Escalade verbale: grave fâché, le PDG-RDA demande d’abord au président Condé de faire « montre de plus de retenue »
La Guinée traverse une période de peur et d’impunité, le tout envenimé par des discours va-t-en-guerre qui sapent le fondement de la nation. Pour le Parti démocratique de Guinée-Rassemblement démocratique africain (PDG-RDA) -dirigé par Mohamed, fils de Sékou Touré, premier président de la Guinée-, « la rhétorique inflammatoire est en fait l’instrument politique le plus facile d’usage et à la portée de tous, sauf ceux qui volontairement et de façon responsable s’en défendent ». « Ainsi, poursuit le PDG-RDA dans sa déclaration en date du 21 juillet dernier, nous demandons d’abord au président de la République, opposant historique, aujourd’hui premier garant de la paix et de la stabilité nationale, puis à tous les autres leaders politiques du pays, de faire montre de plus de retenue. Déclaration…
«L’histoire de notre pays a enregistré une longue période de résistance farouche à la pénétration coloniale, suivie d’une lutte politique acharnée en vue de l’affranchissement du joug de la domination étrangère. Ces faits historiques avérés et incontestables ont assurément conduit notre Peuple à s’affranchir rapidement de cette domination à la faveur du Référendum du 28 Septembre 1958 qui proposait aux colonies françaises d’Afrique de s’associer a un projet de Communauté avec la métropole.
La nécessité de défendre l’indépendance du pays en préservant la souveraineté de la jeune Nation a amené le régime libérateur à s’engager dans un vaste mouvement de réformes systématiques profondes pour mieux résister aux tentatives de déstabilisation orchestrées par l’ancienne puissance coloniale, et promouvoir le développement économique, social et culturel de la Guinée.
Il est proposé aujourd’hui à la Nation de s’engager par rapport à une réconciliation nationale prétendument conçue pour exorciser tous les démons suscités par les dommages directs et collatéraux engendrés par les 26 années de pouvoir de la première République.
Le PDG-RDA qui est l’héritier légitime et fidèle des Pères Fondateurs de notre Nation s’associe à toute entreprise visant à restituer l’histoire véritable de notre pays, en respectant les valeurs universelles de la morale et du droit qui animent notre Peuple.
Le PDG-RDA s’engage également à résolument dénoncer toute tentative visant à ¨diaboliser¨ la première République tout en jetant un voile pudique sur les actes odieux commis par divers acteurs nationaux et étrangers, à différentes périodes.
Cette conspiration du silence qui tente d’occulter la farouche résistance de notre Peuple à la mystification et à la subjugation n’a d’autre but que de détourner notre pays des vrais enjeux et des vrais problèmes qui se posent face au développement de la Guinée.
En effet, profitant des crises successives qui ont émaillé l’histoire de la République française à la suite de la seconde guerre mondiale, de leurs conséquences au sein de l’empire colonial français, le Peuple de Guinée, sous la direction du PDG-RDA vota NON lors du referendum Gaulliste du 28 Septembre 1958. Ce vote a ouvert indéniablement la brèche qui causera et précipitera la dislocation de l’empire colonial français en Afrique.
En guise de représailles contre cet engagement guinéen et face à la posture nationaliste résolue du Peuple, fort de sa légitimité et animé de sentiments patriotiques, le gouvernement colonial français d’alors n’a pas attendu un seul instant pour déclarer une guerre sans merci au jeune État indépendant.
Cette guerre a été si acharnée, vindicative et perfide qu’au sein même de la société guinéenne, il a fallu attendre le rappel à Dieu du Président Ahmed Sékou Touré pour en découvrir toutes les facettes et implications. Ainsi, avec l’aide de décideurs français qui, libérant leurs consciences dans leurs mémoires, expliquent dorénavant à l’opinion le calvaire qu’endure le Peuple martyr de Guinée depuis son accession à la souveraineté.
