Le président Umaro Sissoco Embaló doit reconsidérer sa décision pour sauver la Guinée-Bissau [Saliou Diallo]
La récente annonce du président Umaro Sissoco Embaló, laissant entendre la possibilité de renoncer à un second mandat, a pris de court à la fois son parti et l’opinion publique nationale et internationale. Cette déclaration inattendue a provoqué un véritable choc, tant au sein de la classe politique Bissau-guinéenne que parmi les observateurs étrangers, notamment en raison des enjeux cruciaux qui pèsent sur l’avenir du pays.
Un bilan axé sur la lutte contre la corruption et le trafic de drogue
Depuis son accession à la présidence en février 2020, le président Embaló s’est positionné comme un acteur déterminé à lutter contre le trafic de drogue, la corruption et la mauvaise gouvernance, des maux qui gangrénaient la Guinée-Bissau pendant des décennies. Sous son mandat, le président a fait de la lutte contre ces fléaux une priorité absolue, engageant des réformes visant à restaurer l’État de droit et à assainir les finances publiques. Ces initiatives ont contribué à renforcer l’image du pays à l’étranger et la stabilité du pays, même si elles n’ont pas toujours été bien accueillies par les élites locales corrompues, souvent impliquées dans ces pratiques illicites.
Si le président Embaló devait effectivement renoncer à briguer un second mandat, cette dynamique de réforme risquerait d’être gravement compromise. L’abandon de la lutte contre le trafic de drogue et le pillage des ressources nationales pourrait replonger la Guinée-Bissau dans une ère d’instabilité politique et économique, rendant le pays vulnérable à ceux qui cherchent à exploiter les richesses nationales à des fins personnelles.
Une présidence à la tête du CPLP en 2025 : une opportunité stratégique
Au-delà des frontières nationales, la Guinée-Bissau est appelée à jouer un rôle clé sur la scène internationale en 2025, avec la présidence tournante de la Communauté des Pays de Langue Portugaise (CPLP). La présidence d’Embaló à la tête de cette organisation représente une opportunité inédite pour la Guinée-Bissau de renforcer ses relations diplomatiques et d’attirer des investissements. Cela pourrait contribuer à restaurer la confiance des investisseurs internationaux et des partenaires au développement, notamment en démontrant que le pays reste engagé sur la voie des réformes et de la stabilité.
Si le président Embaló décidait de se retirer de la présidence avant ou pendant son mandat à la CPLP, cela pourrait affaiblir l’influence de la Guinée-Bissau au sein de cette organisation et compromettre des initiatives cruciales, telles que la coopération régionale pour la sécurité et la lutte contre le trafic de drogue. La Guinée-Bissau pourrait ainsi perdre l’occasion de renforcer sa position internationale et d’attirer des partenariats stratégiques bénéfiques à son développement.
Une décision lourde de conséquences pour l’avenir du pays
L’éventualité d’un retrait du président Embaló des prochaines échéances électorales est perçue par beaucoup comme une porte ouverte pour les anciens réseaux mafieux. Si ces « vautours » de la politique Bissau-guinéenne parviennent à prendre le contrôle du pays, il y a un risque élevé de retour aux pratiques néfastes du passé : le pillage des deniers publics, l’affaiblissement des institutions étatiques, et une recrudescence du trafic de drogue, qui faisait de la Guinée-Bissau un centre névralgique de ce trafic en Afrique de l’Ouest.
Les partisans du président estiment qu’il est essentiel qu’il continue à mobiliser ses forces politiques pour s’assurer que le pays reste sur la voie de la réforme et de la stabilité. Renoncer à cette lutte, en se retirant de la scène politique, serait interprété comme un abandon de la cause nationale, laissant la population à la merci de dirigeants potentiellement corrompus.
La nécessité de reconsidérer sa décision
Face à ces défis, le président Embaló doit sérieusement reconsidérer sa position. Son leadership et sa détermination à poursuivre les réformes sont nécessaires pour protéger les acquis de son mandat et empêcher le pays de tomber entre les mains de ceux qui n’ont que des intérêts égoïstes. La stabilité de la Guinée-Bissau, encore fragile, dépend largement de la poursuite d’un gouvernement engagé dans la lutte contre la corruption et le trafic de drogue.
Les prochaines élections s’annoncent comme un moment charnière pour l’avenir du pays. Le président Embaló a le devoir de renforcer ses troupes politiques, de remobiliser ses partisans et de préparer une stratégie solide pour assurer la continuité de son projet de réformes. Renoncer à un second mandat risquerait non seulement de compromettre ces efforts, mais aussi d’ouvrir la porte à un retour à une gouvernance corrompue et inefficace, au détriment des populations qui espèrent un meilleur avenir.
En conclusion, le président Umaro Sissoco Embaló doit repenser sa décision pour l’avenir de la Guinée-Bissau. Son retrait laisserait le pays vulnérable à des forces destructrices qui pourraient anéantir les progrès réalisés ces dernières années. De plus, sa présidence à la tête de la CPLP en 2025 offre une plateforme unique pour consolider les gains réalisés sous son mandat et renforcer la position diplomatique de la Guinée-Bissau. Pour préserver la stabilité et continuer à renforcer les institutions du pays, il est crucial qu’il envisage de briguer un second mandat conformément à la constitution et qu’il reste à la tête de cette lutte essentielle pour le bien de son peuple.
Saliou Diallo