Le site d’information Guineematiin qui était soumis aux restrictions depuis quelques jours, est désormais bloqué en république de Guinée par des gens tapis dans l’ombre. Une situation qui sape le travail de plusieurs jeunes journalistes. Donc, pour en savoir plus, Mediaguinee est allé à la rencontre, hier mardi 19 septembre 2023 à la rencontre de son fondateur. Au cours de l’interview qu’il nous a accordé, Nouhou Baldé avec un cœur meurtri et qui ne sait plus à quel saint se vouer a invité ses confrères journalistes à l’accompagner afin qu’il soit rétabli dans ses droits.
Mediaguinee: Plus d’un mois que votre site Guineematin rencontre un problème de restrictions. Expliquez-nous de quoi il s’agit ?
Nouhou Baldé: C’étaient des restrictions qu’on avait imposées au site, maintenant, c’est un blocage total. Les restrictions c’est quoi ? C’est qu’on limitait la possibilité d’accès au site. S’il avait des milliers de personnes qui parvenaient à l’ouvrir par minute, par heure, ainsi de suite, on réduit ça à une petite dizaine de personnes qui parviennent à accéder. Donc, au départ c’était cela, c’est ce qui fait que beaucoup ne croyaient pas quand on disait que le site avait des problèmes, moi, en premier. Les premiers lecteurs qui m’ont contacté pour dire que le site avait des difficultés d’accès, je leur avais dit de redémarrer leur téléphone, de se reconnecter et de changer d’opérateur. Parce que j’étais certain que c’était à leur niveau puisque moi, je parvenais à ouvrir le site.
Mediaguinee: Y a-t-il eu amélioration ?
Nouhou Baldé: Non, il n’y a en a pas eu, au contraire, ça s’est dégradé. Au départ, c’étaient des restrictions, il y a des personnes qui parvenaient à se connecter. Ensuite, c’est devenu un blocage total. Donc, il y a eu plus de difficultés qu’avant. Entre-temps, on a fait assez de travaux pour essayer de contourner ces restrictions. On a changé d’hébergement pour pouvoir changer d’adresse IP, parce que nous pensions que c’était l’adresse IP de Guineematin qui avait été bloqué. Donc, lorsqu’on a débloqué ça, on a pensé que c’était fini. Mais, on a constaté que désormais, c’est le nom domaine Guineematin.com qui a été bloqué, c’est ce qui fait que les difficultés se sont multipliées. Maintenant, c’est impossible sauf si on active un VP ou alors on utilise le lien du site miroir. Mais, en utilisant le site miroir et VPN, on se rend bien compte que le site n’a aucun problème. Tout le problème est celui créé et entretenu par nos autorités via l’ARPT.
Mediaguinee: Selon vous, qui en veut à Guineematin ?
Nouhou Baldé: C’est la question que moi-même, je n’ai cessé de me poser pour quelle raison on fait ça ? Qu’est-ce qu’on a fait pour mériter ça ? On n’en sait absolument rien. Je sais tout simplement que nous sommes un site indépendant, libre, qui essaie de faire le mieux que possible son travail, sans tenir compte de la volonté ou des desideratas d’une autorité ou de qui que ce soit. On essaye de faire notre travail, et moi-même qui suis responsable du site, je suis totalement libre. Quand on me donne l’opportunité de m’exprimer, de donner mon opinion je ne m’en prive pas. Mais, je ne sais pas concrètement pour quelle raison précise, on nous en veut tant, au point de vouloir éteindre complément notre site.
Mediaguinee: Une plainte a été portée contre X par l’Aguipel concernant la restriction de votre site. Où en est-on ?
Nouhou Baldé: Comme je vous l’ai dit précédemment, c’est le 15 août qu’on m’a informé. Du 15 au 21 août, précisément pendant six (6) jours, je n’ai fait que des démarches à mon niveau. C’est-à-dire le Webmaster, les hébergeurs, les fournisseurs d’accès à l’internet puis des contacts que j’ai au niveau de l’ARPT pour m’expliquer concrètement ce qui a été fait. Et, ça m’a permis de vraiment comprendre, ce qu’ils ont fait. Convaincu que le site a des restrictions de la part des autorités, j’ai contacté l’Aguipel à travers son président Amadou Tham Camara. Donc, le 21 août dernier quand j’ai informé Tham, il a partagé l’information avec le bureau de l’Aguipel, avec beaucoup d’autres journalistes. Et, chacun a eu le temps de vérifier et de comprendre ce qui nous est arrivé. Et, le 28 août dernier, il a écrit à la Haute Autorité de la Communication(HAC). Et, la Haute autorité de la communication a dès le lendemain écrit à l’ARPT pour expliquer et pour demander des explications. Et, partager donc, la plainte déposée par l’Aguipel. Jusqu’à présent, aucune explication. Je précise que c’est le 29 août dernier que la HAC a écrit à l’ARPT, la HAC, elle-même a été saisie le 28 août dernier, et l’ARPT a répondu à la HAC le 04 septembre dernier. Depuis absolument rien, il n’y a aucune explication, aucune communication.
Mediaguinee: Votre mot de la fin ?
Nouhou Baldé: Ce que je peux dire aux autres confrères journalistes, c’est de savoir que Guineematin n’a rien fait pour mériter cela. Nous n’avons fait que notre travail, il n’y a aucune plainte à notre niveau, ni ailleurs. Puisque vous avez constaté que c’est la HAC, elle-même qui a accompagné notre plainte au niveau de l’ARPT. Ça veut dire qu’il n’y a pas de reproches, il n’y a pas de plainte déposée au niveau de la HAC. Personne ne sait en réalité pourquoi on a verrouillé le site Guineematin en Guinée. Et, comme je vous l’ai dit si ce n’est pas avec VPN ou le lien du site miroir de RSF, il n y a aucune possibilité d’accès au site. Les journalistes doivent savoir qu’on doit s’entraider, on doit se battre pour combattre cette violation de nos droits et de nos libertés. On ne doit pas se taire parce que ça ne concerne pas son media, on devrait plutôt se lever et protester, montrer qu’on ne peut pas accepter cela en république de Guinée. Nous ne devons pas croiser les bras puisqu’on est pas concerné personnellement. Parce qu’après Guineematin, vous avez sans doute constaté ce qui est arrivé à notre confrère Inquisiteur. Je peux dire qu’eux au moins, on a une explication. Ils ont une piste puisqu’il y a quelqu’un qui a assumé d’être derrière leurs ennuis. Malheureusement chez nous, c’est des lâches qui nous combattent, qui refusent de sortir au grand jour pour assumer leur forfaiture. Et, donc les journalistes doivent se donner la main, s’entraider et surtout nous aider en attendant à faire connaitre le lien de ce site miroir pour permettre à vos lecteurs, à vos auditeurs, à vos téléspectateurs de se faire que Guineematin continue à travailler. Puis ce sont nos collègues qui sont employés à Guineematin. Les journalistes, les reporters et même les stagiaires qui sont là risquent tous de perdre leur boulot si le site arrête de fonctionner. Malheureusement, ces lâches qui nous combattent dans le noir semblent être leur volonté. Et, donc, les journalistes ne doivent pas accepter de cautionner ça, de valider ça par leur silence, par leur refus de nous accompagner.
Réalisée par Elisa Camara
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