Au nom des migrants guinéens bloqués au Niger, Ben Aly Badra Camara, dans cette interview accordée à Mediaguinee, dépeint la difficile situation dans laquelle ils vivent au pays de Diori Hamani et lance un appel aux autorités guinéennes afin de les aider à rejoindre le bercail.
Mediaguinee: Dites-nous aujourd’hui quelle est votre situation au Niger ?
Aly Badra Camara: Vraiment, notre situation est pénible ici et nous vivons ici dans des conditions difficiles et surtout avec la tempête et la pluie et le manque de sécurité. Nous sommes exposés à des agressions.
Mediaguinee: Est-ce que vous avez eu le contact d’une autorité guinéenne ?
Aly Badra Camara: Non, jamais, on n’a pas eu l’assistance des autorités guinéennes à date et nous n’avons pas été contactés.
Mediaguinee: Les autorités nigériennes, l’OIM vous ont-elles approchés?
Aly Badra Camara: Nous sommes au camp de l’OIM, nous sommes plus de 1500 Guinéens. J’ai vu certaines publications dans lesquelles on dit que l’OIM a dit que nous sommes au nombre de 1200. Nous dépassons largement ce nombre, nous sommes plus de 1500 Guinéens dans 2 sites de l’OIM sans compter ceux qui sont à la frontière à Assamaka. Donc, nous sommes exposés ici à beaucoup de choses, à beaucoup de difficultés et beaucoup ne sont pas aussi intégrés, certainement l’OIM a pris en compte ceux qui sont intégrés.
Mediaguinee: peut-on connaître alors le nombre de migrants au camp de l’OIM ?
Aly Badra Camara: Voyant le nombre, nous dépassons ça mais non c’est une manière de se sauver la peau.. Il y a des procédures à suivre pour être intégré. Vous pouvez faire 3 à 4 mois sans être intégré.
Mediaguinee: vous avez donc peur que certains de vos amis restent au Niger parce qu’on parle de 1200 au camp ?
Aly Badra Camara: Évidemment, nous avons peur pour ne pas qu’on les abandonne ici, parce que nous savons la situation que nous vivons ici. Donc s’ils disent que c’est 1200, on dément ça, nous dépassons ce nombre.
Mediaguinee: Vous dites que l’OIM n’a pas communiqué le bon chiffre ?
Aly Badra Camara: Ce n’est pas le bon chiffre. Nous, nous demandons au gouvernement guinéen, au lieu de passer par l’OIM, pourquoi ne pas passer par nous directement pour qu’on leur fasse un bon compte-rendu?
Mediaguinee: Dites-nous est-ce qu’à date il y a eu parmi vous des morts ou des malades?
Aly Badra Camara: Évidemment, de la Tunisie, de l’Algérie, de la Libye, jusqu’au Niger et à notre intégration, il y a eu beaucoup de dégâts matériels et humains aussi, il y a eu près d’une cinquantaine de morts. Lorsque nous avons été emprisonnés il y a eu 36 morts parmi nous, nous avons même publié les vidéos-là, certaines vidéos même sont archivées sur certains médias.
Mediaguinee: Parmi ces morts-là, est-ce qu’il y a des femmes et des mineurs ?
Aly Badra Camara: C’était nous les jeunes, parce une fois en prison on mettait les jeunes, adultes à côté, les femmes à côté et les mineurs à côté aussi.
Mediaguinee: Est-ce que c’est de là-bas que vous avez été transférés au camp de l’OIM de Agadez ?
Aly Badra Camara: Oui. Et nous avons commencé l’intégration au niveau de Assamaka, Arlit ensuite à Agadez.
Mediaguinee: Qu’est-ce que vous demandez concrètement aux autorités guinéennes ?
Aly Badra Camara: Nous demandons aux autorités guinéennes, à monsieur le président de la transition colonel Mamadi Doumbouya, à monsieur le Premier Ministre, à monsieur le ministre des Affaires étrangères et aux personnes de bonne volonté de nous aider à ce que nous rentrions chez nous en Guinée, parce que vous n’êtes pas sans savoir que nous tremblons de peur, nous dormons dans la peur. Il y a parmi nous beaucoup de personnes qui sont malades et les moyens ne sont pas mis à notre disposition pour que nos malades soient soignés. Et chaque fois, il y a des morts parmi nous. Il n’y a pas que des Guinéens parmi nous, il y a beaucoup d’autres nationalités. Nous demandons à la CEDEAO d’alléger les sanctions parce que ce n’est pas seulement le Niger qui est condamné mais plutôt les migrants.
Mediaguinee: Est-ce que vous pouvez confirmer ici que les migrants sont disposés tous à rentrer en Guinée?
Aly Badra Camara: Évidemment, nous sommes prêts à rentrer en Guinée, parce que depuis 9 à 10 mois, nous cherchons l’occasion pour rentrer en Guinée mais en vain. Parce qu’on a marre de la souffrance.
Yaya Barry
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