Trophée en bois d’ébène de la coupe de la LGFP : « nous avons pris une décision et nous l’assumons » (Lucien Guilao)
La finale de la première édition de la Coupe de ligue dénommée ‘’Coupe de la ligue LONAGUI’’ s’est jouée dimanche dernier à Conakry. Dans cet entretien qu’il a bien voulu nous accorder, le président du comité provisoire de gestion de la Ligue Guinéenne de Football Professionnel (LGFP), Lucien Beindou Guilao, est revenu sur la polémique liée au trophée fait à base de bois d’ébène et d’autres y compris les perspectives. Lisez !
Mediaguinee : Nous venons d’assister à la finale de la première édition de la Coupe de ligue dénommée Coupe de la ligue LONAGUI, quel bilan faites-vous de cette compétition, première du genre en Guinée ?
Lucien Guilao : Pour une première, disons que le bilan est globalement positif. Les objectifs que nous nous sommes fixés dès le départ étaient d’ordre technique et financier. Sur le plan technique, les staffs techniques des clubs ayant pris part à la compétition ont pu engranger le maximum d’informations sur le comportement de leurs footballeurs par ce qu’ils leur ont donné beaucoup de temps de jeu. Ils ont pu peaufiner leur tactique ou expérimenter d’autres. Sur le plan financier, tous les clubs ont eu un peu plus d’argent. Si l’on prend l’exemple du club vainqueur il a encaissé environ 145 millions en 5 matches, y compris la finale. Nous sommes entièrement satisfaits et nous avons assisté à une belle finale et une belle cérémonie de remise des médailles et trophée. Notre sponsor est amplement satisfait, les clubs sont satisfaits. Cela suffit à notre bonheur.
Justement la question du trophée en bois d’ébène fait localement a créé la polémique, quelle appréciations faites-vous de ces polémiques ?
Lucien Guilao : Sincèrement je pense que cette polémique est inutile. Vouloir du beurre, de l’argent du beurre, de la fermière et brûler la ferme est une de nos spécialités en Guinée. Nous avions deux options pour une compétition qui nous appartient et nous avons fait le choix du local, plutôt que d’offrir une coupe en cristal ou inox importé. De notre point de vue, l’essentiel devrait être ailleurs. De mémoire, je ne me souviens pas qu’il y ait eu un trophée aussi valeureux que ce trophée en bois d’ébène. On aurait pu faire comme avant, c’est-à-dire offrir un trophée en cristal qui rapporte zéro franc au vainqueur, mais on a privilégié les clubs. En faisant ce choix, nous savions très bien que l’humain était très résistant au changement. Il est très facile d’accuser ou de critiquer, nous avons pris nos responsabilités, nous avons pris une décision et nous l’assumons. Assumer ses responsabilités est le premier pas vers un changement constructif c’est tout. De toutes les façons, nous, comité d’organisation, sommes tranquilles face à cette polémique. Elle est humaine et nous la comprenons. Nous savons aussi qu’il est de la nature de l’homme de résister ou d’être réfractaire au changement. Ceci n’est donc pas propre à la Guinée, surtout que l’on sait que les hommes ont de tout temps critiqué les innovations telles que la locomotive en traitant son inventeur de criminel fou en 1829. L’homme a critiqué l’inventeur de l’avion en prétendant que l’avion ne ferait que quelques mètres en l’air avant de tomber, en 1890, L’homme a critiqué la télévision en prétendant que seuls les fous croiront en elle et que la télévision était irréalisable et inutilisable, c’était en 1925. Aujourd’hui, le même homme, n’imagine pas sa vie sans le train, l’avion et la télévision. Nous sommes donc sereins face à ces critiques parce que pour nous l’essentiel est ailleurs. Nos objectifs sont atteints, les clubs sont satisfaits, le sponsor, la Lonagui est satisfait. L’année prochaine nous nous servirons de ces critiques pour améliorer l’organisation ainsi que le trophée.
Ça voudrait dire que l’on repartira avec le même trophée pour la seconde édition de la Coupe de la ligue LONAGUI ?
Absolument, nous garderons le même trophée en bois d’ébène. Nous soumettrons son amélioration aux artisans Guinéens par le biais d’un concours. Notre vision est qu’il y ait le maximum de chaînes de valeurs dans cette compétition. Aujourd’hui ce sont les artisans, demain ça sera d’autres secteurs. L’essentiel c’est aussi ça, plutôt qu’une coupe en inox ou cristal. Notre vision est de donner de la valeur à ce trophée en bois d’ébène au fil des années. L’année prochaine nous ferons en sorte qu’elle rapporte 150 millions au vainqueur, peut-être même un peu plus. Je parie que lorsque dans 2 ou 3 ans ce trophée rapporterait 500 millions de francs au vainqueur, il deviendrait subitement, aux yeux des puristes détracteurs, le plus beau et le plus convoité des trophées, bien qu’il soit toujours fait de bois.
Quelles sont les perspectives pour la seconde édition de la Coupe de la ligue Lonagui ?
Pour l’année prochaine nous garderons les mêmes objectifs tout en faisant en sorte que les clubs gagnent plus d’argent. Nous essaierons de démarrer un peu plus tôt pour ne pas trop embouteiller le calendrier sachant que l’on a très peu de stades. Nous allons nous servir de nos erreurs pour nous améliorer. Nous demandons au public sportif ainsi qu’à la presse sportive un peu plus d’indulgence parce que nous ne sommes qu’au début du début. Nous allons aussi améliorer nos relations avec la presse sportive sans les exposer à toutes formes de corruption et/ou nous exposer à toute forme de chantage. L’idée est que nous ayons conscience que nous sommes tous dans le même camp, celui du football Guinéen.
Propos recueillis par Youssouf Keita