Obtention des documents pour la fonction publique : un casse-tête pour les candidats, les banques et mairies débordées
Depuis l’annonce faite par le Ministère du Travail et de la Fonction publique d’un concours de recrutement à la fonction publique pour la session 2023, les différentes structures chargées de délivrer des documents officiels, notamment l’extrait de naissance biométrique, la pièce d’identité, le passeport biométrique, diplôme ou certificat de fin de cycle légalisé, le certificat de résidence, les reçus aux différentes banques, entre autres, sont débordées par les demandes. Ce lundi 30 octobre, notre rédaction a dépêché un de ses journalistes pour constater de visu le calvaire des Guinéens.
À la commune de Ratoma où l’on délivre l’extrait de naissance et le siège de la banque First Bank où se fait le payement des reçus, les gens disent avoir passé des heures ou des jours. Selon un responsable de l’état civil, avant l’annonce de ce nouveau recensement chaque machine ne produisait que 40 à 50 actes de naissance mais à date cette règle n’est plus suivie et l’état civil travaille jusqu’à 22h, y compris les week-ends pour satisfaire les demandes.
Aliou Souaré, chef service adjoint de l’État Civil de la commune de Ratoma a dans une interview accordée à notre rédaction fait savoir que malgré quelques contraintes auxquelles la commune est confrontée, ce responsable de l’état civil promet de tout mettre en œuvre pour mettre à toutes les personnes qui veulent postuler d’entrer en possession de ce document d’une grande importance dans ce processus. « Ce que je peux vous dire quand l’Etat prend une décision et toi étant un acteur chargé de mettre ça en œuvre cette décision, tu dois mettre tout ton énergie et ton intelligence pour pouvoir mettre en application les décisions venues de l’instance supérieure. Avec la rénovation de la grande salle de réception, la commune a trouvé des alternatives pour créer un environnement de travail. « Les locaux nous manquent mais comme il y a un espace dans la cour. Vous avez vu, on a cherché des tentes pour ne pas que les citoyens qui viennent soient sous le soleil. On a cherché des tentes, on a mis des bancs pour recevoir les gens. À ce niveau, on reçoit un grand nombre, ils s’inscrivent et on les identifie un à un. On a mis une commission de vérification de l’authenticité des actes qu’ils nous fournissent. Et quand ton acte n’est pas bon, on ne le prend pas mais on t’oriente pour être en règle, ça, c’est devenu un lieu de tri, disons. De l’autre côté, les personnes triées sont reçues sur la table à droit et sur table on reprend la liste et dès qu’on a 40 à 80 personnes, on les balance à l’équipe chargée de la rédaction », explique-t-il.
À en croire M. Souaré, pour répondre aux besoins, les travailleurs sont mobilisés, les machines sont allumées afin d’accélérer le processus de l’obtention de ce document. Et depuis l’ouverture du service jusqu’à notre arrivée dans son bureau à 11 heures, plus de 300 personnes ont été enregistrées pour la matinée de ce lundi 30 octobre 2023. « Nous ne voulons pas être les responsables ou les agents pour lesquels un citoyen, à cause de son non obtention de son acte de naissance, ne puisse pas soumettre. Peut-être son niveau intellectuel ou sa capacité de réaction peut le bloquer pour la validation. Mais nous, nous vous promettons que la machine ne va pas s’arrêter. Même si elle s’arrête, c’est juste pour 5 minutes pour qu’elle puisse souffler…Nous voulons que chacun profite de cette occasion et nous, notre rôle est prépondérant à partir du moment où l’Etat a demandé de faire cet acte », a-t-il précisé, avant de plaider pour l’augmentation des équipements pour accélérer le processus puisque le personnel existe déjà.
Rencontré dans l’enceinte de la commune de Ratoma, Mohamed Cheick Barry, venu récupérer son extrait de naissance biométrique, trouve l’organisation très structurée mais au contraire il trouve le processus lent. « Mais bon, vous voyez vous-même il y a beaucoup de personnes. Moi ce que je veux dire c’est de ne pas attendre quand on dit qu’il y a un concours et qu’ils cherchent à avoir les documents. Dans les conditions normales, tu ne dois pas attendre quand on annonce un concours pour rassembler tes documents. Imaginez, si j’avais mes documents avant cette date ce n’est pas ici je serai aujourd’hui. À la banque, je suis resté là-bas de 8h à 16 mais j’ai trouvé des gens là-bas eux ils ont passé la nuit à la devanture de la banque pour être enregistré en premier », a conseillé notre interlocuteur.
Poursuivant, ce diplômé en Miage à l’Université Gamal Abdel Nasser de Conakry en 2020, Gomou Zaro Simôn, trouvé à la devanture de la banque située non loin de la mairie explique son calvaire : « Je suis là depuis 6h mais on me fait comprendre que ceux qui doivent avoir le reçu aujourd’hui se sont déjà inscrits sur la liste, il faudrait que je m’inscrive à 4h du matin. Je n’ai pas pu m’inscrire parce que je suis venu à 6 h du matin. Mais avec l’insécurité puisque je quitte Kagbelen. Le calvaire c’est que cette banque (First Bank) n’a pas beaucoup d’agences. Nous invitons l’Etat à prendre des dispositions, pourquoi ne pas négocier à travers Orange Money pour qu’on puisse payer à partir de là directement et se procurer rapidement des documents puisque le délai est trop proche »
Il faut rappeler que toutes nos tentatives pour avoir la directrice de cette banque sont restées vaines. Le personnel de la sécurité privée posté à la rentrée nous a laissé entendre que la DG et son adjoint sont tous sortis. Une infirmation qui a été aussitôt démentie pour une cliente.
Mamadou Yaya Barry