Jeudi 17 octobre, Cela fait 100 jours que les deux activistes du FNDC (Front national pour la défense de la constitution), Oumar Sylla alias Fonikè Menguè et Mamadou Billo Bah ont disparu sans donner signe de vie.
Cette disparition inquiétante fait couler beaucoup d’encre et de salive. Que ce soit du côté des proches des disparus ou du côté des organisations internationales de défense des droits de l’homme, cette disparition est jugée « préoccupante et inquiétante ».
Les faits remontent au 09 juillet dernier lorsque selon des témoins, des militaires visiblement relevant des forces spéciales ont fait irruption dans la nuit au domicile de Foniké Menguè où se tenait une réunion pour enlever sans mandat d’arrêt l’activiste et son compagnon Billo Bah pour une destination inconnue .
À en croire Mohamed Cissé, un autre activiste du fndc qui est apparu dans une vidéo, quelques jours après l’enlèvement, dit être arrêté en même temps que ses deux camarades et qu’il a été relâché le lendemain. Il affirme qu’après leur enlèvement, ils ont été conduits à la présidence puis dans une prison secrète à l’ île de kassa où ils ont été torturés.
Que disent les autorités ?
Une chose est sûre s’il y a une situation qui agace les autorités de transition, c’est bien le cas Billo Bah et Fonikè Menguè.
Du côté du gouvernement, on sent une certaine gêne. D’un côté le Premier ministre Bah Oury qui essaye de trouver les mots justes pour soulager les consciences. De l’autre côté, à la présidence, la question ne semble pas être une préoccupation. Le porte parole du gouvernement Ousmane Gaoul Diallo, lors d’un point de presse le 25 juillet dernier en compagnie du général Amara Camara, porte parole de la présidence, n’a pas hésité de dire que les adultes « ont le droit de disparaître aussi volontairement ».
En tout cas du côté du Fndc, la junte militaire n’est pas étrangère à cette disparition. Ibrahima Diallo, directeur des opérations du FNDC, a déclaré jeudi sur RFI que « la junte n’a pas d’autre choix maintenant que d’assumer ses responsabilités ».
Il dit craindre le « pire » pour ses camarades. « Quand ils ont été enlevés, on les a envoyés au pénitencier de Fotoba, à la commune de l’île de Kassa, non-loin de Conakry. Donc, nous, nous estimons qu’ils y sont toujours parce qu’on n’a pas reçu une information contraire. Et cette prison-là, c’est vraiment à la responsabilité de la junte. C’est une prison cachée et on a connu déjà la mort du colonel Sadiba Koulibaly [ancien chef d’état-major général des armées décédé durant sa détention, le 22 juin, NDLR] dans la même prison. Le colonel Célestin Bilivogui est également est passé par là », a déploré Ibrahima Diallo.
Du côté de la communauté internationale, la pression sur cette disparition ne faiblit pas. De l’ONU à l’UE en passant par les organisations de défense des droits l’homme, les prises de parole se multiplient. La dernière en date, c’est l’Union européenne qui demande aux autorités de transition de tout faire pour éclaircir les conditions de leur disparition et de les retrouver sans délai.
Dans cette affaire, l’irréparable a-t-il été commis ? Tout porte à croire !
En tout état de cause, cette disparition reste une grosse épine dans le pieds des autorités de transition.
Barry Mamadou Sarifou