Le quartier Ratoma-centre, dans la commune de Ratoma, s’est engagé ce dimanche 27 octobre, lors d’une cérémonie de déclaration publique pour l’abandon des mutilations génitales féminines et du mariage d’enfants organisée par l’inspection régionale de la Promotion féminine, de l’Enfance et des personnes vulnérables de la ville de Conakry avec l’appui de l’UNICEF-GUINÉE.
Les citoyens de ce quartier qui ont répondu présent en début de matinée, au terrain de Blaki, ont, à travers cette action, souscrit à l’abandon de toutes les violences basées sur le genre.
D’après les résultats du MICS de 2016, le taux de prévalence de l’excision est de 96% tandis que le taux élevé du mariage des enfants est de 21 % dans la région de Conakry, avec des effets néfastes sur les filles et les femmes victimes.
Dans son discours de bienvenue, le chef de quartier, Alsény Camara, a rassuré de son engagement à tout mettre en œuvre pour éradiquer ce fléau.
Le président de la délégation de la commune de Ratoma, Ahmed Sékou Traoré, a déclaré ceci : « Nous savons depuis un moment que cette pratique néfaste ne cesse d’endeuiller nos communautés. Oui, nos filles, nos femmes qui sont victimes de ces pratiques n’arrivent plus à nous procurer plus d’enfants. Alors, nous trouvons cela comme un crime. C’est pourquoi nous sommes heureux de constater que nous ne sommes pas seuls à y penser mais nous sommes motivés par des institutions et des ONG engagées afin de nous accompagner dynamiquement. Mais aujourd’hui, volontairement, suite à plusieurs campagnes de sensibilisation pour un changement de mentalité, de comportement, nos mères s’engageant désormais à abandonner cette pratique mais à s’adonner à des activités génératrices de revenus pour permettre à nos communautés de se développer ».
Présente à cette cérémonie, l’Inspectrice régionale de Conakry, madame Cissé Saran Condé, a aussi saisi l’occasion pour rappeler dans quelles circonstances se tient cette cérémonie.
« Cette cérémonie organisée par le Ministère et ses partenaires techniques et financiers (UNICEF-Guinée) dans le cadre de l’exécution de son programme de coopération 2024-2028 est un événement spécial car elle est la toute première du genre dans la ville de Conakry. Comme vous le savez, les mutilations génitales féminines et les mariages d’enfants constituent des pratiques profondément ancrées dans nos coutumes et traditions, elles demeurent à l’égard des filles et des femmes une forme de violences basées sur le genre, qui ont des conséquences physiques et psychologiques néfastes sur la santé des femmes et des filles. C’est pourquoi, mon département, avec l’appui de ses partenaires qui accompagnent la politique du Ministère, s’engagent avec les autorités au plus haut niveau à la condamnation publique de ces pratiques », a-t-elle martelé.
Poursuivant, l’Inspectrice régionale de Conakry a mentionné que l’occasion est opportune pour signaler que les mutilations génitales féminines et les mariages d’enfants constituent aujourd’hui un problème au regard du développement et de l’ampleur ainsi que des conséquences que ces fléaux sont en train de prendre en République de Guinée.
« Il est évident que l’éradication d’un tel phénomène passe nécessairement par la conjugaison des efforts de l’ensemble des acteurs, surtout quand on sait que ces pratiques sont sous-tendues par des conflits sociaux sans réel fondement. C’est pourquoi l’implication de tous, notamment les autorités à tous les niveaux, y compris les chefs de quartier, les religieux, les leaders communautaires, les organisations de la société civile et les personnels de santé est indispensable et que leur rôle est primordial quand on veut obtenir une transformation sociale positive dans nos communautés pour l’éradication des violences en général et des mutilations génitales féminines en particulier. En tout état de cause, le gouvernement guinéen, en adhérant aux instruments juridiques internationaux, de promotion et de protection des droits de la femme et des filles, s’est engagé à éradiquer sous toutes leurs formes les violences qui empêchent l’épanouissement de la femme et de la petite fille. Ce n’est que la phase pilote, autrement dit la flamme qui est allumée, elle doit nécessairement se prolonger sur toute la ville de Conakry ».
Devant l’assistance, Nènè Maïmouna Camara de l’UNICEF-GUINÉE a placé ces quelques mots par rapport à cet engagement pris par les citoyens de Ratoma-centre : « cette déclaration protégera nos filles et nos jeunes filles des conséquences liées à ces pratiques néfastes dont le mariage des enfants avant l’âge de 18 ans mais également la mutilation génitale féminine de nos jeunes filles. Nous vous remercions et vous exhortons en tant que UNICEF à mettre en œuvre cette déclaration qui sera signée aujourd’hui devant toutes les autorités ici présentes mais aussi devant cette communauté ici présente. Et nous vous réaffirmons notre engagement à vous accompagner dans le cadre de la mise en œuvre de cet engagement qui sera pris aujourd’hui ».
Pour clôturer cette rencontre, des témoignages ont été faits par des hommes et des femmes de Ratoma-centre, le tout suivi de la signature de la déclaration publique d’abandon des pratiques des mutilations génitales féminines et mariages d’enfants par les autorités de la commune de Ratoma, du quartier et du Gouvernorat de la ville de Conakry.
Mamadou Yaya Barry