Hadja Saran Daraba : « le dernier tracé frontalier de la Guinée a eu lieu en 1948. J’étais déjà née… »

0

Obtenez des mises à jour en temps réel directement sur votre appareil, abonnez-vous maintenant.

La date du 28 septembre de chaque année est perçue comme un rappel de l’histoire pour le peuple de Guinée qui a opté en 1958 pour le ‘’Non’’ à la domination française. 65 ans après cet acte libérateur du président Ahmed Sékou Touré et ses compagnons, les Guinéens restent fiers et déterminés à maintenir cet acquis héroïque de leurs devanciers.

C’est dans ce cadre les nouvelles autorités sous le leadership du président de la transition, le colonel Mamadi Doumbouya ont bien voulu donner une nouvelle dimension à cet évènement du 65è anniversaire, en consacrant toute la période allant du 28 septembre au 02 octobre 2023, à la réalisation d’une vingtaine d’activités. Ces activités planifiées dont des conférences thématiques visent essentiellement à rappeler les faits.

A la cérémonie d’ouverture de la série de conférences programmées au titre de cette semaine consacrée à la célébration de l’indépendance de la Guinée, le thème central ‘’S’inspirer du passé pour construire le futur’’. Ce thème qui tire son fondement de la volonté du vivre-ensemble résultant d’une histoire commune et d’un avenir partagé, a eu pour sujet de discussion une interrogation : « D’où venons-nous ? ». Un sujet à la fois pertinent et d’actualité qui a débattu par des panelistes de haut niveau à savoir Hadja Saran Daraba Kaba, Dr Makalé Traoré, Pr Jean Marie Touré, Aly Gilbert Ifono, Pr Joel Maxim Millimono.

C’était dans la salle des congrès du palais du peuple en présence du Premier ministre, Dr Bernard Goumou, du ministre Directeur de Cabinet de la Présidence de la République et des membres du gouvernement dont Louopou Lamah du Commerce, Guillaume Hawing de l’Enseignement pré-universitaire, Alpha Bacar Barry de l’Enseignement Technique, Dr Diaka Sidibé de l’Enseignement supérieur, Bachir Diallo de la Sécurité et de la Protection Civile, Lansana Béa Diallo des Sports et Mamoudou Nagnalén Barry de l’Agriculture et de l’Elevage.

Prenant la parole en premier, Hadja Saran Daraba a déclaré avoir le privilège d’appartenir à une génération qui est née sous la période coloniale. « Le dernier tracé frontalier de la Guinée a eu lieu en 1948. J’étais déjà née. La République de Guinée est née en 1958. Et nous sommes le seul pays francophone à avoir dit NON le 28 septembre 1958. Mais pourquoi c’est la seule Guinée qui a dit NON ? Comme toutes les colonies françaises, a contribué à donner des militaires pour aider la France à lutter contre les Nazis où des milliers de soldats sont morts au combat. Et c’est parce que cela fut qu’en 1946, la prise de conscience des Africains francophones a mené à la création du Rassemblement démocratique africain. Cela a eu lieu à Bamako, capitale de l’actuelle République du Mali. Mais à cette conférence, les délégués se sont entendus que chaque pays participant créerait son antenne nationale. À l’époque, on ne disait pas nationale : on disait territoriale, puisque nous n’étions pas encore des Républiques souveraines. Et la Guinée, du retour de Bamako, a créé le Parti démocratique de Guinée. Ce Parti démocratique de Guinée a eu l’avantage particulier d’être animé et dirigé par de grands patriotes qui ont été des syndicalistes, des enseignants, des médecins, des administrateurs et qui ont servi l’administration coloniale », a-t-elle enseigné.

