La Mission de l’ONU au Mali a annoncé dimanche avoir « accéléré » son départ la veille du camp de Tessalit (nord) dans un contexte tendu ayant mis, selon elle, « en danger son personnel », dans le cadre de son retrait d’ici la fin de l’année de ce pays confronté au jihadisme et au séparatisme touareg.
Le camp de Tessalit a été ensuite « entièrement » récupéré samedi, jour de départ de la Minusma, par l’armée malienne, a indiqué dimanche cette dernière sur les réseaux sociaux.
La Minusma s’est désengagée de Tessalit alors que la région de Kidal, dont fait partie cette localité, est le théâtre d’une escalade militaire entre acteurs armés pour le contrôle du territoire. La mission de l’ONU dit avoir « achevé son retrait accéléré » de cette base « dans un contexte sécuritaire extrêmement tendu et dégradé, mettant en danger la vie de son personnel », dans son communiqué transmis dimanche à l’AFP.
Avant son retrait, ce personnel a « dû se réfugier dans des bunkers à plusieurs reprises en raison de tirs ». Ce fut le cas jeudi « 19 octobre lorsqu’un (avion cargo) C130 (tunisien affrété par la Minusma) a été touché à l’aile alors qu’il atterrissait à Tessalit », dit la Minusma, précisant qu’il n’y a pas eu de « blessés ou de dommages majeurs à l’avion ». Les derniers personnels sont partis samedi « dans un convoi terrestre » en direction de Gao, la plus grande ville du nord du Mali.
Avant son départ, la Minusma affirme avoir pris « la décision difficile de détruire, désactiver ou mettre hors service des équipements de valeur, tels que des véhicules, des munitions, des générateurs et d’autres biens », une « option de dernier recours » suivant les règles de l’ONU. Ces équipements « ne pouvaient pas être retournés aux pays contributeurs de troupes auxquels ils appartenaient, ou redéployés vers d’autres missions de maintien de la paix ».
Le camp de l’ONU à Tessalit était constitué surtout de soldats tchadiens. Des difficultés d’accès à Tessalit se sont posées aux « 200 camions » prévus pour « récupérer ce matériel ». Ils sont bloqués « à Gao depuis le 24 septembre, faute d’autorisation des autorités au vu de la situation sécuritaire » dans la région, selon la Minusma.
Le retrait du camp de Tessalit est le premier dans la région de Kidal et le « sixième » dans le pays. La Minusma avait aussi avancé celui de Ber, en raison de la montée des tensions. Il reste encore notamment l’évacuation du camp de Kidal, ville bastion des séparatistes, qui s’annonce périlleux.
Les colonels arrivés au pouvoir au Mali par la force en 2020 ont réclamé en juin dernier, après des mois de dégradation des relations, le départ de la Minusma déployée depuis 2013 dans ce pays en proie au jihadisme et à une profonde crise multidimensionnelle. Le retrait des quelque 11.600 soldats et 1.500 policiers – de dizaines de nationalités – qui étaient présents au Mali doit s’échelonner jusqu’au 31 décembre. Il a exacerbé les rivalités pour le contrôle du nord du pays.
Les groupes séparatistes s’opposent à ce que la Minusma remette les camps aux autorités maliennes, ce qui va à l’encontre selon eux des accords passés en 2014 et 2015 quand, après s’être soulevés en 2012, ils avaient accepté de cesser le feu et de faire la paix. Ces groupes à dominante touareg ont repris les hostilités contre l’Etat central, et le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM), affilié à Al-Qaïda, a multiplié les attaques contre les positions militaires.
AFP