Alexandre Bregadze, ambassadeur de Russie : ‘’de nombreuses entreprises russes dont une dizaine ont exprimé leur souhait de travailler en Guinée’’
Conakry, le 12 Décembre 2017 – Vladimir Poutine et Alpha Condé, ont conclu que « les problèmes existant en Afrique ne doivent pas servir de prétextes à des ingérences extérieures ». Depuis l’époque de l’URSS, jusqu’à nos jours (à une très courte période près), le partenariat et la coopération entre les deux pays, se développent constamment dans un intérêt réciproque, comme en témoignent les accords bilatéraux dans les domaines économique, technique, militaire, culturel ainsi que dans le domaine minier ou de l’enseignement. Rappelons que c’est deux jours seulement après le 2 Octobre 1958, que des relations diplomatiques intenses s’établirent entre les deux pays. Le Bulletin du Gouvernement (BDG) reçoit ce mois-ci, dans ses colonnes, l’ambassadeur de Russie, doyen des diplomates en Guinée.
BDG: Bonjour Monsieur l’ambassadeur ; avant d’évoquer la coopération Russo-Guinéenne, nous souhaitons que vous vous présentiez brièvement aux lecteurs du Bulletin du Gouvernement !
Ambassadeur : Bonjour chers amis du Bulletin du Gouvernement Guinéen ; je m’appelle Alexandre BRÉGADZÉ, Ambassadeur de la Fédération de Russie en République de Guinée et en même temps Ambassadeur en République de Sierra-Léone, Doyen du corps diplomatique en Guinée. Je suis architecte de formation et même membre de l’Union des Architectes de Russie à l’époque de l’Union Soviétique. J’ai également étudié à l’Académie diplomatique, auprès du Ministère des Affaires Étrangères de l’URSS et ensuite, j’ai été admis dans ce Ministère en débutant ma carrière au Département Europe, avant d’être en poste à l’Ambassade Soviétique à Paris comme attaché au Service culturel. Je suis marié et père de deux fils.
Depuis votre prise de fonction en Guinée, comment trouvez-vous le pays ?
Ambassadeur : Je suis arrivé en Guinée le 9 mars 2011, trois mois seulement après la première élection du Pr Alpha Condé, chef de l’Etat, à la Présidence de la République. J’ai trouvé votre pays en plein mouvement après le régime de transition, avec tout le peuple guinéen, plein d’espoir pour les changements positifs dont je suis témoin aujourd’hui.
J’ai également trouvé plein d’amis parlant russe, vu l’histoire des relations d’amitié qui lient nos deux pays depuis le 4 octobre 1958.
Les deux pays entretiennent de bonnes relations de coopération depuis les premières années d’indépendance de la Guinée. De nos jours, comment se porte cette coopération ?
Ambassadeur : La coopération entre nos deux pays se porte bien. L’histoire riche de nos relations est aussi bien à la base de cette appréciation que la dynamique positive des contacts directs entre nos deux leaders car les Présidents, Alpha Condé et Vladimir Poutine, se voient de plus en plus fréquemment. Il s’agit par exemples :
+ de la visite de travail en 2016, du Pr Alpha Condé, Président de la République, en Russie (Saint Petersburg – Moscou),
+ et de sa visite officielle en Russie au mois de septembre 2017 (Moscou – Sotchi) et à mon avis, il y aura d’autres rencontres, parce qu’il y a aujourd’hui de multiples occasions, pour que des leaders de différents pays se rencontrent dans le cadre de différents forums internationaux.
Justement Excellence, la 5ème commission mixte Russo-Guinéenne s’est tenue en Juillet 2017 ; à quoi a-t-elle abouti ?
Ambassadeur : Depuis mon arrivée en Guinée nous avons déjà organisé avec nos partenaires guinéens quatre commissions mixtes, la 5ième des 18 et 19 juillet 2017, ayant eu pour objet l’étude de l’état et des perspectives de la coopération entre nos deux pays, surtout dans le domaine économique. Le bilan principal de cette commission consistait à la nécessité du renouvellement de la base juridique de cette coopération, plutôt même de sa mise à jour. C’est pourquoi on a décidé de signer de nouveaux accords de coopération dans les domaines de la santé, de l’épidémiologie, de l’agriculture, de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique, ainsi que de la lutte contre le trafic de la drogue. On a d’autres projets d’accords à préciser et à signer.
