Massé Camara, DG du Centre de perfectionnement administratif: ‘’la formation des jeunes fonctionnaires est nécessaire pour une administration forte et efficace »

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Depuis 2012, le projet ‘’Rajeunir et féminiser l’administration’’, qui est un des projets phares de l’immense chantier de réforme engagé en 2011 par les autorités guinéennes, poursuit tant bien que mal son petit bonhomme de chemin. Après 4 années d’existence, nous avons décidé de rencontrer l’un des acteurs majeurs de pilotage de ce projet, en l’occurrence le Directeur général du Centre de Perfectionnement Administratif du ministère de la Fonction Publique, qui en est son coordonnateur. Avec monsieur Massé Camara, nous avons parlé de l’évolution du projet ‘’Rajeunir et féminiser l’administration’’, ses difficultés et perspectives sans oublier, bien entendu, sa genèse. Lisez…
Comment est né le projet ‘’Rajeunir et féminiser l’administration’’ ?
C’est dans la perspective de la réforme de l’administration publique que le gouvernement, en collaboration avec la coopération française, a, pour la petite histoire, initié le projet ‘’Rajeunir et féminiser’’. L’exécution de ce chantier qu’on a appelé à l’époque, chantier N0 3 du fonds de sortie de crise, a été confiée au ministère de la Fonction Publique à travers le Centre de Perfectionnement Administratif (CAP). Donc, ce projet a pour objectif de former 1200 fonctionnaires pour la période allant de 2012 à 2016. Il devait, rappelons-le, s’achever normalement en 2015 mais pour des raisons dues à la maladie à virus Ebola, on n’a pas pu le poursuivre.
Le projet ‘’ Rajeunir et féminiser l’administration’’ s’adresse à quelle catégorie d’agent de la fonction publique ?
Il s’agit d’un projet de formation de jeunes fonctionnaires qui sont  effectivement engagés à la fonction publique et dont l’âge est inférieur ou égal à 40 ans.
Concrètement qu’est-ce qu’on peut retenir de ce projet depuis qu’il est lancé ?
Il faut rappeler que ce projet fait impérativement appel au niveau de la fonction publique à l’organisation d’un concours interne qui ne s’adresse qu’aux fonctionnaires dont l’âge est inférieur ou égal à 40 ans. Pour le premier concours, nous l’avons fait en 2012. Il y a eu 3750 candidats et on a pu constituer une promotion de 400 personnes. Ces 400 ont suivi la formation et il y a eu des lauréats. En 2013, on a organisé le second concours qui a connu la participation de 3880 candidats. Sur ce nombre, on n’a pu retenir que 400. C’est-à-dire tous ceux qui ont eu la moyenne supérieure ou égale à 10. Nous avons donc formé deux promotions de 800 jeunes fonctionnaires. La formation a porté sur les thématiques suivantes : l’administration publique et le management, la déontologie des fonctionnaires, l’informatique et la rédaction des documents administratifs. Le CPA est accompagné par les Sciences Po. de  Bordeaux sur la thématique administration et management. La rédaction administrative est enseignée par l’institut français de Guinée et nous avons une institution de formation locale, le CRIFIG qui intervient dans le cadre de la formation en informatique et en NTIC.
Est-ce que toutes les deux promotions qui sont déjà formées dans le cadre du projet ‘’Rajeunir et féminiser’’, ont été toutes nommées à des postes de responsabilité dans l’appareil administratif ?
A l’issue de la formation des deux promotions, il y a une évaluation qui est faite. Les candidats ou stagiaires sont soumis à un QCM qui est piloté par le CPA avec le leadership de Sciences Po. de Bordeaux et nous avons enregistré 482 lauréats qui ont répondu aux critères du test. Ces lauréats sont bel et bien des fonctionnaires guinéens qui ont été bien formés. Mais ils ne sont pas encore tous nommés à des postes de direction. En fait, l’un  des objectifs du projet, c’est d’insuffler une dynamique à l’administration publique à travers la formation des jeunes fonctionnaires bien formés. A date, nous avons sur les 482 lauréats 72 qui sont nommés à des postes de responsabilité. Notre souci aujourd’hui, est que tous ces lauréats soient nommés à des postes qui équivalent à leur compétence.
Les filles représentent combien sur les 482 lauréats retenus ?
Sur cet effectif, nous avons 71 femmes.
Peut-on savoir, au sein de l’administration, les services ou directions qui ont accueilli ces 72 lauréats ?
Ils sont déployés dans les départements ministériels. Parce que dans ce projet, toute l’administration publique est représentée. Car ces cadres sont issus de tous les départements ministériels.
Pourquoi aujourd’hui sur les 482 lauréats ayant bénéficié de formation, il n’y a que 72 qui sont postés ?
