L’ambassadeur Mohamed Chérif Diallo : ‘’la réouverture de l’Ambassade italienne à Conakry après vingt ans de fermeture…’’

1

Obtenez des mises à jour en temps réel directement sur votre appareil, abonnez-vous maintenant.

Conakry, le 13 Avril 2018 – Après une vingtaine d’années de rupture, la politique étrangère du chef  de l’état, Pr Alpha Condé, a privilégié le rétablissement de nos relations diplomatiques avec l’Italie. La capacité à exercer une diplomatie est l’un des éléments déterminants des États, la diplomatie se pratiquant probablement depuis le début de la civilisation. Un Ministre des Affaires étrangères (voire un ambassadeur, et tout membre d’un  corps diplomatique), doit  être doué d’une sorte d’instinct qui, l’avertissant  promptement, l’empêche avant toute discussion de jamais se compromettre. Il faut  la faculté d’être habile jusque dans le choix des distractions. Il faut avoir la  conversation  simple, variée, inattendue, toujours naturelle et parfois naïve, en un mot, ne pas cesser un moment dans les vingt-quatre heures d’être ministre des Affaires étrangères.  Plusieurs facteurs rendent aujourd’hui complexe le recours aux négociations et à la diplomatie. Parmi ces facteurs, on identifie le « discours de l’urgence ». Les diplomates sont confrontés à un temps médiatique qui tend à supprimer le temps nécessaire à la diplomatie. Or, la diplomatie demande du temps, car la résolution de certains problèmes peut prendre plusieurs décennies, comme on le voit avec le réchauffement climatique.

Interview de Monsieur Mohamed Chérif Diallo, Ambassadeur de Guinée en Italie.

Bonjour, Monsieur DIALLO. Depuis mars 2012, vous êtes l’Ambassadeur de la République de Guinée en Italie. Pouvez-vous nous préciser les contours et aspects des relations diplomatiques entre Rome et Conakry ?

Bonjour à vous. Je vous remercie pour l’opportunité que vous me donnez de m’exprimer dans ce bulletin. En réalité, c’est depuis mars 2015 que je suis Ambassadeur de la République de Guinée à Rome, et cette mission diplomatique couvre non seulement l’Italie, la Grèce, la Slovénie, la Croatie et l’Albanie, mais elle est aussi accréditée auprès des institutions des Nations Unies basées à Rome (FAO, FIDA et PAM).

Concernant les relations entre l’Italie et la Guinée, je peux affirmer qu’elles ont pris une dynamique nouvelle avec des perspectives meilleures. Vous savez, l’Italie a été très tôt aux côtés de la Guinée, après son indépendance, et les relations s’étaient bien consolidées,  faisant de ce pays l’un des tout premiers partenaires de notre pays dans les années 80. Cette évolution avait pourtant connu une régression à la fin des années 90, conduisant à la fermeture de l’Ambassade italienne à Conakry en 1998, et à l’abaissement du niveau de la représentation diplomatique guinéenne à Rome.

De nos jours, les niveaux de représentation sont revenus au plus haut niveau, de même que les concertations bilatérales. Ainsi, le Président de la République, Pr Alpha Condé, a effectué une visite officielle à Rome, du 11 au 16 juillet 2016, répondant ainsi favorablement à l’invitation du Gouvernement italien au sommet du G7,  qui s’est tenu en mai 2017, à Taormine (Sicile).

Ces visites ont été l’occasion de discuter de la coopération bilatérale avec les plus hautes autorités italiennes.

Au niveau gouvernemental, le Chef de la diplomatie guinéenne a participé à la première session de la conférence ministérielle Italie-Afrique, tenue le 18 mai 2016 à Rome, en marge de laquelle de fructueuses rencontres et discussions ont eu lieu avec, en toile de fond, un événement exceptionnel : la première table ronde à Rome  sur les investissements en Guinée ! Une centaine d’acteurs de la vie économique Italienne, à l’occasion (pouvoirs publics, entreprises, patronats, chambres de commerce, cabinets de conseils…),  ont eu des échanges prolifiques avec les experts de l’APIP, de la Présidence et de la Primature, sur les opportunités d’investissement et l’environnement des affaires en Guinée. Nous comptons dupliquer cette action à Conakry, dans le format d’un forum bilatéral des affaires.

