce pouvoir de grâce ? Mais en usant inconsidérément de cette prérogative, Antonio Souaré avait voulu faire un coup double de célébrer le 60 ème anniversaire de la FGF et fêter son ascension à la tête de l’UFOA par une amnistie générale. Mais le faisant ainsi de but en blanc, il a lancé deux pavés de l’ours. Si Blasco semble bien s’en accommodé de celui lancé dans sa direction, puisqu’il n’a pas réagi, et qui ne dit rien consent, par contre Super V s’est outrément montré indigné. Il veut pousser Antonio à aller jusqu’au fond de cette affaire. Le dossier est-il vide ? Dans ce cas, les accusations portées ne seraient pas fondées ? La question se pose.
Dans ce cas, qu’en est-il vraiment de cette affaire de détournement, et qui va payer la facture de ce trou noir, s’il n’y a pas de coupable ?
Généralement, le gracié n’invective pas le salvateur, tel n’est pas le cas dans notre cas.
Décidément, le football guinéen donne naissance à de curiosités insolites.
Moise Sidibé