Promotion du bilinguisme en Afrique francophone: ouverture du colloque international sur le bilinguisme dans les livres de jeunesse, à Conakry
Initié par les Éditions Ganndal, le colloque international sur le bilinguisme dans le livre de jeunesse a été officiellement lancé ce mercredi 08 novembre, à l’occasion de l’ouverture conjointe du Salon International du livre de jeunesse de Conakry. La cérémonie qui s’est tenue à l’Institut National de Recherche l’Inguistique Appliquée (INRAP) a mobilisé les cadres du Ministère de l’Enseignement Pre-Universitaire et de l’Alphabétisation (MEPU-A), les hommes des lettres et les partenaires des Éditions Gandal dont l’OIF, l’Institut Français.
Au cours des travaux, les participants vont échanger sur plusieurs thématiques relatives à l’intégration des langues nationales dans l’éducation de base dans un contexte de bilinguisme en Afrique Francophone subsaharienne tout en mettant un accent particulier sur le cas de la Guinée.
Aliou Sow, directeur général des éditions Ganndal et président de l’ASSEGUI a, dans son discours pour la circonstance rappelé l’importance des langues nationales dans l’éducation socio-éducative des enfants. « Il ne faut pas que les gens continuent de croire que nous devons rejeter nos langues. Nous leur montrons que par contre, il faut que les familles et toute la communauté éducative se mobilisent pour faire la promotion de nos langues. Parce que quand les enfants commencent à apprendre à lire et à écrire dans les langues maternelles, c’est-à-dire les langues dans lesquelles il s’exprime tous les jours, qu’ils comprennent le plus aisément. C’est ça qui va leur donner une fondation solide pour pouvoir affronter l’enseignement dans les langues européennes, comme le Français dans notre pays. Nous avons pu faire venir comme vous avez vu plusieurs pays africains où les éditeurs ont des expériences de bilinguisme dans le livre de jeunesse. Vous avez vu Madagascar, le Cameroun, la Côte d’Ivoire, le Sénégal, le Mali, le Bénin et tant d’autres qui sont dans la salle et qui sont venus donc apporter leur expérience, pour travailler avec nous, les éditeurs guinéens qui produisent des livres de jeunesse bilingue et aussi montrer une autre facette de ce schéma de prise en compte de nos langues pour les élèves non-voyants. Parce que vous verrez dans parmi les livres exposés ici les livres en langue nationale mais sous version braille, que les enfants non-voyants puissent aussi lire comme ceux qui sont voyants, ça c’est important », précise le délégué général du salon du livre de jeunesse de Conakry M. Alimou Sow.
Poursuivant, Remy Yameogo, attaché du programme de ELAN (École et Langue Nationale en Afrique) représentant de l’OIF fait remarquer que malgré les efforts qui sont en train d’être faits à date, beaucoup de choses restent encore à faire pour combler le vide, notamment le manque d’enseignants. « Selon l’UNESCO, il manque encore 44 millions d’enseignants dans le monde pour atteindre l’objectif d’un enseignement primaire et secondaire pour tous d’ici 2030. Et parmi les causes potentielles de cette pénurie d’enseignants dans tous les ordres d’enseignements figurent en bonne place les mauvaises conditions de travail, le haut niveau de stress et la faible rénumernération. Pourtant, la réussite de l’action de ces hommes et femmes reste tributaire de la qualité des outils utilisés pour transmettre la connaissance et faciliter les apprentissages. C’est pourquoi un accent particulier devrait être mis sur la problématique de la conception, de la production, de la promotion et la diffusion des supports de lecture afin de combler ce vide constaté dans le domaine faute d’un accompagnement véritable et d’offrir aux apprenants des sources multiples et variées de connaissances pour améliorer les performances scolaires. Au-delà des manuels classiques de lecture et des disciplines instrumentales ou non linguistiques, il convient de prendre en compte la place des autres supports de lecture (livres de contes, jeux, calendriers en langues nationales). Qui sont produits et qui doivent être également valorisés »
À en croire le représentant de l’OIF, M. Remy Yameogo, « la lecture reste le socle sur lequel se fondent les autres apprentissages et il est donc plus que nécessaire malgré la nécessaire évolution du numérique, d’offrir aux apprenants (enfants, adolescents, adultes) des ressources pédagogiques et des supports physiques de lecture variés afin de développer un environnement lettré susceptible de consolider les acquisitions. En tout état de cause, l’IFEF à travers le programme ELAN s’engage à poursuivre son accompagnement technique et financier à la hauteur de ses possibilités pour faire de la production du livre bilingue un défi à relever pour une éducation bi-plurilingue effective dans la perspective de l’atteinte des ODD 4 »
Présent dans la salle, Mohamed Bintou Keïta président du comité scientifique a apporté des précisions sur la place qu’occupe l’institut de Recherche linguistique Appliquée (IRLA) en Guinée. « Il faut savoir que l’IRLA est le gardien du patrimoine linguistique guinéen, l’institut de recherche que je dirige est un instrument technique de mise en œuvre de la politique linguistique de notre pays et à pour principal mission de contribuer à la promotion des langues guinéennes afin qu’elles deviennent des moyens de développement durable et partagés par toutes les populations guinéennes. Et l’IRLA est un partenaire privilégié des Éditions Ganndal ».
Au nom du Ministre Guillaume Hawing, l’inspecteur général du ministère de l’Enseignement Pre-Universitaire et de l’Alphabétisation venu honorer par sa présence de revenir sur les objectifs de cette rencontre de haut de niveau qui mobilise les amoureux de la lecture et de l’apprentissage. « Ce colloque international de Conakry est une occasion de faire découvrir à la jeunesse les avantages de la lecture et l’importance des langues nationales, pour leur développement personnel et également de les aider à accéder aux livres de jeunesse. Ces livres de lecture de bilingue aux enfants scolarisés ouvriront de nouvelles perspectives d’apprentissage du français et d’ouverture sur le monde, pour atteindre le niveau minimal de compétence en lecture à la fin du primaire. Il a été toujours établi que la valeur d’une nation dépend de la qualité de l’éducation de ces filles et fils. Or sans livre et sans lecture il n’ya point d’éducation de qualité et une sagesse nous enseigne aussi que la lecture est la nourriture de l’esprit. Donc sans une offre adéquate de matériel de lecture attrayant et de qualité il serait difficile d’inciter les filles et les garçons à la lecture et de leur donner la possibilité de pratiquer la lecture », dit-il entre autres avant de donner le coup d’envoi de cette 7ème édition qui s’est poursuivie par la visite des expositions des manuscrits dans la salle polyvalente de l’INRAP.
Mamadou Yaya Barry