Un autre coup de Trafalgar. On attend plus le traditionnel JT de la télévision nationale, la nuit, à 20H30, pour annoncer la nouvelle.
Comme il y a un peu plus d’un mois, en fin de journée, à 18H pour être précis, quand le secrétaire général de la présidence, dans un décor qui en imposait la rugosité du pouvoir, annonçait la dissolution du gouvernement dont la moitié des membres suppliciés, ont été finalement repris, hélas, le même scénario s’est encore répété ce samedi.
A peuprès au même moment, en pleine journée cette fois-ci, à 14h, un week-end en plus. Cette fois, le tout puissant Général Amara Camara a ménagé son temps et ses efforts, pour laisser aux journalistes de la RTG de faire l’annonce. Trois Directeurs et leurs adjoints sont limogés.
Ce sont les premiers responsables de l’ANAIM, de la SONAP et de EDG, particulièrement sur toutes les lèvres à cause de la gestion peu transparente de la structure et du manque d’efficacité de ces patrons de Direction, à cet effet, congédiés.
Les décrets n’ont pas donné plus de détails sur les raisons de ce départ brutal et inattendu de ces responsables.
Cependant, on peut avoir la présomption qu’il s’agit pour le cas de l’EDG et de la SONAP d’une affaire en lien à l’approvisionnement du mazout pour alimenter les générateurs qui ne tournent plus. Ce sont les conséquences de la grogne générale de l’autre jour.
A propos de l’ANAIM, c’est peut-être une décision qui sanctionne des accusations de corruption. Bizarre pourtant, car on nous apprend que ce service est tellement bien géré, qu’il court vers la certification qui ne serait plus qu’une question de mois.
Il parait qu’il y en a encore d’autres Directeurs, notamment ceux des entités où ça sent le magot, qui devraient, très prochainement, subir les mêmes sorts.
Le balancier des commentaires, a alors logiquement muté. Les échos peu honorables du fameux remaniement ministériel sont à présent effacés par l’emprise du limogeage des Directeurs de ces puissants services de l’Etat, sur l’actualité et son tempo.
Une vieille histoire soudainement conjuguée au présent déchaîne les passions.
Des chapelles idéologiques s’affrontent. D’un côté, et pour caricaturer à l’extrême, on parle d’une mise en scène pour polir une gestion assez décriée. Ce camp ne manque pas d’arguments pour soutenir sa position. On invoque des faits tout aussi graves, restés impunis, et d’une justice à double vitesse.
De l’autre côté, les soutiens du palais Mohamed V, on est convaincu de la volonté du général de ne pas aller d’une main morte contre la corruption. De ne pas hésiter à sanctionner. De gagner le pari de la rugosité dans la gestion.
Pour convaincre les plus sceptiques, le patron doit éviter des réactions émotionnelles qui font qu’il n’y a pas de suite dans les actions fortes. C’est de s’assurer que les prétextes méritent la sanction extrême, qui tutoie parfois l’humiliation.
Gagner le pari de la rugosité, c’est aussi oser s’attaquer aux parrains haut perchés. Difficile certes, mais pas impossible.
Mognouma