A question de savoir en quoi le Parti Démocratique de Guinée (PDG) se distinguait des antennes d’autres territoires, la paneliste (Hadja Saran Daraba) a tenu à préciser que « la première distinction résidait là, avec des syndicalistes dans différents domaines qui constituaient l’équipe dirigeante du Parti Démocratique de Guinée, dont le premier Secrétaire général ne fut pas le président Ahmed Sékou Touré, plutôt M. Madéra Keïta du Mali. Dans son équipe dirigeante, le Parti démocratique de Guinée, a intégré d’autres non-Guinéens : des Sénégalais, des Maliens, des Ivoiriens, des Burkinabè qui ont été membres de l’équipe dirigeante du PDG. Et c’est pour cela que l’option panafricaniste est née déjà dans la Constitution du Parti démocratique de Guinée (…) Alors, de 1946 jusqu’en 1958, ce que le PDG a fait, c’est de veiller à l’implantation systématique du parti sur l’ensemble du territoire national. Tout le territoire national a été sillonné par les responsables et dans les plus petits villages, il y avait une section PDG-RDA à telle enseigne qu’en 1956, quand le gouvernement français a décidé de donner une autonomie à ses territoires, le gouvernement et l’Assemblée territoriale qui sont issus du vote, la République de Guinée donnait déjà une écrasante majorité au Parti démocratique de Guinée. (…). C’est pour cela qu’à la veille de l’indépendance, nous avions au PDG, deux députés sur trois à l’Assemblée nationale française, cinq maires sur cinq dans les communes de plein exercice, sept maires de moyen exercice sur neuf, cinquante-sept conseillers territoriaux sur soixante, onze ministres sur douze au gouvernement de la Loi-cadre, c’est-à-dire, le gouvernement territorial, quatre-cent quatre-vingt quatorze conseillers de circonscription sur cinq cent vingt-six, et trente-neuf mille neuf-cent deux sur quarante milles. »

A l’en croire, le PDG avait un quasi monopole la structure politique du pays, raison pour laquelle quand l’option a été offerte par le Général De Gaulle de choisir entre OUI ou NON, le président français d’alors a fait une tournée dans toutes les colonies. « Arrivé en Guinée le 27 août, il a trouvé que le PDG couvrait déjà tout le territoire et la messe était dite. Alors, l’indépendance de la Guinée n’est pas le fait d’une personne ou d’un groupe de personnes. L’indépendance de la Guinée est le fait du peuple de Guinée. Parce que tout ce qui pouvait concourir à avoir des voix dissonantes a été prévu, traité et assuré avant que l’on arrive le 14 septembre à la décision du Parti démocratique de Guinée de voter NON au référendum (…) Chaque fois qu’on me demande personnellement quelle est la chanson que je trouve la plus expressive par rapport à l’indépendance de la Guinée, parce que j’étais adolescente quand nous sommes devenus indépendants, je ne parle pas de l’hymne national, mais de l’engagement politique qui a amené la Guinée à devenir indépendante », a-t-elle conclu.

Quant aux autres panelistes, ils ont tour à tour reconnu ces grands faits. « Les jeunes, représentant 70 % de la population, ainsi que les femmes et les habitants des zones rurales, ont été identifiés comme des groupes qui ont souffert de l’insuffisance de perspectives et d’infrastructures. Bien que nous soyons riches en ressources souterraines, notre richesse reste inexploitée en raison de politiques de croissance qui ont laissé de côté quatre groupes vulnérables lors de nos efforts pour construire notre identité. Les jeunes, qui représentent 70 % de notre population, sont aujourd’hui les plus touchés. Bien que des efforts aient été déployés, ils demeurent largement exclus de notre croissance économique et de nos richesses. Un deuxième groupe affecté est constitué des femmes, qui travaillent de longues heures sans voir de perspectives pour bénéficier de cette croissance. Enfin, les zones rurales souffrent d’un manque criant d’infrastructures. Il est vrai que des efforts ont été déployés au cours des derniers mois, cependant, le fossé demeure considérable », dira Dr Makalé Traoré

Youl Keita

 

Obtenez des mises à jour en temps réel directement sur votre appareil, abonnez-vous maintenant.

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

Ce site utilise des cookies pour améliorer votre expérience. Nous supposerons que vous êtes d'accord avec cela, mais vous pouvez vous désinscrire si vous le souhaitez. Accepter En savoir plus

Open chat
Mediaguinee.com
Avez-vous une information à partager?
Besoin d'un renseignement?
Contactez Mediaguinee.com sur WhatsApp