Parmi ces témoignages, nous retiendrons entre autres ceux de Roger Faligot et Pascal Krop qui dans «la Piscine» en page 245 disent : « le Général de Gaulle avait donné le feu vert pour une action globale de déstabilisation. Pendant plus de 20 ans, les complots vont se succéder sur le sol guinéen …. Décision était prise d’éliminer Sékou Touré et d’installer par la force un nouveau régime à Conakry».
Monsieur Jacques Foccart, fidèle serviteur du Général de Gaulle et architecte incontesté de la fameuse françafrique, dont tout le monde semble se distancer à présent, révèle « timidement » quelques actes commis par ses soins dans ses tomes « Foccart parle », après être venu personnellement à Conakry en 1983, par l’intermédiation du Président Félix Houphouët Boigny, présenter ses excuses au Président Ahmed Sékou Touré.
Monsieur Pierre Messmer, officier émérite de la Légion étrangère de l’Armée française, qui fut également gouverneur colonial du Cameroun pour réprimer par le génocide, la lutte d’Independence du Peuple de ce pays déclenchée par l’UPC de Ruben Um Nyobe. Ministre des Armées de 1959 à 1969, Premier Ministre de 1972 à 1974 Pierre Messmer atteste dans ses mémoires « Après tant de batailles », comment il a agit pour saper l’indépendance de la Guinée et surtout, décrit à suffisance les motivations, la détermination et les moyens employés pour ce faire.
Le point culminant de toutes ces menées subversives et guerrières a été l’agression armée du 22 novembre 1970 qui fut perpétrée avec la participation du gouvernement colonial fasciste du Portugal qui a servit de tête de pont. La gestion des implications et conséquences de cette agression a nécessité une étroite collaboration entre le Gouvernement Guinéen et les Institutions Internationales concernées (OERS, OUA, Conseil de Sécurité de l’ONU). Ces événements sont tous consignés dans les différentes résolutions adoptées par lesdites Institutions.
Ces Résolutions établissent de façon irréfutable la véracité des faits liés à cette agression militaire, identifie clairement les commanditaires et complices guinéens et exigent des sanctions exemplaires à leur encontre.
Dans la nuit du 21 au 22 novembre 1970, combien sont les paisibles citoyens guinéens sauvagement assassinés dans les rues de Conakry ?
Le commandant de l’armée coloniale portugaise Alpoin Calvao cerveau de l’opération militaire dénombre au compte de son « OPERAÇÃO MAR VERDE » plus de 500 cadavres dans les rues de Conakry.
Personne ne veut plus parler de ces victimes actuellement. Leurs enfants et veuves se battent pour défoncer les portes du dialogue que ceux en charge de la « réconciliation nationale » semblent insidieusement mais obstinément leur fermer, comme si cela était possible.
Nous ne croyons pas en une « réconciliation » qui prendrait l’allure d’une vendetta au profit de ceux qui, par choix délibérés se sont opposés sans succès, à un moment ou à un autre, à l’indépendance de la Guinée et à la Libération de l’Afrique.
C’est pourquoi, fidèle à son ouverture d’esprit indépendant, le Régime du PDG a mené des négociations qui ont permis d’établir, par la reconnaissance de leurs propres gouvernements, l’implication de citoyens et/ou organisations étrangers à l’agression contre la Nation guinéenne. Et sur cette base, d’accorder la grâce et procéder à la libération subséquente des prisonniers de guerre allemands et français.
Dans la même lancée, sous les auspices des Nations Unis, la République de Guinée a renoué ses relations d’amitié et de coopération avec la République Fédérale d’Allemagne et la République Française.
Le Gouvernement Fédéral Allemand d’alors, proposa même le paiement de dommages et intérêts, pour les pertes en vies humaines et dégâts matériels. La Guinée du PDG y renonça en arguant qu’aucune somme d’argent ne pourrait valoir la vie d’un seul guinéen, mais que l’Allemagne Fédérale pourrait bien agir pour faire accélérer l’indépendance des pays africains encore sous le joug colonial portugais.
