Tout sur la déportation des illégaux guinéens aux USA : l’ambassadeur Mamady Condé ouvre son cœur…
La traque des ressortissants illégaux aux Etats-Unis d’Amérique se durcit. De nombreux guinéens concernés par la déportation attendent leur tour. Comment se fait cette expulsion ? Qui sont dans le viseur des Américains ? Les expulsés rentrent-ils avec leurs biens ? Peuvent-ils poursuivre l’Etat américain s’il y a abus d’autorité ? Toutes ces questions ont été posées à l’ambassadeur de Guinée à Washington M. Mamady Condé. Sans langue de bois…
Mediaguinee : Monsieur l’Ambassadeur, les frais d’expulsion des ressortissants illégaux sont-ils pris en charge par les Etats-Unis ?
Ce sont les Américains qui prennent en charge les frais d’expulsion. Ils n’ont pas donné de dimension humanitaire à l’expulsion. C’est-à-dire que les gens ne sont pas accompagnés pour leur réinsertion au pays. Ils ne donnent pas d’argent pour ça. Mais les billets pour leur embarquement, jusqu’à Conakry, ça c’est à la charge des Etats-Unis.
Combien de Guinéens sont concernés à date par la déportation ?
Les 2.500 sans papiers, c’est l’estimation de l’Immigration américaine. Certainement, ça a évolué, parce que les 2.500, ce sont les statistiques de 2015. Nous attendons la prochaine réunion avec eux pour faire le point de la situation. Prochainement, nous devons nous retrouver avec Homelook Security, essayer de voir tous les paramètres et faire le point sur la situation d’ensemble.
Ceux qui doivent être expulsés, rentrent-ils au pays avec leurs biens ?
Vous trouverez par exemple qu’il y a Monsieur Condé qui doit être expulsé, a été notifié à la déportation, donc il doit quitter le territoire. Mais pendant ce temps, M. Condé peut travailler, il paye ses factures… Mais quand son dossier est réveillé par eux, ils viennent te chercher. Une fois que le titre de voyage est obtenu, ils t’interpellent en ce moment de venir. Dès que tu viens, on te signifie ton arrestation, que tu dois quitter le territoire. Mais tu ne quittes pas avec ton bien. C’est ce qui est malheureux dans cette affaire, parce qu’on les déracine de leurs familles. Les enfants et les femmes sont abandonnés. Ils abandonnent tout. Même ceux qui ont fait des investissements, qui ont des actions, qui ont des business, ils laissent tout derrière. C’est ce qui est malheureux dans cette affaire. Voilà la complexité de la situation. Et aujourd’hui, il y a des familles qui sont en détresse, parce qu’elles sont coupées de leurs pères de familles par exemple.
Donc, si tu es expulsé, la loi américaine ne prévoit pas de recours ?
Il y a des recours. On est dans un pays de droit. Les Etats-Unis donnent des opportunités à tous ceux qui sont concernés d’utiliser leurs droits. Mais vous savez, si tu as fini d’épuiser toutes les voies, en ce moment-là, tu n’as plus de recours. C’est très complexe. C’est une situation difficile mais qu’à cela ne tienne, nous faisons le maximum de nous-mêmes parce qu’on est conscient. Quelque part, il faut reconnaître que les Américains aussi ont raison, car on ne peut pas résider dans un pays sans que tu n’aies un papier officiel de résidence. Ça c’est un. Deuxièmement, tu ne peux pas être dans l’illégalité et te permettre de faire des actes criminels. Ce n’est pas normal. C’est pourquoi, nous passons tout notre temps à sensibiliser nos citoyens pour que désormais, ils respectent la loi, parce que tant que tu respectes la loi, tu n’as pas de problème.
Est-ce qu’il y a espoir pour la levée de la sanction ?
Bien sûr, il y a espoir. Nous, nous estimons que le ministre des Affaires étrangères était là le 15 septembre dernier. On a eu des entretiens, des séances de travail au département d’Etat. Et ça s’annonce bien. Je pense que dans un bref délai, certainement, nous allons remettre les choses en place. Il y en a qui sont interpellés à leur lieu de travail. Ce qui est dramatique dans cette affaire, une fois que tu es notifié à la déportation, considère que tu es en danger.
Mamadou Savané
+22622290565