Depuis l’annonce par le Front National pour la Défense de la Constitution (FNDC) du début des manifestations dès le 14 octobre prochain contre un changement de la Constitution en Guinée, les actions se multiplient pour appeler au calme. Ce jeudi 10 octobre à la mairie de Matoto, la plus grande du pays, le maire Mamadouba Tos Camara a rencontré les acteurs socio-économiques de sa commune.
Ils étaient chefs des 38 quartiers de la commune, le président de la chambre communal de Commerce, le président de la section GOHA de Matoto, les chefs religieux, les présidentes des associations de femmes et les conseillers de jeunesse à avoir pris part à cette assemblée de sensibilisation dont l’objectif est de faire en sorte que les citoyens soient protégés dans la commune de Matoto.
« Vous savez, nous avons entendu comme vous dans les médias qu’il y a une manifestation qui se profile à l’horizon. Notre ministère de tutelle à travers le ministre général Bouréma Condé s’est prononcé. Depuis que nous avons appris qu’il y a une manifestation qui se prépare, nous nous sommes mis déjà à la tâche parce qu’il est de notre devoir de faire en sorte que les citoyens soient protégés dans notre commune. C’est pourquoi nous avons appelé tous les acteurs socioéconomiques de venir pour qu’on puisse procéder à une sensibilisation des populations à la base pour que chacun soit mieux outillé en vue de dissiper cette situation qui se profile à l’horizon », dit la première autorité de Matoto.
Côté commerçants, les esprits semblent sceptiques. Elhadj Cheick Abdoul Gadiri Diaby, Président de la chambre de commerce dans la commune de Matoto qui, a apprécié cette initiative du maire, a appelé les parties prenantes à privilégier le dialogue.
« Moi je crois qu’avant de faire quelque chose il faut demander l’avis de la population. Il faudrait faire une assise où chacun sera appelé à donner son avis, si on n’est pas d’accord on l’exprime. C’est mieux que de faire une manifestation. Moi je suis commerçant je ne connais pas la politique. Ce n’est pas la politique qui m’a donné mon argent c’est Dieu qui me l’a donné. Je ne suis pas intellectuel, je ne suis qu’un simple commerçant. Si un commerçant rentre dans la politique il est perdu. Tu vas aller à la manifestation et tu fermes ta boutique qui t’a nourri pendant 50 ans, si à ton retour tu trouves qu’elle est gâtée c’est qui le responsable ? Si elle est pillée qui est fautif ? Donc c’est toi le fautif et c’est toi qui a perdu. Alors le dialogue est mieux que tout », conseille-t-il.
Pour Alhassane Barry, président de la section GOHA de la commune de Matoto, le commerçant étant apolitique, toute leur inquiétude reste la sécurisation de leurs biens.
« Nous avons reçu l’invitation du maire pour nous parler de ses inquiétudes par rapport à nous contribuables de la commune de Matoto. La commune de Matoto est l’une des communes qui a plus de marchés, disons près de 18 marchés dans la commune de Matoto. Donc s’il y a une manifestation qui se profile à l’horizon ça vaut la peine d’alerter. Pour la petite histoire, les commerçants de la commune de Matoto ont été toujours victimes depuis 2010, 2013, 2015. Ça vous rappelle les dates des élections en Guinée. Donc sur ce, le maire nous a promis depuis le départ la collaboration et surtout la protection des commerçants de la commune de Matoto. Et là nous sommes vraiment contents de cela. Le commerçant n’est pas politique, dans le marché nous ne faisons pas la politique parce que nous sommes censés recevoir toute sorte de personne dans les différents marchés. Mais le commerçant a peur aujourd’hui, parce que quand vous entendez manifestions il y a des loubards qui sont là, donc le commerçant ferme sa boutique parce qu’il a peur. Des fois, on voit que les boutiques sont fermées mais parce qu’il a peur. C’est comme si quelqu’un a de l’œuf, si tu as l’œuf avec toi tu vas te méfier. C’est ça que nous voulons faire comprendre aux autorités. Il se peut qu’il y ait manifestation le lundi et si le commerçant se sent en danger il va fermer sa boutique. Mais si toutefois le maire, parce qu’il y a 17 marchés, cherchait à avoir la gendarmerie, la CMIS dans chaque coin du marché et qu’on se sent en sécurité, on va ouvrir et exercer notre commerce. Mais, par contre si le commerçant se sent en insécurité nous allons fermer et si c’est fermé ça ne veut pas dire que c’est politique. On veut sauvegarder notre bien qu’on a cherché depuis très longtemps. La dernière manifestation à Entag les commerçants ont perdu plus de 600 millions, personne n’a été dédommagé donc si ça ne va pas nous fermons », martèle-t-il.
Tout en promettant de prendre les dispositions nécessaires, Mamadouba Tos Camara a invité les citoyens de sa commune à la sérénité.
Maciré Camara