Par rapport à la France, un communiqué a été signé conjointement par les gouvernements guinéen et français, et les Nations Unis. Dans ce communiqué, simultanément publié à Conakry, à Paris et à New-York le 14 juillet 1975, la France regrette les menées subversives de certains de ses citoyens contre la Guinée.
Par ailleurs, grâce à une diplomatie engagée et dynamique, la Guinée normalisera ses relations avec les pays frères d’Afrique dont les gouvernements s’étaient particulièrement impliqués, sous la pression de la France, aux actions contre elle. Ainsi, sous l’impulsion de leurs mouvements de jeunesses et de femmes respectifs, les relations entre la Guinée d’une part, la Cote d’Ivoire et le Sénégal de l’autre se sont considérablement renforcées depuis.
Le climat de confiance et d’apaisement résultant de cette politique déterminée du Régime du PDG c’est aussi manifesté à l’intérieur de la Nation. C’est ainsi qu’en 1977, une mesure d’amnistie générale est appliquée à tous les fils de Guinée impliqués dans ces menées de déstabilisation du pays, et qui avaient fait l’objet de condamnation, de façon directe ou par contumace par les juridictions souveraines du pays. La loi d’amnistie N° 14/AL/77 a été votée, rendue publique à la 39ème cession du Conseil National de la Révolution(CNR) le 18 Juillet 1977 et promulguée par le décret N°346 du 28 Juillet 1977. Cet acte accorde la grâce présidentielle aux condamnés résidant à l’extérieur.
Le PDG-RDA, Parti d’avant garde, garant de la légitimité du combat héroïque du Peuple africain de guinée, a déjà exposé à maintes reprises ses vues sur l’idée de réconciliation nationale. Il a indiqué que le contenu, la forme et l’étendue de celle-ci doivent être déterminés par des motivations découlant des enjeux véritable d’Unité Nationale, de Cohésion Sociale et de Développement effectif auxquels notre Peuple aspire ardemment.
Dans cet ordre d’idées, et face à la fragilisation sociopolitique prononcée de la Nation, conséquence de décisions et d’actions systématiquement conçues pour compromettre la cohésion nationale, le PDG-RDA demande à toute la classe politique de mettre un terme à la rhétorique inutilement et dangereusement provocatrice et incendiaire.
La rhétorique inflammatoire est en fait l’instrument politique le plus facile d’usage et à la portée de tous, sauf ceux qui volontairement et de façon responsable s’en défendent.
Est-elle pour autant la meilleure recette du moment ?
Nous disons non !
Ainsi, nous demandons d’abord au Président de la République, opposant historique, aujourd’hui premier garant de la Paix et de la Stabilité Nationale, puis à tous les autres leaders politiques du pays, de faire montre de plus de retenue.
Aujourd’hui comme pour toujours, nous ne pouvons qu’assumer notre passé et non le transformer à guise. Se faisant, nous allons tous concourir à assurer l’être et le devenir national au lieu de les compromettre.
Conséquemment, en tant que militants Sylis, incontestables citoyens de la Nation guinéenne, il est de notre devoir de déclarer solennellement, encore une fois, notre volonté et notre engagement à participer de manière constructive au processus de réhabilitation nationale.
Restaurer ainsi la plénitude de l’authentique vérité, dans la réconciliation du glorieux Peuple du 28 Septembre 1958 avec son Histoire. Mémoire du Peuple restituée dans toute sa majesté, parce qu’ayant résisté aux épreuves du temps et aux multiples tentatives de corruption.
Nous restons convaincus que c’est la seule démarche susceptible d’assurer la Cohésion Sociale et l’Unité Nationale dans notre pays.
Se réconcilier, c’est accepter de se parler franchement.
Vive le PDG-RDA !
Vive la République de Guinée !
Vive le Glorieux Peuple de septembre 1958 et de novembre 1970 !
Le Secrétaire Général