Si on est encore à 72 lauréats sur les 482, c’est parce que les Direction Ressources Humaines (DRH) invoquent la non-validation des cadres organiques et cette situation se complique surtout avec des restructurations ou des changements de gouvernement. Peut-être que nous allons profiter de cette occasion, les cadres organiques, étant signés. Il reste cependant leur opérationnalisation. Nous allons profiter de cela pour que des lauréats qui ne sont pas encore nommés à des postes, le soient. Je sais que notre département est en train de faire un lobbying dans ce sens.
A combien s’élève le coût de projet ?
Je dois rappeler ici que le budget de fonctionnement du CPA va dans ce projet. Mais, côté ambassade de France, je ne suis pas trop bien placé pour dire combien cela coûte. Une mission de Sciences Po. de Bordeaux est attendue dans la fin de ce mois pour une formation des formateurs avec à sa tête, Dominique Dabon, je pense que vous allez mettre à profit son séjour pour en savoir davantage sur leur l’apport dans le financement de ce projet.
Quelles sont vos perspectives à court, moyen et long termes ?
D’abord dans le cadre de ce projet, nous allons lancer très prochainement la formation de la dernière promotion, c’est-à-dire les 400. Le concours est prévu les 28 et 29 mai. Le 28, c’est la reconnaissance des salles et le 29, un dimanche,  ce sera le jour du concours. Au mois de juin, nous allons commencer la formation des 400 qui vont être retenus. L’une des particularités de ce concours, c’est qu’il est impossible d’aider ou de tricher. Parce que le jour où les candidats vont passer le test, c’est ce même jour que les résultats sont sortis. Nous sommes équipés ici d’un lecteur optique. C’est un ordinaire qui corrige les réponses des candidats. Nous avons des papiers pré-imprimés, chez nous il n’y a pas de PV, nous n’avons que des numéros qu’on appelle les codes-barres et nous ne faisons qu’introduire les feuilles dans le lecteur optique et c’est elle qui corrige et sort les résultats le même jour. Voilà la première perspective.
A côté du projet ‘’rajeunir et féminiser’’, il y a des formations que nous organisons. A ce niveau, nous n’avons pas besoin de test pour bénéficier de cela. Soit les départements nous proposent des sessions de formation auxquelles nous répondons toujours favorablement ou bien nous avons, nous-mêmes, notre plan d’action. Et à chaque fois que nous avons  fait un programme pour une thématique, nous envoyons des invitations dans les départements et les gens réagissent favorablement. Donc, nous allons continuer à exécuter parallèlement au projet ‘’rajeunir et féminiser’’, notre plan de formation. Tout ce que nous souhaitons, c’est la poursuite du projet ‘’rajeunir et féminiser’’.
Il y a  eu certes  des efforts mais, 1200 fonctionnaires par rapport à 116 mille, l’effet de la fonction publique, c’est largement insuffisant. C’est pourquoi, nous souhaiterons auprès du gouvernement et des bailleurs de fonds la poursuite de ce projet afin de donner la chance à d’autres nouveaux fonctionnaires. Parce que chaque année, on recrute. Avant, il y avait des salles probatoires qui étaient organisées au niveau du CPA. Pendant six mois les agents de la fonction publique venaient suivre des cours avant d’être mutés dans les départements. Ce stage étant arrêté, avec le projet ‘’rajeunir et féminiser’’, on va profiter de ses acquis pour assurer la formation des jeunes cadres.
Dites-nous quelles sont vos difficultés depuis que vous avez commencé à piloter ce projet ?
La difficulté majeure au niveau du CPA, c’est le financement. Nous sommes une institution et nous avons la volonté…  c’est une subvention qui est mise à notre disposition mais, nos ambitions sont nettement supérieures au montant mis à notre disposition. C’est pourquoi, nous sommes obligés d’arrondir beaucoup d’angles pour ne s’occuper de ce projet, ‘’rajeunir et féminiser’’.
En plus du manque de financement, il faut signaler la difficulté liée à la mise à disposition des fonds, c’est-à-dire le décaissement. Nous le comprenons, parce que nous traversons une période d’austérité. Cela n’est pas seulement au niveau du CPA ou du ministère de la Fonction Publique, c’est au niveau de l’ensemble de l’administration. Sinon dans l’ensemble, nous avons le soutien du gouvernement, de notre ministère de tutelle et à sa tête le ministre Sékou Kourouma. Il y a aussi l’Ambassade de France, les Sciences Po. de Bordeaux…
Votre dernier mot ?
Je réitère le même souhait de voir le projet se poursuivre. Notre administration a besoin de formation et les jeunes qui doivent assurer la relève, doivent être bien formés. Parce que l’administration est le bras armé du pouvoir politique. Quand l’administration est forte et efficace, l’Etat est fort. Donc, je souhaite que le gouvernement accorde beaucoup de crédit à la formation et au perfectionnement des fonctionnaires.
Entretien réalisé grâce à la collaboration avec SFCG, le PREMA, l’UCEP avec un appui financier de la Banque mondiale
 

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