5.BDG : Dans d’autres secteurs particulièrement celui minier, la Russie vise à accentuer et renforcer sa présence dans l’exploitation de la bauxite en Guinée. Elle est présente à travers Rusal dans les préfectures de Fria, de Kindia et tout récemment à Boké à travers l’accord d’exploitation du projet « Dian-dian ». Quelles sont les échéances pour la relance et la réalisation effective de ces projets ?
Ambassadeur : D’après mes compatriotes de la Compagnie « RUSAL », toutes les nouvelles entreprises de cette compagnie doivent être opérationnelles pendant le printemps 2018.
6.BDG : Quel sera le coût global d’investissement de ces différents projets et combien d’emplois ces projets pourraient-ils générer ?
Ambassadeur : Les chiffres sont les suivants :
*Investissements : 500 millions de dollars ;
*Nombre d’emplois pour les guinéens : 3000 travailleurs ;
Le Président de la République de Guinée Alpha Condé a effectué, vous le disiez tantôt, une visite d’Etat récemment en République Fédérale de Russie, accompagné d’une forte délégation de parlementaires et d’hommes d’affaires et en marge de cette visite officielle, s’est tenu le premier forum Russo-guinéen autour du thème « Coopération Commerciale et Economique en tant que facteur de développement dynamique ». Quels étaient les enjeux et les orientations de ce forum ?
Ambassadeur : Ce forum a eu un énorme succès. Cinq accords de coopération ont été signés dans les domaines de la santé, de l’épidémiologie, de la formation de cadres, de l’agriculture et de la lutte contre le trafic de drogue. Plusieurs accords ont été signés avec de nombreuses entreprises russes dont une dizaine ont exprimé leur souhait de travailler en Guinée. Je souligne que ce forum n’était qu’un début, il y en aura beaucoup d’autres mais ce début a été couronné de succès à 100%.
8.BDG : Parlons formation à présent. La Russie et la Guinée collaborent étroitement depuis plusieurs dizaines d’années dans le domaine de la formation, avec l’envoi d’experts russes dans les institutions d’enseignement supérieur, mais aussi par l’octroi de bourses d’études et de formation pour les étudiants guinéens. Quel bilan faites-vous de cette collaboration ?
Ambassadeur : C’est une bonne et vielle tradition de former les cadres guinéens en Russie. Cette année, on a octroyé à la Guinée 60 bourses d’Etat. Je ne compte pas les nombreux étudiants guinéens qui sont partis en Russie pour faire leurs études payantes. Il y a sept ans, la Compagnie « RUSAL » avait choisi 100 jeunes guinéens pour aller terminer leurs études en Russie. En majorité, ils ont été formés spécialement pour faire carrière de préférence dans le domaine des mines et à la même époque, environ 70 experts russes et russophones travaillaient en Guinée, surtout à l’Université Gamal Abdel Nasser de Conakry. Cette tradition continue et j’espère que le nombre d’experts russophones augmentera davantage, selon les nécessités.
Pour finir, avez-vous un message particulier à passer au peuple guinéen ou aux autorités ?
Ambassadeur : En 2018, nos deux pays fêteront le 60ième anniversaire de leurs relations diplomatiques. Je crois que « le bilan est globalement positif », comme disait à l’époque Georges Marchais. La récente visite officielle en Russie du Pr Alpha Condé, en prélude de marquer et de couronner de succès cette étape des 60 ans d’une relation que ne démentira pas l’adage « le vieil ami vaut deux nouveaux ».
Tout le parcours de nos relations bilatérales, le prouve.
Pour terminer, je souhaite aux guinéens de s’unir davantage pour se transformer en une nation, État-nation, parce que l’Union fait la force ! Bonne chance !
Merci.
In Le Bulletin du Gouvernement, novembre 2017