Communication et influence : l’œil de l’expert !

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Ousmane BALDE, Co-fondateur AGACOMPI est Consultant en Communication et Stratégie d’influence. Mais aussi expert en observation électorale (UE). Dans une interview qu’il a bien voulue  nous accorder, M. Baldé nous dit comment emmener les Guinéens à accepter unanimement le nouveau gouvernement Kassory Fofana. Plus loin, il donne son avis sur la prolifération des communications, notamment à travers les réseaux sociaux (Facebook en particulier). Lisez ! 

Le Président Alpha Condé vient de nommer un nouveau premier ministre et un nouveau gouvernement qui ne font pas forcément l’unanimité au sein des populations. En tant que communicant quelles sont vos impressions et comment emmener les populations à accepter unanimement le nouveau gouvernement ?

Les populations guinéennes sont partagées entre surprise et espoir. Le président de la république a un pouvoir, que lui confère la loi, de choisir ses collaborateurs. Cependant, par respect pour son peuple qui le lui accorde, le chef de l’Etat doit exercer ce pouvoir avec attention, sérieux et rigueur.

On a bien l’impression que les populations guinéennes, qui espéraient beaucoup de ce remaniement, ne sont pas assez satisfaites du nouveau gouvernement. Déjà, la mobilisation est assez visible pour réclamer plus de femmes et de jeunes dans le gouvernement. Ensuite, l’opinion estime que depuis plusieurs années, ce sont les mêmes copains qui font l’actualité politique et qui gouvernent. Il y’a très peu de changement au niveau des départements et de la politique gouvernementale. Par conséquent, les mêmes pratiques sont toujours reconduites et le résultat est toujours resté le même. Les gouvernements qui se sont succédé n’ont pas réussi à instaurer la confiance avec sa population.

Mon impression est aussi celle d’un échec stratégique. On dirait bien que M. Alpha Condé a raté totalement sa stratégie en regardant l’avenir avec une tactique désuète qui sera sans nul doute inefficace pour quelques raisons : d’abord, la mise en avant des communautés risque de ne pas vraiment fonctionner parce que les mouvements de jeunes ont tendance à s’approprier de plus en plus le terrain politique ; ensuite, au sein même des communautés on commence à comprendre toute la duplicité enfouie derrière cette stratégie ; et enfin, parce qu’au sein des ethnies et des principaux partis la division est telle que le consensus sera extrêmement difficile à obtenir.

A plusieurs reprises, le Président a eu des occasions de regagner la confiance de son peuple. Mais toutes les fois, il s’est planté dans sa stratégie. Malheureusement, ces échecs stratégiques ont réussi à encrer au sein de l’opinion publique une mauvaise image du gouvernement et des politiques. Il va falloir retravailler le système communicationnel pour restaurer la confiance entre les gouvernants et les gouvernés. 

Pourtant on observe ces derniers depuis quelques temps une mobilisation accrue de ‘’communicants’’ qui envahissent les réseaux sociaux, particulièrement Facebook. La communication est intense ?

C’est l’une des erreurs des partis politiques et du gouvernement. La communication autour des actions gouvernementales ne peut être confiée à des gens qui ne connaissent pas le domaine et qui n’ont aucune notion des politiques publiques et des enjeux sociopolitiques. Ce n’est pas le nombre de publication Facebook qui fait la bonne communication. Il y’a tout un travail, de conception stratégique à faire en amont qui explore en profondeur le terrain, le prépare, identifie et étudie le comportement de la cible, des objectifs avant de planifier l’action à mettre en œuvre. C’est du boulot de professionnel. Dans la communication, il y a ‘’des stratégies gagnantes’’ et ‘’des stratégies perdantes’’. La qualité de vos communicants détermine la qualité de votre image. 

Il n’y a pas que des amateurs au sein des équipes de communication en Guinée. On remarque aussi l’arrivée des cabinets étrangers qui ont une renommée mondiale. Cela devrait améliorer la visibilité des acteurs guinéens ?

Parfait, ‘’c’est la fin qui justifie les moyens’’, mais encore une fois tout est question de la maitrise des enjeux locaux et de la cible. Le problème avec les cabinets étrangers, c’est qu’ils ne connaissent pas les cibles en Afrique. Ils l’apprennent à distance en dehors des réalités. Généralement leur stratégie est basée sur une stratégie qui comporte des préjugés sur la cible. Or, il n’y a pas de bonne stratégie quand vous n’avez pas la maitrise de votre terrain et de votre cible.

Une meilleure communication c’est celle qui, en obtenant une large adhésion à votre projet garantie un minimum de stabilité qui puisse vous permettre de développer votre projet. Dans ce travail, on ne peut pas tout importer. Il faut réinventer en fonction du contexte et de la zone.

La particularité d’AGACOMPI est justement d’avoir la maitrise de l’espace africain hors des préjugés, et d’avoir une expertise mondiale dans le domaine. Nous sommes là où se trouvent nos partenaires. Nous vivons avec la cible. Parce que nous savons que les mêmes méthodes ne produisent pas toujours les mêmes effets partout. Dans le métier de la communication, improviser peut s’avérer fatal. Il y’a toujours une ligne à suivre, Il y a des délais à s’imposer, il y’a des méthodes à respecter et d’autres à réinventer. 

Malgré les activités intenses que vous menez avec le Cabinet AGACOMPI et UBCONSULTANTS vous allez toujours à la rencontre des Guinéens établis à travers le monde, mais on vous entend peu dans les médias. Pourquoi ce choix de vouloir toujours rester dans l’ombre ?

J’entends bien quand les gens me disent que je devrais faire plus d’apparition dans les medias pour faire mon ‘’éclosion’’ dans la politique. Etant communicant (professionnel), je peux comprendre ce que cela représente.  J’ai préféré consacrer les deux dernières décennies à la lutte pour l’émergence d’une jeunesse éclairée et responsable, la priorité a été portée sur le contact physique avec les différents mouvements de jeunes et le travail sur le rapprochement des différentes dynamiques sans campagne médiatique. Ceci est un choix qui s’explique par trois raisons : d’abord parce qu’il fallait connaitre la configuration politique et les différents groupes de l’intérieur et de l’extérieur, aussi parce qu’il fallait d’étudier en amont toutes les problématiques qui interpellent les populations, et enfin, surtout, parce qu’il faut éviter d’avoir les projecteurs sur soi, mais plutôt les avoir sur les idées et sur les autres. Mon rôle est de faire passer des idées et de construire des opinions pour des acteurs qui cherchent à dialoguer avec leur cible. Mon travail est de construire des vedettes et non le contraire.

Amadou Diallo

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