Plus de 1.500 migrants secourus au large de la Libye ces derniers jours
Plus de 1.500 migrants ont été secourus au large de la Libye ces derniers jours, et pour la plupart conduits en Italie, lors d’opérations qui ont été marquées par au moins 11 morts et où les ONG ont joué un rôle essentiel.
Cette nouvelle vague de départs est intervenue alors que la Cour de Cassation italienne doit se prononcer mardi matin sur le placement sous séquestre du Iuventa, le navire de l’ONG allemande Jugend Rettet, saisi en août 2017 sur des soupçons d’aide à l’immigration clandestine.
Au total, les gardes-côtes italiens ont coordonné le secours de 169 migrants le 18 avril, puis d’environ 400 samedi, 500 dimanche et plusieurs centaines lundi. Tous ces migrants ont débarqué lundi en Italie ou devaient le faire dans les jours suivants.
En revanche, 263 migrants secourus dimanche par les gardes-côtes libyens ont été reconduits en Libye, de même que 11 personnes qui se sont noyées mais dont les compagnons d’infortune ont pu récupérer les corps.
Cette vague de départs est très loin des records de ces dernières années, mais elle représente un pic important: l’Italie n’avait enregistré que 7.800 arrivées depuis le 1er janvier, soit une baisse de près de 80% par rapport à 2017.
Pour le Iuventa, la justice italienne s’appuie sur le témoignage et les images de deux anciens policiers présents sur un autre bateau et accuse les secouristes allemands de s’être entretenus avec les passeurs et d’avoir ramené une barque en bois vide vers la Libye, où elle a été réutilisée.
Mais une étude du collectif Forensic Oceanography publiée vendredi, basée sur des plans plus larges des images et sur les échanges radio lors des opérations contestées, a réfuté les accusations, montrant par exemple que la barque en bois vide était en fait tractée dans la direction opposée aux côtes pour ne pas déranger d’autres opérations de secours.
En mars, un navire de l’ONG espagnole Proactiva Open Arms a aussi été placé sous séquestre sur des soupçons d’aide à l’immigration clandestine parce que ses secouristes avaient refusé de remettre des migrants aux gardes-côtes libyens lors d’une opération le 15 mars.
Mais un juge a annulé cette décision la semaine dernière, estimant que la Libye n’était pas un pays sûr pour les migrants, qui y sont souvent laissés en détention et soumis à toutes sortes de violences et d’extorsions.
Samedi, l’ONG allemande Sea-Watch s’est retrouvée dans une situation similaire, à 60 milles nautiques des côtes libyennes, lorsque Rome lui a ordonné de laisser un canot surchargé avec 94 migrants à des gardes-côtes libyens qui n’étaient pas encore sur place.
Ayant choisi de rester pour distribuer des gilets de sauvetage, les secouristes allemands ont raconté avoir dû ensuite récupérer des migrants ayant sauté à l’eau en criant « No Libya » (« pas la Libye ») à l’arrivée de la vedette libyenne.
Les Libyens ont finalement laissé l’ONG prendre en charge tous les migrants, parmi lesquels des femmes et plusieurs bébés, qui sont attendus mardi matin à Messine (Sicile).
AFP