Dans le même cadre, le Ministre d’Etat Secrétaire général de la Présidence, a été invité à la conférence internationale sur les villes d’Afrique, tenue le 15 novembre 2017 à Rome. Il avait été précédé par le Ministre du Plan et de la Coopération Internationale, qui a eu une séance de travail avec le Vice-Ministre italien des Affaires Etrangères, dans le cadre d’une tournée de mobilisation des partenaires en faveur de la réunion du Groupe Consultatif sur le PNDES à Paris.

Par ailleurs, le Ministre d’Etat chargé de la Justice, a pris part en 2016 et 2017 à Rome, à la conférence internationale des ministres de la justice,  organisée annuellement par la Communauté Sant Egidio.

Du côté italien, le Vice-Ministre chargé de la Coopération Internationale (alors Secrétaire d’Etat), a visité la Guinée en janvier 2016 tandis que le Ministre italien des Affaires Etrangères était en janvier 2018 à Conakry. Ces visites préfigurent celle en projet du Président du Conseil Italien en Guinée.

Les coopérations sectorielles connaissent également une relance prometteuse, notamment dans les domaines de la santé, de l’agriculture et du renforcement des capacités. Les consultations se poursuivent pour d’autres secteurs comme la coopération culturelle, la coopération militaire et la coopération décentralisée. Les deux parties affichent les ambitions d’un partenariat stratégique au regard du potentiel existant.

En janvier 2016, une délégation italienne avait procédé à la signature d’un protocole d’accord avec le gouvernement guinéen, sur l’annulation de la dette Guinéenne de 25 millions d’euros envers l’Italie ! Dans quel cadre rentrait l’annulation de cette dette ? 

C’est un protocole qui s’inscrivait dans le cadre de l’application des recommandations du Procès-verbal (PV) agréé au Club de Paris, au mois d’octobre 2012, à la suite de l’atteinte par la Guinée du point d’achèvement de l’initiative Pays Pauvres Très Endettés (PPTE).

Il convient de souligner, à cet égard, que nous avons fait de la finalisation de ce dossier une de nos priorités, dès notre prise de service en juin 2015. C’est ainsi qu’en janvier 2016, les deux parties (guinéenne et italienne) ont procédé, à Conakry, en présence du Chef de l’Etat, à la signature du protocole d’accord sur l’annulation de la dette de la Guinée à l’égard de l’Italie, d’un montant de 25 millions d’euros.

La signature de cet accord a un double avantage. D’une part, elle donne la possibilité au Gouvernement Guinéen d’affecter les ressources préalablement destinées au paiement de la dette italienne, au financement des actions et programmes relatifs à la réduction de la pauvreté, conformément à la philosophie du PPTE. D’autre part, elle offre techniquement la possibilité à la Guinée d’accéder aux prêts concessionnels de l’Etat italien. Globalement, le non-paiement de la dette d’un partenaire est source de restrictions et de difficultés à coopérer normalement avec ce partenaire. C’est dans cette dernière optique d’ailleurs qu’il a été signé le 10 janvier 2017, entre les deux gouvernements, un protocole d’accord relatif au projet « Soutien au Système Sanitaire National de la République de Guinée », d’un montant de 20 millions d’Euros, et d’un don de 800.000 Euros, pour la réhabilitation des infrastructures sanitaires. Le programme va entrer dans sa phase exécutoire, après la ratification de l’accord par les parlements des deux pays.

L’Italie a décidé de rouvrir son Ambassade à Conakry, après 18 ans de fermeture ! Peut-on connaître les causes de cette décision ?

