À l’entame de son intervention ce mardi 24octobre 2023, dans l’émission Mirador de FIM FM, Kabinet Komara, ancien Premier ministre guinéen sous le régime CNDD et ancien Haut commissaire de l’OMVS (Organisation pour la mise en valeur du fleuve Sénégal) s’est réjoui du retour de la Guinée le 19 octobre dernier. Par la suite, il a rappelé l’histoire de l’adhésion de la Guinée en 2006 à l’OMVS et ce qui a conduit la Guinée à se retirer.
« Je me réjouis que ce différend soit levé. Je vais vous donner 4 raisons. La première, grâce à Dieu depuis que j’en étais à la tête, elle a été classée comme meilleure organisation dans le monde par la qualité de la coopération qu’il y avait entre ses Etats membres et par la qualité des projets intégrateurs au bénéfice des Etats membres que cette organisation a pu mettre en œuvre. Et à partir de là, beaucoup de pays venaient prendre l’exemple sur l’OMVS. Moi-même j’ai été invité en Asie, en Amérique latine, partout en Afrique (…) Donc entendre qu’il y a conflit entre ces pays, vous voyez ce que ça pouvait me faire. La deuxième raison, les Guinéens ne connaissent pas l’OMVS et pourquoi l’eau est si importante pour ces quatre pays particulièrement pour ceux qui sont en aval. Il faut savoir que l’OMVS, le fleuve Sénégal est composé de trois affluents (…) En 2006, c’est très important, l’OMVS à créé un projet de développement, ils ont dit il faut absolument que la Guinée vienne. Pourquoi la Guinée doit venir, si les eaux viennent de chez vous, il faut que quelque part il y ait quelqu’un qui relève tous les jours le niveau de l’eau dans les différents affluents. (…) Vous ne pouvez pas être en aval et ne pas mesurer ce qui se fait en amont, que ce soit en saison sèche ou en saison pluvieuse. D’où donc la nécessité que la Guinée rejoint l’institution. Parce que c’est la Guinée qui contrôle l’eau, c’est la Guinée qui peut donner les paramètres de l’échelle de l’eau. Donc la Guinée a adhéré en 2006. Donc l’OMVS ne pouvait se développer sur le plan sécuritaire sans que la Guinée qui est en amont ne donne les éléments techniques qui leur permettent de gérer les barrages, l’irrigation et tout ça. La Guinée a adhéré, elle a négocié et finalement ça ne s’est pas si mal passé. Mais naturellement les autres avaient les trois (3) sociétés. Et la Guinée par la suite, là je remercie le président Alpha Condé, quand en 2013, il a fallu renouveler l’institution, ma candidature a été proposée par la Guinée pour rentrer dans l’institution. Et c’est là que je rectifie beaucoup d’erreurs que font beaucoup de journalistes. Il y avait deux candidatures, la mienne et celle du Malien. (…). Par chance, j’ai été retenu. Mais en même temps, on a créé le poste de haut commissariat mais pas à titre intérimaire, comme beaucoup de journalistes le disent, non, on a créé ce poste par les chefs d’Etat. Donc nous étions à la tête de l’OMVS, le haut commissaire, l’adjoint et le secrétaire général. (…) Donc on a travaillé jusqu’à je finisse mon mandat après 4 ans (…) Et au moment où je quittais c’est très important, j’avais engagé des procédures de réformes de l’OMVS, pour que désormais l’OMVS ne tende plus la main aux pays pour les contributions. C’est cette réforme qui, à mon avis, a conduit à des incompréhensions. C’est pourquoi j’étais heureux qu’on revienne », explique l’ancien Haut commissaire de l’OMVS.
Par ailleurs, il est venu sur la nécessité du retour de la Guinée dans cette organisation. Selon lui, le Sénégal, le Mali et la Mauritanie dépendent de la Guinée en matière d’eau. Donc pour lui, ces pays ne pouvaient pas tirer pour que la Guinée reste longtemps. Vous savez, la diplomatie est souterraine, ces négociations ont commencé depuis New York, depuis que le chef de l’Etat était là-bas avec le président mauritanien c’est là-bas qu’ils ont décidé d’instruire leurs ministres des Affaires étrangères. C’était pour engager des pourparlers pour que ceci puisse prendre fin. Et je vais vous donner deux raisons pour cela. Vous savez dans le monde, les pays qui dépendent des autres pour de l’eau sont les plus vulnérables. Parmi ces pays vous avez l’Égypte. Toute l’eau qui vient de l’Égypte, vient d’ailleurs. Toutes les eaux qui viennent en Mauritanie vient de la Guinée. La Mauritanie n’a pas de cours d’eau. Elle ne peut pas blaguer que l’OMVS soit arrêtée. 100% d’eau consommée à Nouakchott proviennent du fleuve Sénégal lequel fleuve vient de la Guinée. Alors c’est l’OMVS qui vend à la Société des eaux de Nouakchott pour alimenter toute la ville sur 200km. Dakar aussi 50% de l’eau consommée dans la capitale sénégalaise est vendue par l’OMVS, c’est à dire de l’eau qui vient de la Guinée. Vous pensez que ces gens vont risquer (…) Là c’est très important que vous compreniez l’urgence. Et quand le Sénégal et la Mauritanie parlent d’auto-suffisance alimentaire, c’est parce que le Sénégal a déjà mis en valeur 100 mille hectares de terre, la Mauritanie est 75 mille, le Mali aussi un peu. Donc ces pays comptent sur l’eau (…) J’étais convaincu que et l’OMVS et la Guinée, n’allaient pas tirer très loin parce que dans l’histoire, il n’y a pas de pays qui partagent le même cours d’eau, qui soient rentrés en conflit armé, en conflit permanent sans le régler, c’est impossible. Parce qu’on est lié par un cordon ombilical qui est vital. Et tout pays qui veut utiliser l’eau comme ressource pour assoiffer l’autre, ne peut pas tenir parce qu’humainement ce n’est pas possible. Donc la Guinée ne pouvait pas tenir. Je vais vous donner d’autres chiffres, la Guinée exporte vers les pays voisins quelques milliards de dizaines de mètres cubes d’eau par an parce qu’il y a 1200 cours d’eau en Guinée », dira-t-il.
Christine Finda Kamano
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