Pour ma Guinée, 66 fois, je dis non ! [Sayon Mara]

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Nous sommes le 28 septembre aujourd’hui, jour où la Guinée a dit NON à de Gaulle, dit NON à

l’humiliation, dit NON à l’asservissement. « … Nous préférons la pauvreté dans la liberté à la richesse
dans l’esclavage… C’est ce souci de dignité, cet impérieux besoin de liberté qui devait susciter aux heures sombres de la France les actes les plus nobles, les sacrifices les plus grands, et les [beaux traits] de courage. La liberté c’est le privilège de tout homme, le droit naturel de toute société et de tout peuple, la base sur laquelle les Etats africains s’associeront à la République Française, et à d’autres Etats pour le développement de leurs valeurs et leurs richesses communes… », disait le Président Ahmed Sékou Touré, le lundi 25 août 1958, en réponse à la proposition de la France d’intégration à la nouvelle Communauté française. Cette célèbre déclaration du premier Président guinéen face au Général Charles de Gaulle continue encore de résonner dans les mémoires. La Guinée votera ainsi NON au référendum du dimanche 28 septembre 1958 et proclamera son indépendance, le jeudi 2 octobre 1958.

Peuple vivant au jour le jour de contradictions inutiles continuellement alimentées par les esprits tordus devant l’inertie délictueuse des ainés (vieux ou sages), la Guinée, notre mère patrie, a besoin aujourd’hui d’une vraie autopsie de son passé afin de comprendre ce qui l’empêche réellement de voir le bout du tunnel. Le miracle ne se produit jamais pour les nations au hasard ; il est la résultante d’efforts collectifs et conjugués. C’est comme si on faisait fi de l’une des paroles de Dieu après qu’Adam et Eve aient péché : «…vous vivrez dorénavant à la sueur de vos fronts…». Il est à admettre que le miracle, c’est dans les mains, c’est dans le travail et non dans le ciel comme pensent certains.

En effet, plus d’un demi-siècle après la proclamation de son indépendance, le jeudi 2 octobre 1958, arrêtons-nous un tout petit peu ; focalisons-nous, sans ambages, sur les différentes facettes de notre communauté de destin qui sera à sa soixante-sixième célébration cette année, c’est-à-dire l’an 66 de son accession à l’indépendance. Rétrospective au cours de laquelle sera passé au peigne fin notre vécu commun plein de gloire mais également de zones d’ombre. L’objectif de cet exercice de rétrospection profonde, interne et subtile, nous permet de nous rappeler toutes nos vies passées, d’éclairer la lanterne notamment de la nouvelle génération sur les zones d’ombre de l’Histoire de notre pays, en un mot, de tirer des leçons de cette expérience collective pour mieux garder le cap pour de nouveaux horizons. Faire un tel travail, voudrait absolument dire faire son propre mea-culpa pour assumer ses propres dérives et turpitudes, mais également, vouloir capitaliser
sur les expériences réussies. Un exercice certes difficile mais qui, pourrait nous permettre de placer
chacun devant ses responsabilités.

Les sages et les religieux ?

Le sage enseigne la sagesse. Sous d’autres cieux, les sages et les religieux jouent pleinement leur rôle de conciliateurs, de sensibilisateurs, de défenseurs des nobles valeurs, de rassembleurs et refusent tout ce qui pourrait aller contre la paix, la quiétude sociale et l’intérêt supérieur de la Nation. Ils promeuvent la culture de paix, renforcent l’interaction et la cohésion sociales, et ne renoncent pas à la vérité. Sollicités comme les derniers remparts, ils renforcent, en un mot, les liens qui unissent les peuples. Mais, très malheureusement, chez nous ici, en Guinée, nombre parmi eux ne se plaisent que dans des propos ou discours divisionnistes et ethniques. Plutôt que de rassembler, ils prônent ou cultivent le repli identitaire entre les fils et les filles de notre patrimoine commun.

Plus terrifiant encore, dans les moments difficiles de l’histoire du pays, la quasi-totalité des sages et
hommes de Dieu de notre pays, pour ne pas dire le tout, brillent manifestement de par leur indifférence. Ou, s’ils interviennent, ils n’interviennent jamais au moment où la situation commence à sentir; c’est lorsqu’elle pourrit, qu’elle ne peut pas être sauvée du tout qu’ils font leur apparition. Aux sages et religieux donc de mettre en tête qu’ils ont un rôle phare à jouer dans la construction de notre Pays et qu’ils n’ont pas du tout droit à l’erreur. Ils doivent comprendre qu’en phase difficile comme celle que traverse notre patrimoine commun, ils sont les derniers remparts.

Main dans la main, rien n’est impossible. Oui, le jeudi 2 octobre 1958, nos pères fondateurs nous ont prouvé que lorsque nous travaillons main dans la main, rien n’est impossible. Ce succès de la liberté dont nous sommes fiers aujourd’hui sur cette terre choisie par les ancêtres est le fruit de notre solidarité et de notre engagement commun. A nos martyrs et compagnons de l’indépendance, nous leur réaffirmons notre indéfectible soutien et nous leur disons que 66 fois nous disons non !

Bonne fête d’indépendance à tous et à toutes. Hommages à nos pères fondateurs pour l’énorme
sacrifice consenti par eux pour notre liberté. Ensemble, main dans la main, rien n’est impossible. La Guinée vient de très loin. Et surtout, soyons positifs, car Allah bè la Guinée fè !

Vivre ensemble, c’est avant tout s’accepter ! Chantons, dansons, höröya télé !

Sayon MARA, Juriste

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