La réouverture de l’Ambassade d’Italie à Conakry après vingt ans de fermeture, était une priorité absolue depuis notre prise de fonction et je peux vous dire que ce n’était pas gagné d’avance ! Le contexte d’austérité budgétaire au niveau italien, la concurrence d’autres pays africains qui souhaitaient la même chose, le faible volume des relations entre les deux pays étaient, entre autre, les éléments de pression. Tactiquement, il a fallu susciter le regain d’intérêt en faveur de la Guinée auprès des autorités politiques et administratives du pays partenaire, sans oublier les acteurs économiques et la société civile italienne. Bref, un véritable travail de fonds a été fait avec l’implication personnelle du Président de la République.

Concernant les motivations de l’Italie, vous savez très bien que cela relève de la discrétion de son Gouvernement, mais j’estime que les réformes conduites en Guinée, l’image redorée du pays, ainsi que le dynamisme qu’il affiche désormais, ont été des facteurs déterminants dans le choix de Conakry.

L’Italie et la Guinée viennent de relancer leur coopération. Quelle stratégie faut-il adopter pour développer davantage les relations bi et multilatérale et quels seront les domaines prioritaires de cette nouvelle coopération entre les deux pays ?

Il faut dire que notre priorité reste la relation bilatérale, sans préjudice, bien entendu, pour la multilatérale qui continuera avec les instances dont les deux Etats sont membres. Sous la supervision du Chef de la diplomatie guinéenne, notre stratégie pour renforcer ces relations, repose sur la vision du Chef de l’Etat d’une diplomatie de développement qui s’appuie sur la mobilisation des ressources économiques, techniques et humaines de l’Italie en direction de la Guinée. Cela demande un travail en Italie et en Guinée. Dans cette optique, les réformes structurelles et la  volonté politique dans notre pays constituent un tremplin, et le travail de suivi des services de l’administration le socle.

Les secteurs prioritaires du partenariat restent l’agriculture où nous sommes en négociation pour la participation de l’Italie au financement du PASANDAD (Programme Accéléré de Sécurité Alimentaire et Nutritionnelle et de Développement Agricole Durable), avec un package prévisionnel de 15 millions d’Euros. Nous avons ensuite l’énergie, eu égard au potentiel en Guinée et l’intérêt du secteur privé italien. Nous travaillons également à intégrer d’autres secteurs conformément aux potentialités.

Votre mot de la fin, Excellence ?

Je voudrais remercier le Département pour l’initiative du Bulletin « INFODIPLO », qui est une plateforme qui offrira un plus à la visibilité de l’action diplomatique et contribuera à améliorer la communication non seulement au sein du réseau, mais aussi entre le citoyen guinéen et sa diplomatie.

Je voudrais enfin réaffirmer notre détermination à ne ménager aucun effort, conformément aux orientations de Son Excellence Monsieur le Président de la République, et aux directives de Monsieur le Ministre des Affaires Etrangères, en vue de raffermir le bon élan pris par nos relations avec l’Italie, un pays dont le tissu économique, dominé par les PME et PMI, constitue une source d’inspiration et de partenariat pour la Guinée. Je vous remercie.

La Cellule de Communication du Gouvernement

 

Obtenez des mises à jour en temps réel directement sur votre appareil, abonnez-vous maintenant.

1 commentaire
  1. MANZO dit

    « Mohamed Chérif Diallo, ambassadeur d’Italie : »
    « Bonjour, Monsieur DIALLO. Depuis mars 2012, vous êtes l’Ambassadeur de la République de Guinée en Italie. »
    La médiocrité et la confusion à tous les niveaux de cette rédaction!
    Ils attribuent à Mohamed Chérif Diallo le titre d’ambassadeur d’Italie dans le titre et celui d’ambassadeur de Guinée dans le corps. Alors où est le sérieux journalistique?

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

Ce site utilise des cookies pour améliorer votre expérience. Nous supposerons que vous êtes d'accord avec cela, mais vous pouvez vous désinscrire si vous le souhaitez. Accepter En savoir plus

Open chat
Mediaguinee.com
Avez-vous une information à partager?
Besoin d'un renseignement?
Contactez Mediaguinee.com sur WhatsApp