« Panama papers », c’est sous ce nom qu’a éclaté l’une des plus grosses révélations de transactions de fonds, pas toujours licites, vers des paradis fiscaux. Des responsables et personnalités africains sont cités.
Des hommes politiques, des personnalités du monde entier sont mis en cause par les « Panamas papers« . Parmi les 140 personnes dont les noms sont publiés depuis dimanche se trouvent aussi des Africains.
Un travail de fourmi
Plus d’une centaine de journalistes de 76 pays différents ont analysé 11 millions et demi de documents (des mails, des fax, des tableaux…) transmis par une source anonyme du cabinet d’avocats panaméen Mossak Fonseca à la Süddeutsche Zeitung.
« Hypocrisie mondiale »
Les personnes ou structures incriminées auraient eu recours, parfois légalement, à des entités off-shore, situées dans des paradis fiscaux, pour échapper à l’impôt. Et c’est « une honte », de l’avis de Mouhamadou Mbodj. Coordinateur du Forum civil, Transparency International Sénégal, il se dit « scandalisé mais pas surpris ».
« Ces zones de non-droit et de recel, tout le monde les connaît. Depuis 2008, les Etats du monde les plus puissants, G8 et autres, à travers le G20, ont mis en place des mécanismes de réflexion pour trouver des solutions sur ces questions des paradis fiscaux, abus fiscaux, optimisation fiscale. S’ils ne parviennent pas à lever le voile sur ces zones, cela veut dire que depuis 2008, il n’y a eu aucun résultat en la matière. Aujourd’hui, alors qu’on parle d’universalisation des droits humains, on se rend compte que c’est un discours d’hypocrisie. Et cela révoltera les Africains quand ils le verront. »
Des proches et « fils de »
Parmi les noms publiés par les journalistes d’investigation, on trouve ceux d’un ancien président soudanais, Ahmad Ali al-Mirghani décédé en 2008, de fils d’ex-chefs d’Etat comme l’Egyptien Moubarak, ou le Ghanéen Kufuor, de relations de dirigeants (comme l’homme d’affaires ivoirien Jean-Claude N’Da Ametchi, réputé proche de Laurent Gbagbo) ou de membres de leur famille, citons par exemple la veuve de Lansana Conté, un neveu de Jakob Zuma ou encore la sœur jumelle du président congolais et députée de RDC Jaynet Désirée Kabila Kyungu.
Quel monde pour demain ?
Les « Panama papers » révèlent aussi des transactions entre entreprises, comme la Compagnie sahélienne d’entreprises, l’une des principales entreprises privées de travaux publics d’Afrique de l’ouest, des firmes d’exploitation minière ou portuaire. Une preuve de plus, pour Mouhamadou Mbodj, que le problème est global.
« On ne peut pas comprendre les licenciements, les fermetures d’usine, quand ces gens égoïstes placent leur argent pour spéculation financière dans des zones comme ça. Quel monde voulons-nous ? Pas ce monde-là ! Après, on veut combattre de manière sélective tel ou tel aspect parce que ça nous gêne, qu’on a mis des bombes… Il faut remonter la chaîne pour voir ce qui est à la base de tout ça. Je crois qu’il faut que les gens réagissent. »
Une quinzaine de pays africains feraient les frais, pour l’instant, de cette évasion fiscale.
Par DW
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