Carburant “toxique“ en Guinée- Les pêcheurs artisanaux en détresse : « nous perdons énormément” (Marouf, chef port Kaporo)

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Du carburant souillé, toxique ou impropre en Guinée ? Entre désespoir et pertes, les pêcheurs artisanaux, les responsables des stations-service et même les automobilistes multiplient des plaintes. Ces citoyens qui disent avoir utilisé une mauvaise qualité du carburant il y a plus d’un mois, notent certaines anomalies qui ont des répercussions sur les leurs engins souvent en panne.
À date, on mentionne treize moteurs non fonctionnels au port de Kaporo, ce qui ralenti considérablement les activités des pêcheurs.

Interrogé ce mercredi 05 juin 2024 par un journaliste de notre rédaction, le premier responsable dudit port a estimé les pertes à dix (10) millions de nos francs, avant d’accuser l’État est reste indifférent malgré les informations remontées jusqu’au niveau hiérarchique.
« Cette question de carburant impropre est constaté depuis un mois et plus au niveau de notre port ici. Cela impacte négativement la production, parce que le nombre de personnes qui devraient aller à la pêche est considérablement revu à la baisse. Au-delà, nous avons à date dans nos garages, treize (13) moteurs qui sont tombés en panne. On a informé aux chefs hiérarchiques qui ont fait venir au moins deux personnes qui ont constaté les dégâts et qui ont confirmé que c’est exactement à cause de cette mauvaise qualité du carburant. Les dispositions sont en train d’être prises mais on a rien de concret d’abord. L’État n’est pas venu en aide et ils n’ont rien fait. Sinon nous nous travaillons avec tous les chefs des différents ports de Conakry. En plus, les fédérations de pêche telles que CONAP et même le ministère sont informés. Malheureusement aucune autorité ne s’est présentée encore. Nous continuons néanmoins à gérer ainsi », a signifié le chef de port de Kaporo, Marouf Soumah, avant de prononcer sur les pertes enregistrées.
« À date nous pouvons estimés jusqu’au environ de dix (10) millions de nos francs perdus. Parce que nous faisons les dépannages de nos moteurs qui varient entre 500.000 à un million deux cent milles francs guinéens. Cela est une énorme perte pour les pêcheurs, qui pour la plupart d’entre eux sont restés longtemps sans pouvoir travailler », a-t-il déploré avant de lancer enfin :  » nous demandons aux autorités de nous venir en aide. Nous n’avons pas d’autres moyens ».
Rencontré dans la cour du port, M’bemba Bangoura, pêcheur, dit avoir remarqué des choses étranges qui leur ont inquiété ces derniers temps.
 » Nos carburateurs sont fortement affectés ces derniers temps à cause de la mauvaise qualité de l’essence. Pourtant les pièces de rechange pour ces moteurs des pirogues sont excessivement chères. S’ils tombent en panne avec cette conjoncture, cela nous pose assez de soucis. Nous sommes des pères de familles. Nous avons des bouches à nourrir. C’est le moment ou jamais de nous venir en aide. Beaucoup de pêcheur vont en haute mer, mais ils n’arrivent pas à bien travailler. Car carburant utilisé depuis un moment n’est pas bon du tout pour nos moteurs. Ce carburant change même les couleurs de nos carburateurs. Au lieu de rouge, ca devient noir. Alors qu’un moteur d’une pirogue se vend actuellement à 24 millions. Imaginez la suite. Imaginez ensuite qu’un pêcheur soit en haute mer pendant cette période pluvieuse, et que sa pirogue arrive à s’éteindre. Qui va le sauver alors que la mer est remplie? « , s’est interrogé  ce père de famille de poursuivre  : nous interpellons les autorités à trouver solution face à cette situation. Nous souffrons vraiment ».
Les moteurs reçus dans des garages ont des réservoirs noircies par ce mauvais produit. C’est une confirmation de M. Salia Camara, mécanicien hors-bord. Ce facteur selon lui, affecte même ses mains, en voulant travailler sur ces engins.
« On m’a envoyé assez de moteurs ayant des pannes, provoquées par la mauvaise qualité du carburant que les pêcheurs utilisent. Ceci est une première chose chez nous ici. C’est quand-même inquiétant. Vous savez, quand les moteurs consomment ce carburant, il y a des saletés qui s’accumulent. Ce qui affecte gravement leur fonctionnement(…). Actuellement, j’ai beaucoup de moteurs ici en attente pour les réparations, comme vous pouvez le constater dans le magasin », a-t-il expliqué avant de soulever un autre problème.
« Autre chose, nous faisons face à une problématique criarde de manque de pièces de rechange. Les pièces de ces engins sont chers et parfois même, introuvables sur le marché », a conclu M. Camara.
Les ports ou débarcadères de la capitale guinéenne ne sont pas les seuls à subir de plein fouet, ces conséquences liées à l’utilisation du carburant souillé. Selon M. N’faly Cissé, chef de port de Nongo, tous les débarcadères et ports de la République de Guinée, notamment celui de Kamsar sont touchés par le fléau.  Au-delà, quelques stations service selon nos informations, ne font pas exception à la règle. Si certaines sont directement impactées, d’autres par contre ont des indiscrétions quant à l’existence de ce produit impropre et aux conséquences désastreuses.
« Nous ne sommes pas impactés ici, mais un de nos clients a évoqué ce problème d’essence hier ici. Il avait tenu à vérifier d’abord la qualité avant de prendre, sinon qu’il n’allait rien nous payer. Aussi, on a notre fournisseur qui m’a appelé hier pour dire que de façon générale, le carburant a des problèmes.  Et donc, qu’il ne pouvait pas nous ravitailler d’abord. Heureusement que nous avions le stock avec nous », a confié sous anonymat, un chef d’une station service située au quartier Kaporo dans la Commne de Ratoma.
Pour voir plus clair dans cette affaire et tenter faire taire toutes spéculations, la Direction centrale des investigations judiciaires de la gendarmerie nationale se serait saisie du dossier, devant déterminer s’il s’agit d’une réelle histoire liée au carburant « impropre » , selon certaines sources.
A la Société Nationale des Pétroles (SoNaP), c’est zéro commentaire.
Sâa Robert Koundouno 
(+224) 620-546-653

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