Drame à Matoto, Coyah : « l’administration qui délivre souvent des permis de construire non authentiques aux non professionnels », accuse Boubacar Bah de l’ONAG (interview)

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Au mois de juillet dernier, un immeuble en construction s’est effondré et tuant cinq (5) personnes au quartier Simbaya 2 dans la  commune de Matoto. Et dans la nuit du samedi 05  au dimanche 06 août 2023, de fortes inondations ont eu lieu dans la préfecture de Coyah, avec à la clé un mort et plusieurs matériels perdus. Interrogé sur ces évènements malheureux, le président de l’Ordre des Architectes de Guinée (ONAG), a non seulement déploré le manque de respect de la règlementation et les lois qui régissent la profession d’architecture en République de Guinée, mais aussi la mauvaise urbanisation des villes à travers le pays. Comment changer la donne ? A qui les autorités doivent délivrer un permis de conduire et qui doit concevoir et élaborer un projet d’architecture tenant compte des normes ? Notre rédaction est allée à la rencontre d’un spécialiste.

Mediaguinee: Vous êtes le président de l’ONAG, l’Ordre National des Architecte de Guinée. Parlez-nous de cette organisation ?
Boubacar Bah : l’ONAG est l’une des plus vieilles entités créées en République de Guinée, en septembre 1985. Cette organisation qui défend des intérêts des architectes, a des statuts et règlements intérieurs que nous respectons. C’est pourquoi tout architecte inscrit sur notre tableau est soumis au respect de toutes les conditionnalités pour exercer légalement cette profession en République de Guinée. En le faisant, normalement tout projet d’architecture réalisable dans notre pays, devrait être signé par un architecte ou un bureau d’architecte agréé.
Mediaguinee: Alors, quel est votre regard aujourd’hui sur l’exercice de ce métier par vos confrères architectes et quelles sont les  sanctions en cas de dérapage ?
Boubacar Bah: Absolument ! Nous nous faisons ce que nous pouvons faire, bien que nous sommes loin d’atteindre les objectifs dans ce sens. Parce le principe voudrait que tout projet d’architecture soit conçu et élaboré par un architecte guinéen ou par un bureau d’architecte guinéen. Et même un bureau d’études extérieur, s’il a un marché à la suite d’un appel d’offres en République de Guinée, pour qu’il puisse élaborer ce projet-là, doit nécessairement s’associer à un bureau d’études guinéen pour pouvoir le réaliser. Deuxièmement, aucun architecte non inscrit à notre tableau, ne devrait faire signer un projet d’architecture. Mais malheureusement aujourd’hui, on peut voir même des gens qui n’ont pas de diplôme d’architecture s’immiscer dans ce métier, et font des projets parce que tout simplement les investisseurs ne sont pas informés. Ce n’est pas pour ne rien qu’on peut assister à des ingénieurs qui ne sont pas habilités à concevoir des projets d’architecture évoluer dans ce domaine, alors que leur métier c’est autre chose. C’est de la pagaille totale. Nous débattons tant bien que mal de ces questions-là pour essayer d’éradiquer le fléau mais…
Mediaguinee: En tant que spécialiste, que-ce que vous proposez aujourd’hui à l’Etat afin d’éviter ces cas d’effondrements et pour qu’il y ait moins d’inondations ?
Boubacar Bah: D’abord il y a une règlementation et la loi qui disent que pour qu’un projet obtienne un permis de construire, il faut qu’il soit signé par un architecte inscrit au tableau des architectes. C’est la première conditionnalité. Cela veut dire que si l’on parvient à respecter cette condition et faire en sorte que tout projet d’architecture fasse l’objet d’un examen auprès du ministère de l’Habitat pour obtenir son permis de conduire, on aurait évité beaucoup de problèmes. Mais malheureusement beaucoup de projets qui sont réalisés sont sans permis ou les intéressés se dirigent vers l’administration pour obtenir ces permis qui ne sont pas authentiques, puisqu’ils ne sont pas signés par un architecte inscrit au tableau ou par un bureau agréé. Cela fait que les conceptions ne respectent pas les normes, ou bien l’intéressé a construit ou il ne fallait pas, parce qu’il n’a pas été conseillé par un professionnel, ce qui ne reste pas sans conséquences.
Mediaguinee: Comment relever ces nombreux défis ?
Boubacar Bah: Il suffit juste que les autorités respectent la règlementation et les lois. En le faisant, ils vont forcément venir vers nous et nous n’aurons pas autre chose à faire, sinon que concevoir les projets tenant compte des normes en vigueur. Pour moi, ce sont des autorités qui doivent veiller à cela, pour que cette règlementation soit respectée. Elles doivent exiger à ce que tout projet dans ce sens soit signé et supervisé par un architecte. Malheureusement, les projets sont conçus ailleurs par des spécialistes qui ne connaissent ni nos normes, ni notre sociologie, ni nos climats encore moins nos réalités socioculturelles. Nous nous pouvons bien aider nos autorités mais c’est quand elles nous font appel. Que l’Etat comprenne qu’aussi longtemps qu’il va essayer de nous laisser passer, aussi longtemps qu’il tombera dans les difficultés et continuera à vivre ces catastrophes.
Mediaguinee: Cet autre drame de Coyah vous dit quoi ?
Boubacar Bah: C’est dommage qu’il y ait des pertes en vies humaines, mais là ce sont des conséquences de l’urbanisation anarchique. Chacun vient, il construit où il veut. On offense les marigots, remblayer les bras de mer. Cela n’est pas possible, parce que tôt ou tard ça va inonder. Il faudrait donc que l’on procède à la planification de toutes les villes de Guinée et que les plans d’urbanisation soient élaborés afin de savoir où on doit construire quoi en fonction de la zone et du type d’habitation. Il faut que l’Etat accepte qu’on organise les villes, en allant vers l’application des textes qui régissent cette profession.
Sâa Robert Koundouno (+224) 620-546-653
Christine Finda Kamano (+224) 622-716-906

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