EXCLUSIF. Voici toute la vérité sur le barrage de Koukoutamba et la sous-représentativité de la Guinée à l’OMVS

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Les autorités de la transition ont annoncé mardi la suspension de la participation de la Guinée à l’Organisation pour la Mise en valeur du fleuve Sénégal (OMVS). Motivant ainsi leur décision par le retard considérable dans le financement du barrage hydroélectrique de Koukoutamba, dans Tougué (région de Labé) et la sous-représentativité de la Guinée dans les instances de décision de l’OMVS.
Pour éclairer la lanterne de l’opinion, Sé
kou KEITA, ancien Conseiller et Consultant du Haut-Commissaire de l’OMVS dit tout. EXCLUSIF.

La République de Guinée suspend sa participation à l’OMVS

1. Retard dans la mise en œuvre du projet de Koukoutamba

Le barrage hydroélectrique de Koukoutamba est un projet EPC plus apport de financement qui consiste à construire un barrage d’une capacité de 294 MW (plus grande capacité de l’OMVS), une route de 150 km et une ligne d’interconnexion de 530 km.

Le coût global des ouvrages (barrage, route, ligne citée du maitre d’ouvrage) est de 812 798 559, 01 USD.

Le financement de 690.878.775,16 USD, soit 85% du cout du barrage est assuré par Eximbank de Chine. Les États supportent le reste des 15% représentant un montant de 121 919 783,85 USD.

Le prêt occasionne des services connexes qui se chiffrent à 216.559.687 USD, supportés par les États membres. Ainsi, le coût global du projet (ouvrages et services connexes) s’élève à 1.029.358.245 US en HT

Composantes non financées : Trois composantes essentielles et incontournables du projet estimé à 140.279.603 USD ne sont pas encore financées et aucune démarche appropriée n’est amorcée pour lever cette difficulté qui pourrait impacter négativement le projet. En effet, la non-disponibilité du financement pour ces composantes, les travaux de la partie financée du projet ne pourront jamais commencer. Le cout estimatif de ces composantes non financées se décomposent comme suit :

Plan de Gestion Environnemental et Social (PGES)/PAR : 83.279.603 USD
Ingénieur Conseil pour le contrôle et supervision :  36.000.000 USD
Unité de Gestion du Projet (UGP) : 21.000.000 USD

Problématiques liés au contrat commercial signé en 2019 : le contrat commercial signé en 2019 entre l’OMVS et l’entreprise chinoise Sinohydro a été résilié dernièrement à cause de l’existence des nouvelles procédures pour les financements du gouvernement chinois. Ces nouvelles existaient depuis 2018, mais inconnues par les autorités de l’OMVS.

Selon ces procédures, le maitre d’ouvrage doit formuler une requête de financement qu’il adresse au Ministère du commerce chinois qui fait évaluer le projet par des services techniques chinois compétents. Les résultats de cette analyse sont retournés au Maitre d’ouvrage pour attributions. S’ils sont concluants, le maitre d’ouvrage rédige une deuxième requête qu’il adresse à Eximbank de chine pour financement. C’est après cette étape que le contrat est signé par le Maitre d’ouvrage et la société retenue.  

Dans le cadre du projet de koukoutamba, les premières requêtes de financement formulées par les États membres sont en cours d’analyse au niveau du Ministère du commerce de chine.

L’OMVS pourrait envisager de confier à nouveau le contrat à Sinohydro en raison de son niveau de connaissance du projet par ce dernier.

Recommandation : l’OMVS doit engager dès maintenant les démarches au niveau d’autres institutions de financement pour mobiliser le financement nécessaire à la couverture des composantes non encore financés pour éviter tout arrêt après la fin de la procédure au niveau de la partie chinoise.

2. Sous-représentation de la République de Guinée dans les effectifs du HautCommissariat de l’OMVS

Le Haut-commissariat de l’OMVS comptait à la fin de l’année 2022 un effectif global de trente-sept personnel cadre. Ce personnel anime les activités au niveau du cabinet du Haut-commissaire, le Service de l’Audit Interne et quatre services techniques à savoir une Direction Administrative et des Moyens Généraux (DAMG), une Direction financière (DF), une Direction des Infrastructures Régionales (DIR) et uneDirection de l’Environnement et du Développement Durable (DEDD).

La répartition de cet effectif entre les services susmentionnés est particulièrement déséquilibrée notamment pour la Guinée. Elle se présente comme suit par État-membre :  

Sénégal : douze cadres dont trois mandataires, soit trente-deux pourcent ;
Mauritanie : dix cadres dont trois mandataires, soit vingt-sept pourcent ;
Mali : neuf cadres dont un mandataire, soit vingt-quatre pourcent ;
Guinée : six cadres dont deux mandataires, soit seize pourcents, la moitié du personnel sénégalais.

La prise en compte du Haut-commissaire adjoint pour la Guinée fera passer l’effectif global à trente-huit cadres dont seulement sept cadres guinéens.

Cette situation a été accentuée par la contribution de es trois éléments :

a) L’adhésion tardive de la Guinée (2006) à l’OMVS. Il faut préciser que l’impact de ce facteur devrait être moindre si les autorités qui se sont succédé à la tête de l’Organisation avaient veillé sur l’esprit d’équilibre entre les États-membres ;
b) La non-observation de l’accord non écrit qui disait qu’il fallait donner la priorité, à égalité de compétence, dans le recrutement de tout personnel cadre à la République de Guinée, jusqu’à ce qu’elle compte le même nombre de cadres que les autres États membres ;
La possibilité de nominations et la transformation des postes de personnel d’appui en postes de cadres exercée par les Haut-commissaire de l’OMVS, notamment dans la période entre 2017 et 2021, sans aucune règle préalable.

Ce déséquilibre se justifie très mal dans la mesure ou les quatre États ont la même exigence en termes de couverture des charges de fonctionnement annuel du Haut-commissariat. En effet, depuis 2006, les quatre États-membres contribuent au même niveau dans le financement des budgets annuels.  

Recommandation : La Conférence des Chefs d’États et de Gouvernement de l’OMVS doit prendre une Résolution spécifique qui donne la priorité à la Guinée dans le recrutement du personnel cadre jusqu’à ce que celle-ci se retrouve au même niveau que le pays qui compte actuellement le plus grand effectif.

SEKOU KEITA, Consultant en stratégie de communication politique-institutionnelle et des médias. Ancien conseiller et consultant a l’OMVS.

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