Gassama Diaby aux députés: ‘’le communautarisme ethnique et identitaire menace gravement notre pays, sa démocratisation et sa paix sociale’’
Le ministre de l’Unité nationale et de la citoyenneté Kalifa Gassama Diaby n’a pas fait samedi dans la dentelle face aux députés. M. Diaby a distribué des bonnes et mauvaies notes à toutes les composantes de la nation guinéenne. Une nation, dit-il, dont les fondements sont aujourd’hui menacés par le communautarisme ethnique et identitaire. Mais aussi par l’ethnicisme politique et instrumental. Extrais de son discours…
« C’est avec un réel sentiment de responsabilité que je vous expose ce matin la nécessité et les objets de ce projet loi relatif à l’institutionnalisation de la semaine de la citoyenneté et de la paix dans notre pays. De toutes les urgences légitimes auxquelles notre pays fait face, la problématique de la citoyenneté et de la paix dans son approche la plus complète apparaît dans notre pays comme la plus urgente de toutes. Tout d’abord, parce qu’elle incarne toues les dimensions fondamentales de notre système démocratique consacrées par nos textes fondateurs et leur philosophie substantielle.
Ensuite, cette question de la citoyenneté recèle en elle toutes les caractéristiques et tous les préalables de tous les ressorts de notre idéal national et de notre vouloir vivre ensemble dans la paix et la liberté égale.
Enfin, la problématique de la citoyenneté est ce qui exprime le mieux dans notre pays notre impuissance morale, structurelle et fonctionnelle de l’ensemble de la société et y compris de l’Etat d’une part mais aussi de la fragilisation brutale et suicidaire de notre corps social et politique, hélas.
Dès lors, parler de la citoyenneté de notre pays, c’est parler de l’Etat, de son exigence et de sa vitalité, parlez de la citoyenneté, c’est s’interroger sur notre système démocratique, sur son essence et son fonctionnement, parler de citoyenneté dans notre pays c’est aborder la problématique des droits, des libertés et des devoirs des citoyens dans leur rapport à l’Etat, à la société et à d’autres citoyens, parler du citoyen, c’est pointer du doigt nos obsessions ethniques, identitaires qui sont devenues des véritables dynamiques perverses de notre désintégration nationale et politique; parler de citoyenneté, c’est parler de paix, de paix démocratique, de coexistence pacifique dans la société avec des droits égaux, des libertés égales et une justice efficace et effective. (…)
Le constat est sans appel. Convenons-en. La réalité est brutale. Le communautarisme ethnique et identitaire menace gravement notre pays, sa démocratisation et sa paix sociale. L’ethnicisme politique et instrumental est devenu notre handicap majeur et une vulnérabilité inquiétante de la paix sociale et de la stabilité de nos institutions. L’évidence est douloureuse mais elle est palpable. Nous avons dans notre pays un manque criard et destructeur de citoyenneté, de culture de civisme, de culture de démocratie, et de facteurs démocratiques.
Ce constat, nous devons tous le reconnaître et en toute honnêteté, y mettre les mots et le langage qu’il faut et y faire face avec ténacité et intelligence car lorsque les maux ne disent pas le réel, le langage perd sa valeur et le politique son sens. A défaut, nos maux deviennent incompréhensible, inefficace et sans sens et la parole publique creuse et inaudible. Voilà les signes du désastre démocratique si nous ne nous y prenons garde.
Face à cette réalité, le langage creux par peur du réel et de ses désagréments et inconforts, nous tournons dans le vide en espérant désespéramment un salut miraculeux qui ne viendrait jamais dans un tel désastre moral et intellectuel.