Droit des femmes en Guinée: « la vie est longue. Pour en jouir la tête haute, il faut se tenir” (Dr Makalé Traoré)

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À l’image de tous les pays du monde, la Guinée célèbre la Journée internationale des droits de la femme ce 08 Mars 2024.
Avec une difficulté énorme pour cette gent féminine de se frayer un chemin dans un monde où l’infériorité reste marquée par le sexe de l’individu.
En 2024, cette journée est placée sous le thème « investir en faveur des femmes: accélérer le rythme » met en lumière l’importance de l’égalité des genres et l’autonomisation des femmes.
Cependant, Dr Makalé Traoré, femme leader, juriste et économiste de formation plaide en la faveur de plus de chance à  l’endroit de la couche féminine.
Pour elle, la santé des droits des femmes guinéennes évolue en dents de scie, une importante implication des autorités est une nécessité à travers des opportunités.
« Le respect du droit est un processus. C’est vrai que dans notre pays, il y a eu des hauts et des bas. Et c’est aller en dents de scie. Je pense que le premier régime a donné de la place et de la visibilité à la femme.
Et d’ailleurs, aujourd’hui, si encore tout le monde cite Jeanne Martin Cissé, si c’est Tante Jeanne que j’ai eu l’honneur de connaître avant qu’elle ne quitte ce monde, elle nous a toujours dit, nous avons été grandes parce qu’il y avait une volonté politique de faire de nous de grandes femmes, de grandes dames.
Elle a dirigé aux Nations Unies le Conseil de sécurité.
C’est vraiment le plus haut niveau de la décision. C’est le plus haut niveau mondial. Mais comment elle est arrivée là? Parce qu’elle a été nommée. On l’a mise à l’épreuve. Et elle a montré ses capacités. Donc le plafond de verre, c’est quand même la volonté politique. Je pense qu’aujourd’hui dans ce pays, il y a des centaines de Tantie Jeanne qui ont posé beaucoup d’actes. Parfois même beaucoup plus d’actes. Mais ce qu’elle a fait a été mis en lumière par une volonté politique. Et donc l’évolution en dents de scie est qu’aujourd’hui on met moins en lumière les valeurs féminines. Ça c’est une réalité. Donc elle est arrivée après le régime du général Lansana Conté, la junte militaire. Il a fait une affirmation, je pense qui a été une affirmation malheureuse. Quand il a dit « Pour moi la femme c’est à la cuisine».
Vous savez, au sommet de l’État, les mots ont un sens. Et ça, je pense que ça a été un peu le début d’un phénomène qui aujourd’hui a été un peu corrigé sous le régime du président Alpha Condé qui a féminisé l’administration et qui a commencé a donner de la visibilité à la femme guinéenne. Aujourd’hui, le général doit faire un effort de ce côté là. Les Guinéennes sont braves. Il y en a qui font beaucoup, beaucoup, beaucoup de choses. Mais je parle encore de ce plafond de verre qui est la volonté politique. Pour montrer qui vous êtes, il faut qu’on vous mette en situation de montrer qui vous êtes. L’exemple aujourd’hui qui est un exemple, je pense, qui mérite d’être cité, c’est la mise en place du cadre de dialogue inclusif politique et qui a été confié à trois femmes. C’est une première dans le monde entier.
Et je pense qu’avec mes deux mamans, on n’a pas démérité par rapport à cette mission qui a été essayée par beaucoup d’hommes. Donc voilà un peu le problème. Et on peut revendiquer, mais sans la volonté politique, on avance très, très peu. Ce plafond de verre-là, il faut que nos maris, nos enfants, nos papas acceptent de briser le verre», a-t-elle dépeint.
Pour cette ex leader politique, le droit de la femme n’est pas suffisamment défendu pour un changement positif, cependant, il faut plus d’inclusion et de soutien .
« La femme peut tout faire.Et on en fait la preuve tous les jours. La cellule la plus difficile à diriger, c’est la cellule familiale. C’est la plus difficile à  diriger. C’est la femme qui l’assume.
Et ce qu’on fait là est important pour la nation. Mais on peut le dupliquer dans beaucoup d’autres domaines. Donc si vous me posez la question sur les droits, naturellement, je dis encore une fois, c’est aller en dents de scie, bloqué par ce plafond de verre qui est la volonté politique. Et ça doit aller avec les devoirs. Aujourd’hui, notre pays fait appel, indirectement ou directement, à l’engagement des femmes.
Au plan moral, nous sommes tombés très bas. Et ça, je pense que le comportement des femmes, des filles, y est pour quelque chose. Une femme se respecte. Une femme pèse ses mots. Une femme sait où mettre ses pieds. Une femme doit savoir avec qui aller. C’est pas toujours le cas. Et donc, nous avons aujourd’hui le devoir de faire un travail sur ça. On n’est pas modèle simplement parce qu’on est entrepreneure, parce qu’on occupe un poste».
Dr Makalé Traoré demande plus l’autodiscipline à l’endroit des femmes et jeunes filles de nos jours.
« On est modèle aussi par son comportement. Et c’est un appel que je lancerai durant toutes ces journées. Je veux demander aux jeunes filles qu’elles soient courageuses et qu’elles acceptent pour l’amour de Dieu, de se préserver. La vie est longue si Dieu nous en donne la possibilité.
Pour en jouir la tête haute, il faut se tenir. C’est très important», a-t-elle conseillé.
Mayi Cissé 

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