En République de Guinée, la question du prix d’achat de l’électricité est au cœur des débats économiques. Le pays, bien qu’abondant en ressources naturelles, est contraint d’acheter l’électricité à diverses sociétés, avant de la revendre à perte aux populations, une situation qui pèse lourdement sur les finances publiques.
Les Fournisseurs d’Électricité et leurs Tarifs :
Le Gouvernement guinéen s’approvisionne en électricité auprès de plusieurs sources, chacune avec des coûts différents. Parmi les principaux fournisseurs, on trouve :
Tèpower : Cette entreprise, implantée à la Tannerie dans la commune de Matoto, vend le kilowattheure au gouvernement à un prix de 2 900 francs guinéens. Ce coût élevé reflète les investissements importants nécessaires pour maintenir la production électrique dans cette zone.
Société de Gestion de Souapiti (SOGES) : Avec l’un des projets hydroélectriques les plus ambitieux de la Guinée, le gouvernement achète le kilowattheure à 1 200 francs guinéens. Souapiti représente une alternative plus économique, bien que des défis d’infrastructure demeurent.
Sénélec : Grâce à l’interconnexion avec le Sénégal, la Guinée achète l’électricité à la société Sénélec pour 1 900 francs guinéens le kilowattheure. Cette interconnexion est cruciale pour la stabilisation du réseau guinéen, mais reste plus coûteuse que les solutions internes.
Le Bateau Turc : Ce fournisseur mobile, arrivé à Conakry le 15 août 2024, négocie le kilowattheure à 1 700 francs guinéens, un prix plus favorable comparé aux 2 900 francs guinéens pratiqués sous la présidence d’Alpha Condé.
La vente à perte : Une stratégie de subvention risquée
Malgré ces prix d’achat élevés, l’électricité est revendue aux populations à un tarif subventionné de 800 francs guinéens le kilowattheure, sur recommandations du gouvernement. Cette politique de subvention vise à rendre l’électricité accessible à la population, mais engendre une perte financière significative pour l’État.
Avec 675 000 clients déclarés par l’Électricité de Guinée (EDG) pour la zone de grand Conakry , la différence entre le coût d’achat et le prix de vente est entièrement prise en charge par le gouvernement. Cette situation met en lumière la nécessité de réformes profondes dans le secteur de l’énergie.
Les réformes en cours : Vers une Modernisation du Secteur Énergétique
Face à l’insolvabilité croissante des ménages et des institutions publiques sans oublier les industriels, le Président de la Transition, le Général Mamadi Doumbouya, a donné des directives strictes pour l’installation de compteurs prépayés, à commencer par les départements ministériels, désormais tous équipés. Cette première étape sera suivie de l’installation des compteurs dans les ménages, avec pour objectif une réforme en profondeur de l’EDG.
Le bateau turc, avec une capacité de 114 mégawatts, devrait être branché sur le réseau interconnecté de l’EDG d’ici le 25 août 2024. Ce raccordement permettra d’augmenter l’offre énergétique du pays, réduisant ainsi la pression sur les autres sources d’approvisionnement.
Enfin, le Ministère de l’Énergie a un an pour installer des centrales solaires dans les chefs-lieux des régions naturelles du pays. Cette initiative vise à prévenir une nouvelle crise énergétique similaire à celle de la saison sèche de 2024.
Conclusion : Un Défi de Taille pour le Gouvernement Guinéen
Le Ministre de l’Énergie, de l’Hydraulique et des Hydrocarbures Aboubacar Camara, et son cabinet sont confrontés à un défi colossal : transformer le secteur énergétique guinéen pour en faire un modèle durable et économiquement viable. La gestion des coûts d’achat et la mise en œuvre des réformes nécessaires détermineront l’avenir énergétique de la Guinée, un enjeu crucial pour le développement socio-économique du pays.
Abou de Kindia