Mohamed, fils de Sékou Touré: « comment comprendre que ceux qui condamnent le PDG détruisent tous les documents… »
Récemment, à l’occasion de la commémoration du 46ème anniversaire de l’agression portugaise du 22 novembre 1970 contre la Guinée, Mohamed Touré, le fils du président Sékou a déclaré à la presse qu’après 1984, à la prise du pouvoir par l’armée, toutes les archives de la République ont été compromises.
Selon Mohamed Touré, la crise que le pays traverse est due au manque de véracité de son histoire : «Nous traversons aujourd’hui en Guinée, une crise identitaire voulue, parce qu’on refuse notre histoire vraie. Ce que nous souhaitons, c’est que chacun assume sa part de responsabilité dans l’histoire ».
D’après lui, il y a des gens qui se sont opposés au régime du PDG, qu’ils le disent il y en a même qui l’ont écrit.
«Je sais que M. Jean Faraguet Tounkara qui a avoué être la tête pensante d’un des complots qu’on dit imaginaire, il a écrit et il l’a reconnu. Il faut dire au profit de Jean Faraguet que c’était un cadre du PDG et les cadres du PDG pour ceux qui les connaissent savent très bien qu’ils sont très déterminés à défendre en tout cas ce qu’ils considèrent être la vérité ».
A l’en croire, la fille d’un officier, qui a mené les opérations du 22 novembre 1970 «une certaine Biliguissa Diallo vient de regrouper les documents de son père pour les sortir dans un recueil dans lequel il reconnait qu’il a effectivement participé à l’organisation ou à l’exécution de l’agression, c’est une réalité ».
Pour lui, au lieu d’occulter cela et d’en avoir honte, «il faut l’assumer pour que les générations qui viendront puissent connaitre exactement la nature de notre histoire. Après 1984, à la prise du pouvoir par l’armée, toutes les archives de la république ont été compromises, or que tous étaient là. On parle aujourd’hui du camp Boiro, ce n’est pas un camp d’internement c’est sûr, mais avec une documentation. Ceux qui on été arrêtés, les motifs de leurs arrestations, les enquêtes qui ont suivi, tout a été catalogué. Comment se fait-il qu’après que le PDG qui est auteur de ce qu’on veut présenter comme le plus odieux de l’histoire guinéenne, conserve les documents de cette réalité et que ceux qui condamnent le PDG viennent détruire ces documents là, au lieu de les utiliser et en profiter pour faire éclater la vérité ».
« Le président est décédé de sa mort belle. Après lui, il y a eu le coup d’Etat une semaine après. Son bureau était intact avec tous les documents et toutes ses archives personnelles. Ceux qui ont fait le coup d’Etat ont eu directement accès à ces archives, alors pourquoi les cacher ? Pourquoi les détruire ? Pourquoi en faire finalement un objet, un outil de confusion ? », s’interroge Mohamed.
Et de prévenir : « Nous n’accepterons plus jamais que cette confusion perdure, c’est pour cela que des occasions comme cela, nous en profitons pour dire à tout le monde que ce n’est pas pour fustiger. On n’a pas besoin de condamner deux fois une même personne, ce sont des gens qui ont été pris la plupart du temps, condamnés sur des faits, on ne peut pas les recondamner. Donc le problème n’est plus là mais ceux qui veulent justifier et qu’ils disent non, cela été un tort, je souhaite qu’ils puissent produire des preuves de ce tort ».
« Il est possible qu’il y ait eu du tort, parce que c’était un évènement extraordinaire. Imaginer le peuple paisible de Guinée- Conakry en 1970. Une nuit de mois de Ramadan, 500 mercenaires armés et drogués débarquent et se mettent à tuer n’importe comment, cet évènement qui sort de la norme. On réagit conséquemment à cela pour se défendre, défendre la souveraineté de la nation », peste-t-il.
Par Elisa Camara
+224 654 95 73 22