Le mercredi dernier, un communiqué du maire de la commune urbaine de Kankan annonçant l’ouverture des stations-service de 8 heures à 18 heures a été diffusé sur les ondes des différentes radios locales. Ce jeudi 4 décembre 2024, nous avons visité plusieurs stations-service de la ville où il y avait du monde. Mais à notre grande surprise, à la station du Grand Marché de Kankan, nous avons assisté à un affrontement entre des citoyens venus se procurer de l’essence.
Cela nous a poussé à nous intéresser au trafic de carburant dans cette station. À notre grande surprise, les motos et les véhicules stationnés n’étaient pas servis, au profit de certaines personnes recommandées avec des bidons et des véhicules.
Nous avons recueilli les témoignages de certains citoyens, avant de nous entretenir avec un homme qui a accepté de répondre à nos questions. Parlant de son expérience, Abdoulaye Barry nous a fait part de sa mésaventure.
« Il était difficile d’obtenir du carburant aujourd’hui. Je suis sorti de chez moi à 4 heures du matin et je n’ai toujours pas réussi à en trouver. Je suis d’abord allé à la station située au carrefour de Siguiri et je suis resté là-bas jusqu’à 9 heures sans succès. Un ami m’a donné un litre d’essence que j’ai mis dans ma moto pour me rendre à une clinique de la place pour mes injections. Après cela, je suis retourné à la station située sur la route de Siguiri, mais je n’ai pas réussi à obtenir du carburant jusqu’à 11 heures. C’est en ce moment-là que je me suis rendu à la station du Grand Marché, mais même là, il était 15 heures et nous étions toujours sous le chaud soleil. J’étais très déçu. »
En ce qui concerne le trafic de carburant à la station du Grand marché de Kankan, il a dénoncé le comportement des militaires qui y sont postés, facilitant l’approvisionnement de certaines personnes au détriment d’autres.
« Les militaires là-bas agressent la population. Tous ceux qui font la queue sont ignorés au profit de leurs connaissances. Ils servent le carburant dans des bidons de vingt litres. Certains arrivent même avec quatre à cinq bidons et sont servis tranquillement, pendant que nous, nous souffrons sous le soleil. C’est de la magouille qu’ils font, ils ne sont pas honnêtes envers les gens. Pour obtenir dix litres d’essence pour nos motos, il faut payer entre 130 et 140 mille francs, alors que ce n’est pas le prix. Ils s’enrichissent aux dépens de la population, nous souffrons vraiment. »
Il a exhorté les autorités guinéennes à intervenir. « Nous demandons à l’État et aux autorités locales de nous venir en aide, car il y a trop de magouilles dans cette distribution. Nous ne pouvons pas continuer ainsi, tant que l’État ne s’implique pas, cette crise est loin de se terminer », a-t-il déclaré.
Il faut souligner que malgré l’implication du maire de la commune, sous l’autorité du gouverneur de la région, la crise de carburant persiste à Kankan, impactant les activités des différentes couches socioprofessionnelles de la ville.
Fodé Camara