Discours de Doumbouya à New York : « il n’a pas un programme ni à vendre encore moins à défendre» (Abdoul Sacko)
Les regards seront tournés ce jeudi vers le pays de l’Oncle de Sam, précisément à New-York, où le Président de la transition guinéenne prendra la parole au compte de la 78ème session ordinaire de l’Assemblée générale des Nations-Unies.
Porter haut la voix de son pays, partager avec les dirigeants du monde sa vision pour une Guinée unie et résolument tournée vers le développement seront entre autres, principaux axes de la communication de l’actuel patron du palais Roi Mohammed V. Y aura-t-il de la nouveauté dans ce discours du Col Mamadi Doumbouya au regard du bilan des deux ans en termes notamment du respect des libertés et droits de l’homme et les engagements pris avec ses collaborateurs pour l’adhésion des Guinéens à leur coup d’État du 05 septembre? Abdoul Sacko du Forum des Forces sociales de Guinée fait part de son scepticisme.
« Malheureusement, le Colonel ne dira absolument rien à ce rendez-vous aussi important, ce qui n’a pas été déjà dit. C’est ça la réalité, parce qu’il n’a pas un programme ni à vendre encore moins à défendre. S’il avait au moins respecté et fait respecter les engagements pris avec ses collaborateurs pour l’adhésion des guinéens à leur coup d’État le 05 septembre 2021, il serait parti vanter cela. Des gens me diront que la lutte contre la corruption qui a pris d’ailleurs une allure exponentielle aujourd’hui a porté fruit.
Que le Président nous dise la moralisation est à quel niveau dans la gestion de cette transition. C’est plutôt la prison, les règlements de compte qui constituent cette moralisation. Il va certainement aller défendre que qu’il a arrêté des gens, qui depuis plus de deux ans, il n’a pas pu libérer encore moins les confondre aux faits pour lesquels ils ont poursuivis. C’est ce qu’il va aller défendre ? », s’est interrogé le coordinateur du Forum des Forces sociales de Guinée.
Poursuivant, cet acteur de la société civile guinéenne a estimé que ce voyage de l’homme du 05 septembre 2021, est une façon pour lui de pouvoir souffler. Cependant, ce déplacement du Colonel, pense Abdoul Sacko, va « gravement » impacter le contribuable citoyen, vu tout ce qui a été entrepris en termes de communication et de négociation pour l’adhésion des guinéens vivant aux États-Unis.
« Toutes ces sorties avec les délégations, vous avez vu quel Président faire ce tintamarre-là? Préparer par-ci et par-là, sortir nuitamment de l’aéroport où on vient on coupe tout, même l’internet. C’est vraiment extraordinaire. Si le Colonel partait à la suite d’un chronogramme consensuel qui requiert la majorité écrasante du peuple de Guinée ; si le Colonel partait pour dire que mes compatriotes et moi nous nous sommes accordés sur l’avant-projet de constitution ; si le Colonel partait pour dire que mes compatriotes et moi allons tenir le référendum par exemple le 18 octobre 2023; les législatives le 25 décembre 2023; les communales en juin 2024 et la présidentielle en octobre 2024; s’il partait avec un programme bien ficelé et consensuel, la Guinée aurait mobilisé beaucoup de ressources pour l’accompagnement de la transition. Mais il va dire là-bas que je suis bloqué, je suis incapable de me faire comprendre avec mes compatriotes pour trouver un chronogramme consensuel ou bien dire là-bas que j’ai peur d’abandonner la transition parce que tout ce que j’ai reproché aux autres ma gouvernance est rendue coupable de tout ? J’ai des problèmes parce que je ne peux pas laisser le pouvoir comme ça, ne sachant pas le sort que va me réserver celui qui doit venir ? », s’est-il interrogé, lors d’un entretien téléphonique accordé à Mediaguinee.
Sâa Robert Koundouno
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