Recrutement/105 jeunes écartés du groupe au camp militaire de Kindia : « on connaît maintenant beaucoup de secrets de l’armée »
Ils sont au total 105 jeunes dont trois absents qui ont été remerciés ce lundi 5 juin 2023 en pleine formation, au camp Kémé Bouréma, dans la commune urbaine de Kindia.
Ces jeunes écartés pour des raisons de santé, évoquent de corruption et accusent les responsables d’inventer des maladies pour les remplacer par d’autres jeunes.
Il a fallu un mois de formation pour ces jeunes avant d’être obligés de libérer l’enceinte du camp de la première région militaire de Kindia. Ces jeunes venus de plusieurs horizons du pays et qui ont préféré garder l’anonymat accusent les responsables du camp Kémé Bouréma de corruption.
L’un des indésirables revient sur la nouvelle de leur expulsion en ces termes : « là où nous sommes, nous sommes déçus, depuis qu’on est rentrés ici, un mois s’est déjà écoulé, on était arrêtés en train de faire la manif, on a entendu dire : tout le monde dehors, prends ton seau et bidon, tout ce qui tu as envoyé. On a cru qu’ils ont envoyé nos matricules, ils ont fait appel jusqu’à 102. Ils ont dit les 102-là partez au dehors, on est parti nous regrouper au bataillon et après ils nous ont dit bonne chance. Quand on demande à un sergent ou un caporal, ils nous disent nous aussi, on ne sait rien. Au moment où nous sortions certains nous disent du courage. Nous aussi on est restés assis là-bas au moins une heure. Après ils sont venus, le directeur n’a même pas pris la parole, c’est le médecin qui a fait contre-visite, qui a parlé et que la liste est sortie, ceux qui sont positifs, des maladies comme la hernie et hépatite, que c’est nous. Ils nous ont remis notre téléphone en nous disant excusez nous et libérez notre camp ».
Ces jeunes expulsés disent avoir franchi plusieurs étapes de la formation notamment la quarantaine et détiennent de nos jours plusieurs secrets de l’armée.
Sous anonymat, cet autre jeune déplore la stratégie de leurs encadreurs : « on ne comprend rien de ce qu’ils ont fait, là où nous nous avons fait le dépôt, tu as tes dossiers en main, la visite, contre-visite cachetée, ils regardent si ce n’est pas normal, on ne prend. Tout le monde a ça, ici on est venus pour faire la formation. S’ils n’étaient pas d’accord, ils allaient nous recaler depuis le depuis. Et, quand ils ont voulu nous écarter, ils allaient dire toi tel par exemple on a fait la visite, tu as cette maladie, ils devaient envoyer des papiers qui prouvent cela mais cela n’a pas été fait. Je pense, ils ont fait ça pour nous remplacer, eux-mêmes ils nous avaient dit que il y a des gens qui sont à 36 qui doivent venir et même nous on était assis on achetait du pain, il y a une personne qui est entrée, un béret rouge est venu lui dire de rentrer hors les 3 absents, nous sommes maintenant au nombre de 101 et non 102 car lui il est rentré, c’est nous les pauvres qui vont souffrir. C’est la corruption et en plus nous maintenant, là où nous sommes on connaît beaucoup de secrets. Moi qui est là, je peux monter et démonter une arme, on a tout fait », ajoute-t-il
Après plusieurs semaines passées au Centre d’Infanterie de Kindia dans la souffrance, ces jeunes vont rentrer au bercail sans une issue favorable. Certains d’entre-eux ne savent plus quoi faire.
« Là où on est comme ça, on ne peut pas dire que Dieu a mal fait. On n’est homme et on ne sait pas ce qui arrive demain. Moi heureusement je viens de Faranah, j’ai souhaité cette année, si je porte la tenue d’aller là-bas heureux mais là où je suis comme ça, je ne sais pas comment je peux rentrer maintenant. Au président colonel Doumbouya, on est là nous les fils de pauvres et les fils de riches sont là-bas pourquoi?, s’interroge un autre.
Nos tentatives pour avoir la réaction des responsables du camp de la première région militaire de Kindia sont restées vaines.
Aboubacar Dramé, correspondant régional à Kindia
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