Le dimanche 03 mars dernier, un jeune aurait été dépouillé d’une somme de 700 mille fg, par des agents de la gendarmerie, en service à l’escadron mobile numéro 8. L’acte s’est passé à Diayabhé, un secteur relevant du quartier Madina, ici dans la commune urbaine de Labé. A en croire ce jeune âgé d’une trentaine d’années, qui s’est exprimé sous anonymat, sa mésaventure serait dû à un règlement de comptes. Pire encore, la victime qui se dit être vendeur de chanvre indien, accuse ces agents qui l’ont extorqué, d’être ses fournisseurs de cette drogue. En outre, selon lui, ce sont eux qui facilitent la vente de ce stupéfiant en percevant de l’argent de la part de ces vendeurs. Pour raconter cette histoire, commençons par revenir sur ses débuts. Selon ce jeune, qui se dit être un ancien informateur des agents de lutte contre la vente et la consommation du chanvre indien à travers la ville, nous est revenu sur la manière dont il a commencé de vendre cette drogue, sa relation avec ces gendarmes, qu’il accuse en service à l’escadron mobile numéro 8 de Labé, le type de drogue qu’ils lui fournissent et le prix. Avant de déballer le rôle de ces agents dans la vente de ce stupéfiant à travers la cité.
« Avant, je ne vendais pas de la drogue. J’étais un informateur. Mais je fumais la drogue, je partais dans les temples, j’observais comment les vendeurs étaient traités par les gendarmes, qui leur réclamaient quelque chose pour les laisser faire leur activité. J’ai compris qu’ils n’étaient pas dérangés, donc moi aussi je me suis lancé dedans. Comme j’avais des relations avec quelques gendarmes, à l’escadron mobile N°8, dont entre autres un certain Bouba, Kémo, You et Paclé, ces derniers ne me dérangeaient pas aussi. En plus, s’ils saisissent de la drogue quelque part, au lieu d’envoyer au niveau de leur service, ils m’appellent si je trouve le prix abordable j’achète. Ça fait près d’une année qu’on travaille ensemble. Hormis ça, ils me demandent un quota, je leur donne de l’argent. La dernière fois, ils m’ont vendu un demi-kg de chanvre indien en boule, plus des Tramadol. Ces agents cités, tout le long des cours d’eau de Labé, ils réclament au quotidien aux dealers des quotas », accuse-t-il.
Mais cette collaboration s’est terminée suite un différend que notre interlocuteur a eu avec un boutiquier à qui il confie son argent.
« Il y a quelques jours, j’avais confié de l’argent à un boutiquier à Diayabhé. D’une valeur de 2 millions 500 mille fg. Je suis allé lui réclamer l’argent, il m’a donné 500, ça restait 2 millions entre nous, je suis revenu pour le reste j’ai reçu encore 500 mille puis 100 mille. Deux jours après, je suis revenu, sa femme a dit qu’ils n’ont pas et si je veux je peux aller me plaindre. Par après, ils ne prendront qu’une garantie. J’ai informé Bouba, qui a envoyé son ami Paclé et autre, nous sommes allés à la gendarmerie, ils m’ont donné 1 million en demandant, de permettre au boutiquier de prendre une garantie, j’ai refusé. Après ils ont trouvé les 400 mille pour me restituer. En colère, les gendarmes m’ont dit que si je reviens là-bas pour un problème j’irais en prison. J’ai dit pas de problème », ajoute le jeune qui s’exprime sous anonymat.
Pour lui faire regretter son attitude, selon ce dealer, dimanche dernier, les gants se sont rendus chez lui pour le dépouiller de son argent. Tout de même, il dit qu’on ne l’avait pas pris avec de la drogue.
« Donc le dimanche, Bouba et certains agents sont allés à Diayabhé, ils m’ont dépouillé d’une somme de 700 mille fg. Je n’avais aucune drogue avec moi. Ils ont fouillé partout mais ils n’ont rien trouvé tout de même, ils sont partis avec mon argent », ajoute ce dealer.
Poursuivant, notre interlocuteur affirme détenir des preuves audio incriminant ces agents qu’il accuse de vendre du chanvre indien. Il lance une invite aux autorités compétentes de faire face à ces agissements.
« Tous nos échanges téléphoniques sont enregistrés, j’ai des enregistrements audio. Dès qu’ils m’appellent pour me proposer de me vendre de la drogue, ou me réclamer un quota, j’enregistre, en guise de preuve, puisque je sais que tôt ou tard, ils reviendront pour moi. Aujourd’hui, ma vie est en danger. J’ai décidé d’arrêter de vendre de la drogue, mais j’ai peur. Je demande aux autorités de faire face à cette situation, puisque ces agents-là ne sont pas en train d’accompagner la bonne marche de la transition »
Pour tenter d’équilibrer cette information, nous avons rencontré des responsables de l’escadron mobile numéro 8 de la gendarmerie de Labé lundi, qui nous avait promis de réagir mardi à partir de 12 mais cette promesse n’a pas été respectée. En attendant une réaction de leur part, les yeux sont rivés sur ce service. Affaire à suivre.
Tidiane Diallo