Pépé Balamou sur la rentrée des classes en septembre : “nous étions réticents, mais vu l’importance de respecter les 9 mois de cours…”
La réouverture des classes session 2024-2025 est exceptionnellement fixée au 25 septembre prochain en Guinée. À l’approche de cette rentrée qui s’inscrit dans un contexte économiquement tendu avec des infrastructures scolaires souvent vétustes, les syndicats de l’éducation nationale ont décidé d’accompagner le département de l’Enseignement pré-universitaire dirigé par Jean-Paul Cédy, après avoir été associés aux discussions. Dans une interview accordée à Mediaguinee.com, le Secrétaire Général du Syndicat Nationale de l’Éducation (SNE), est revenu sur les raisons qui ont motivé cette décision, les enjeux pour les enseignants, élèves et parents d’élèves et le choix du syndicat à accompagner le MEPU-A.
Mediaguinee.com : Quelle analyse faites-vous de cette date et pourquoi avez-vous choisi de soutenir la décision d’une rentrée scolaire en septembre, malgré la situation économique que traverse le pays?
Michel Pépé Balamou : Comme vous le savez, la fixation de la date de la rentrée scolaire 2024-2025 au mercredi, 25 septembre s’annonce dans un contexte économique caractérisé par une forte demande sociale, la perte drastique du pouvoir d’achat des parents d’élève, mais un peu aussi de l’impréparation dans les concessions scolaires, qui dans leur majorité écrasante ne sont pas bien entretenues au regard de leur état de vétusté très poussé. Mais il faut reconnaître que nous syndicats de l’éducation nationale, avons bien attendu, été associés à la réunion d’échange sur les préparatifs de l’ouverture des classes. Au départ, nous étions réticents à une rentrée en septembre. Cependant, après des discussions approfondies, nous avons compris l’importance de respecter les 9 mois de cours prévus par nos programmes d’enseignement, contre les 8 mois habituellement réalisés. Cette considération technique, entre autres, nous a convaincus de soutenir cette date. Autres raisons qui ont poussé le syndicat, la fédération des parents d’élèves et amis de l’école, le collège des fondateurs d’écoles privées, à accompagner le département dans cette dynamique, c’est qu’une rentrée en septembre nous permet d’aligner notre calendrier scolaire avec celui des autres pays de la sous-région, comme la Côte d’Ivoire, le Mali, le Gabon. De plus, les longues vacances de 4 mois pour les élèves des classes intermédiaires nuisent à leur apprentissage, car ils désapprennent et se tournent vers des activités informelles. Cela justifie une rentrée anticipée.
Mediaguinee.com : En dehors de la date fixant cette rentrée, quels sont les principaux défis auxquels les enseignants seront confrontés cette année ?
Michel Pépé Balamou : Les défis majeurs concernent le paiement à temps des primes de documentation pour les enseignants et la fourniture des matériels didactiques nécessaires. Ces primes, il faut le préciser, s’élèvent à 300.000GNF à l’enseignement Pré-Universitaire et à 750.000GNF pour les enseignants chercheurs. Il faudrait que l’État puisse les payer à temps. Ensuite, il est essentiel que le budget de l’enseignement Pré-Universitaire soit alloué en temps voulu pour préparer les écoles et assurer une rentrée efficace. Cela nous permettra également de rendre les écoles propres, mais trouver également des budgets pour les DPE, IRE à l’intérieur du pays et à Conakry, pour superviser l’effectivité de la rentrée scolaire afin de se rendre compte que tous les enfants de la République sont partis à l’école au même moment et dans les mêmes conditions, en respectant l’ODD 90 du développement durable. Je pense que ces préalables-là doivent être respectés.
Mediaguinee.com : Comment voyez-vous l’évolution du secteur privé dans l’éducation, et quelles sont vos préoccupations à ce sujet ?
Michel Pépé Balamou : Le secteur privé, bien que nécessaire en raison du manque d’infrastructures publiques, mais est de nos jours mal réglementé. L’État a l’obligation de garantir une éducation de qualité pour tous, mais la privatisation excessive de l’éducation risque de priver l’instruction des enfants issus de familles pauvres. Cela reste une préoccupation majeure pour nous en tant que syndicat.
Mediaguinee.com : Justement, mais est-ce que au-delà vous ne craignez pas une reprise morose vu la lenteur administrative ?
Michel Pépé Balamou : Le syndicat est force sociale de veille, d’alerte et d’interpellation et de proposition. Nous faisons une lecture intelligente des réalités du moment. Nous savons que tout ce que nous sommes en train de dire ne peut pas être respecté dans un bref délai. Mais, cela ne nous empêche pas de dire ce que nous pensons pour le bon déroulement de la rentrée réussie, apaisée et exclusive. Nous avons espoir que les moyens seront mis par l’Etat pour satisfaire ce que nous sommes en train de dire à 70%.
Interview réalisée par Sâa Robert Koundouno
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