A moins de deux mois du délai annoncé pour la fin de la transition, des langues se délient autour d’un éventuel glissement. Une situation inévitable, selon le président du Mouvement Pour le Progrès (MPP). Il l’a fait savoir lors de la présentation de la vision dudit mouvement ce week-end à Conakry.
De l’analyse de cet homme politique, les deux tendances qui se dégagent à cet effet pourront conduire au non-respect de l’accord conclu entre la junte au pouvoir et la CEDEAO sur la durée de la transition, explique Dr Fodé Cissé. « Nous sommes dans une période où la transition est tiraillée entre un monde qu’ on a contesté qui est un monde fait de division, un monde fait de haine, un monde fait de violation des lois. On est tous d’accord avec ça. Ce qui a abouti au coup d’Etat. Alors on nous a annoncé un nouveau monde. Vous comprenez? Vous savez quand l’ancien s’estompe et que le nouveau se met en place qui entraîne souvent une crise. Et nous sommes dans cette crise inter-règne. Alors le plus souvent, c’est fait de contradiction, c’est fait de mésentente, c’est fait de résistance parfois. Mais ce qui est important aujourd’hui, malgré les efforts de réformes qui ont été faites, ce qui est important de signaler, c’est qu’il y a deux groupes d’acteurs et de pratiques. Il y a certains acteurs qui veulent qu’on aille vers le nouveau monde qu’on nous promis, fait du respect, de cohésion nationale, de respect de la loi, de l’Etat. Un Etat qui n’est pas un instrument de propagande politique, ainsi de suite. Mais il y a des acteurs qui veulent nous tirer vers le derrière, qui veulent nous ramener à l’ancien schéma. Voilà notre lecture de la situation (…) Le glissement est inévitable. Pendant ce glissement, nous, notre position, c’est l’appel au dialogue, qu’on s’essaye autour de la table pour redéfinir les choses. Parce que, dans ces bisbilles-là, seule la coopération peut nous sortir de ça. Chacun ne peut pas s’enfermer dans sa logique pour pouvoir dire que non, c’est moi qui détient la raison ».
Mais de quel bord appartient le MPP?
« Nous nous situions au niveau des acteurs qui veulent qu’on aille de l’avant, qu’on aille vers le monde de cohésion, le monde où il n’y a pas de haine, un monde où la politique se mène avec une vertu, pas sur la base communautaire, mais sur la base d’un projet, de débat politique, de débat de projet contre projet. Pas pour dire, je suis un de vous, votez pour moi. Nous, on veut aller vers un monde où il n’y a pas cela. Un monde dans lequel les cadres sont choisis sur la base de leurs compétences, pas sur la base partisane. Voilà notre position par rapport à la transition », déclare Dr Fodé Cissé.
L’autre point d’achoppement entre les acteurs concernés par les futures élections, c’est une éventuelle candidature ou non de l’actuel locataire du Palais Mohammed V. Dans une adresse à la nation, le général Mamadi Doumbouya a rassuré que ni lui, ni aucun membre du gouvernement ou du CNT ne sera candidat. Un souvenir que continue de garder Dr Fodé Cissé. Cet ancien proche collaborateur du tombeur d’Alpha Condé le 5 septembre 2021 ne se fait aucun doute sur le respect de cette parole d’officier donnée. Son raisonnement repose, dit-il, sur des éléments factuels. « Aujourd’hui, il y a un coup d’Etat qui s’est effectué, moi-même j’étais président de la commission civile du CNRD. Le général Mamadi, j’ai travaillé avec lui, il a fait un engagement. Il a dit qu’il ne sera pas candidat. Jusqu’à preuve du contraire, on ne l’a pas entendu dire qu’il sera candidat. Ça, c’est la première preuve que nous avons. La deuxième, il y a un certain nombre de fonctionnaires de l’administration qui se lèvent pour sauver leurs postes, ils sont en train de se battre pour qu’il soit candidat. Voilà les données factuelles que nous avons », laisse entendre le président du Mouvement Pour le Progrès qui, à son tour, n’a pas encore affiché l’ambition du mouvement qu’il dirige, de prendre part à une quelconque compétition électorale.
M.S.L. Baldé