Affaire 2 milliards dollars us du “Paradis” : les explications (peu convaincantes) du ministre Mourana Soumah
« En tant que ministre des Finances, j’ai vu l’opportunité de financement, c’est ce qu’il faut voir derrière. Et le ministre des Finances assure l’équilibre financier de l’exécution du budget de l’Etat. C’est pour cela je me suis engagé, j’ai tenu la réunion avec mes collaborateurs (le secrétaire général, le conseiller juridique, le directeur de la dette). Ça n’a donc pas été fait en cachette, mais plutôt suite à un courrier officiel qui m’a été adressé par le Monsieur le Premier ministre »
L’affaire des 2 milliards de prêt sans intérêt continue de faire couler ces derniers jours beaucoup d’encre et de salive en Guinée. Le ministre de l’Economie et Finances, Mourana Soumah a dû se justifier et donner des explications sur ce sujet devant le Conseil national de la Transition (CNT). Des explications qui ne font que renforcer les doutes sur une opération que des connaisseurs des milieux financiers continuent de qualifier d’arnaque au “Paradis”…
« Juridiquement, comprenons que le Mémorandum d’entente entre le ministère de l’Economie et des Finances représentant l’Etat guinéen et le Consortium SEESEA n’est pas contraignant. C’est une intention de négociations. Premièrement, il n’a aucune valeur juridique engageant. Deuxièmement, on a pris soin de mettre dans les dispositions, l’article 9, que les parties se réservent de toute communication jusqu’à ce que tout soit stabilisé pour aller éventuellement vers un mode opératoire qui sera mis dans le cadre d’un contrat commercial. Pour exemple, la Guinée a signé 20 milliards de dollars avec l’accord sino-guinéen. C’est un mémo et c’est un accord de discussion, mais ce n’est pas de l’argent qui est décaissable. On a ouvert en fonction de la maturité des projets. Et en tant que ministre des Finances, j’ai vu l’opportunité de financement, c’est ce qu’il faut voir derrière, et le ministre des Finances assure l’équilibre financier de l’exécution du budget de l’Etat. C’est pour cela je me suis engagé, j’ai tenu la réunion avec mes collaborateurs (le secrétaire général, le conseiller juridique, le directeur de la dette). Ça n’a donc pas été fait en cachette, mais plutôt suite à un courrier officiel qui m’a été adressé par le Monsieur le Premier ministre. En réalité, tout est tracé et ce n’est pas une autosaisine, ce n’est pas un camouflage, mais plutôt des actes de bonne foi allant dans le sens de trouver les possibilités de financement importantes pour relancer la construction des infrastructures qui sont des ressources longues. Il faut donc trouver également ces ressources qui puissent nous mettre en équilibre. Alors sur cette question, je peux vous rassurer que l’Etat guinéen n’avait aucune intention de faire quoi que ce soit pour gérer et faire en sorte que ça ne soit pas profitable à l’Etat guinéen. C’était donc un acte d’intention ouvert qui pouvait être résilié. Et j’avoue que les MoU se signent par un rythme important dans tous les pays du monde. Par exemple, l’IPP comme l’a souligné l’honorable Mansa Moussa, commence par un MoU c’est-à-dire des accords de discussions et de partenariats. Ce n’est pas une valeur juridique, et aucunement ça ne contraint l’Etat. Moi je pense que nous devons peut-être essayer d’assumer un peu les responsabilités qui sont les nôtres, si surtout ça y va dans l’avantage de nos concitoyens ».
Décryptage : Sâa Robert Koundouno